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Il faut d'abord diftinguer l'érudition d'avec la fcience; il en eft de la lecture de l'érudit comme de la richeffe de l'avare; c'eft un tréfor enfoui, inutile; elle ne lui fert tout au plus qu'à couvrir une véritable indigence, le défaut d'idées folides & lumineufes. Mais les connoiffances de l'homme vraiment fçavant font choifies & mifes en oeuvre par un efprit éclairé, qu'à leur tour elles perfectionnent. Ces études développent dans fa tête des idées qui paroiffent y être nées. Une vafte lecture n'étouffe point en lui le fçavoir;il connoît dans chaque fcience, & les progrès qu'elle a faits, & ceux qui lui reftent encore à faire,

Le fçavoir éclaire le génie, il l'empêche de s'égarer dans l'immenfité des objets qu'il peut embraffer. Rarement on trouve un efprit qui, du feul choc de fes propres idées, tire une fcience entiere; il faudroit non- feulement avoir reçu de la nature un génie extraordinaire, mais encore vivre pendant une longue fuite de fiecles, pour parvenir, par fa feule expérience, à l'état actuel où tant d'inventeurs ont porté fucceffivement l'art de guérir,

La fcience peut fuppléer à la prati que; mais la pratique feule ne remplit jamais la fcience. Je préférerois, difoit Rhazès, un médecin fçavant qui n'au roit jamais vu de malades, à un praticien qui ignoreroit ce qu'ont enfeigné les anciens.

Une lecture vafte & qui embraffe toute l'étendue de l'art, eft néceffaire pour en appercevoir tous les détails, pour juger des fautes & des fuccès des artistes, pour envisager un nombre infini de cas poffibles, reconnoître ceux qui fe préfentent, & n'en être point étonné.

Les praticiens décrient de toutes leurs forces le fçavoir qui s'acquiert par la lecture; & pour en faire fentir P'inutilité, ils prennent foin de répandre que la médecine doit être différente dans les divers climats. On convient qu'il y a des maladies qui, fuivant la différence des fiecles, des climats & de la maniere de vivre de chaque peuple, prennent différentes nuances, & qu'en conféquence on peut changer la dofe, le tems de l'applica tion, & quelquefois même le choix des médicamens qui leur font pro

pres: mais il ne doit point y avoir d'altération dans la méthode ni dans les remedes qu'on lui oppose. Ainfi la dyffenterie fe traite en Europe comme dans l'Inde, & le quinquina guérit les fievres d'accès dans tous les pays de la terre. On reconnoît encore la plûpart des maladies aux fignes d'après lefquels Hippocrate les a décrites, & les plus habiles médecins fuivent avec fuccès les principes de ce grand homme pour la cure des plus impor

tantes.

Les praticiens autorisent le mépris qu'ils font de la lecture, par l'exemple de Sydenham qui mit, à obferver, le tems que les autres emploient à lire. Mais on ne veut pas faire attention que Sydenham fe trouva dans une pofition pareille à celle où fe vit autrefois la fecte des empiriques, à cela près qu'il fut inexcufable d'avoir fait peu de cas de l'anatomie; d'ailleurs ce médecin ne doit point être regardé comme un homme de génie, mais comme un obfervateur excellent,dont le principal mérite eft d'avoir bien vu & bien décrit un petit nombre de maladies connues imparfaitement de ceux qui l'avoient précédé.

M. Zimmerman prétend que les écrits des meilleurs auteurs de médecine font plus propres à égarer qu'à inftruire, fi l'on n'en fait faire ufage; qu'il ne faut point fe borner à deux ou trois d'entre eux; qu'il faut lire, extraire ou comparer tout ce qu'il y a de bon dans les principaux; ne perdre aucune occafion de s'approprierpar fes effais les méthodes des médecins de tous les tems; & tirer, à l'aide de fon génie, les regles de fa pratique de l'ensemble de toutes les connoiffances qu'on a acquifes. Pour étendre, affermir & lier ces connoiffances, il eft indifpenfable de rechercher toutes les idées neuves & toutes. les obfervations utiles. que renferment fouvent les ouvrages les plus médiocres; on doit reconnoître avec respect la voix de la nature dans le bégayement des enfans comme dans les oracles de fes prêtres.

'HYMNE au Soleil, traduite de l'Allemand.

Je te falue, pere de la lumiere ! &

Soleil! viens apporter le rajeuniffement & la joie dans nos vallons for funés; à ta préfence la nature endormie fe réveille; les oifeaux ranimés par tes feux célebrent ta gloire, & fe rempliffent d'allégreffe. Les arides rochers, échauffés par tes regards, prennent une couleur éclatante & vive, & femblent s'animer; les ondes frémiffantes fe plaifent à multiplier ton image; les côteaux féconds te montrent l'or & la pourpre dont tu les a parés; les forêts, dont le feuillage étoit obfcurci par les ténebres, reprennent une verdure aimable ; l'univers entier s'embellit de ton retour.

Le cœur infenfible de l'homme réfiftera-t-il feul à tes charmes ? Ne fentira-t-il point ton pouvoir ? N'éprouvera-t-il point une douce ivreffe, à la vue des ornemens dont tu pares fa

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