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te de diftributions, pourveu que le Citoyen qui les recevra, fe range à fon tour fous le Drapeau, & qu'elles fervent à foulager l'indigence, au lieu d'entretenir l'oifiveté. La Republique par ce moyen, reprend beaucoup plus qu'elle ne donne. Elle forme des Armées de veritables Atheniens, & congedie les Etrangers: efpece de Soldats qui font focrate les appelle de la gloire un métier fordide, & mettent comme à l'enchere leur haine & leur ami tié.

les amis communs,

& les communs ennemis du genre

humain.

Le jufte milieu, qu'il fceut trouver entre la rigueur & la complaifance, lui valut auprés de fes Citoyens la preference fur tous fes Collegues, & une veneration à l'épreuve des plus funeftes revers. Ce Peuple leger, inégal, & fujet à punir fes fautes & fes négligences,, en la perfonne de ceux, dont les projets ne manquoient de profperer, que par fes lenteurs continuelles dans l'execution, abfout Demofthene & le couronne au milieu d'une calamité publiques en un temps où l'évenement, fur quoi d'ordinaire l'on juge l'auteur accufation contre des confeils malheureux, l'accufe & le condamne. Aprés la perte d'une bataille hazardée ronée la troifiéme furfa parole, au moment que toute la Ville en deuil & dans la confternation, croit déja voir

Demade dans AriftoteRhet. 1.2.C, 24.

fonde fur cela fon

Demofthene.

La bataille de Che

année de la cx. Olymp:

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à fes portes fon vainqueur, & que les envieux de ce grand homme s'attendent,que la populace en furie,fe jettera fur lui pour le mettre en pieces; Demofthene fe voit comblé d'honneurs & proclamé pere de la Patrie. Tant les Atheniens perfuadez de fa capacité, de fa droiture, & de fon zele, s'avouent à euxmêmes leur tort, de n'avoir ni entierement ni affez toft déferé à fes avis, & fe reconnoiffent feuls coupables de leurs difgraces. En effet il ne manquoit, d'aucun des talens propres pour le Gouvernement. Ses Harangues &l'Hiftoire de fon temps nous apprennent, à quel point alloient fa vigilance & fa penetration ; fa justesse à mesurer, foit les forces qu'il avoit en main, foit celles de l'ennemis fon attention à obferver les conjonctures; fa promptitude à imaginer les précautions, fa facilité à fournir les reffources; en un mot tout ce qui compofe le parfait politique. Sa derniere tentative, pour affranchir les Grecs affujettis, lui fait encore plus d'honneur que le refte. Ce n'est plus Philippe victorieux à Cheronée, devant qui tout plie dans Athênes, tout flechit dans la Grece, hors l'ame indomptable de Demofthene.C'est Alexandre, & Alexandre déja triomphant en Afie, que

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Diod. Plut. Suid.

P

Plutar. Phot

cet infigne Republiquain veut chaffer de l'Europe. Celui, devant qui la terre fe taist,ne peut imposer filence à un Orateur. Le nôtre alors en exil, & hors détat d'agir par lui-même, suscite Leofthene fon difciple. Ce dernier plein des leçons & des fentimens de fon Maître, ramaffe les foldats qu'Alexandre avoit licentiez, & fe met à leur tefte. Les principales Villes de laGrece indignées de voir,qu'au mépris de leurs Loix, ce Monarque vouluft rétablir leurs bannis, favoriferent la revolte. Les Atheniens, qui pendant qu'il vêcut, ne la fomentoient que fous main, fe déclarerent ouvertement aprés fa mort. Ils envoyent par tout des Ambaffades. Demofthene, quoi qu'exilé, femet de la partie,& va de Ville en Ville exhorter les Peuples à fecouer le joug. L'éloquence d'un tel Ambaffadeur eut fon effet. Les Etoliens, les Theffaliens, les Phocéens, les Thraces, les Illyriens, ceux d'Argos, de Meffene, de Sicyone, & beaucoup d'autres embraffent le bon parti, & choififfent Leofthene pour le Chef des Troupes confederées. † Alexandre l'a- Ce General, homme de tefte & de courage, cedoine avec douze bat les ennemis, & fe faifit des Thermopyles; pied & deux mille d'où il s'avance dans la Theffalie, défait Antipater Viceroi de Macedoine †, & l'af

voit laiffé en Ma

mille hommes de

cinq cens chevaux.

Plut.in Alex. Strab. 1. sz. Zonar. tom. I.

Diod. Plus. Suid. tiphilus grand Capitaine.

On mit à la place de Leofthene An

Homme, & grand

Diod. Suid.

dre declara, qu'il

* Quand Alexati

ne pardonneroit > aux Atheniens,

livrâtDemofthene,

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leursCitoyens. Demofthene de fang

un

voulurent faire la

bis, pourveu qu'

fiege dans Lamia, qu'il auroit prife; fi malheu reusement un coup de pierre ne l'avoit tué, comme il vifitoit les travaux, & n'euft renverfé avec lui les efperances des Alliez. Aprés quoy Antipater eut bon marché des Grecs. Tous à l'envi le defarmerent par une prompte foumiffion, & il n'accorda la paix aux Atheniens, qu'à condition entr'autres qu'on lui livreroit à fon choix dix Orateurs, entre lefquels il n'oublia pas Demofthene. Celui-ci, que fes Citoyens en pareil cas, avoient courageufement refufé aux plus vives & menaçantes inftances d'Alexan dre, ne remarqua pas en eux la même difpofition, & refolut de leur épargner la honte d'une lâcheté. Il gagne Calaurie Ifle fort obfcure',avant qu'elle lui euft fervi de tombeau, & s'y refugie dans un Temple de Neptune. Là invefti par les Gardes d'Antipater, qui fe preffent de fe fier à la clemence de leur Maiftre, il ne fera jamais dit, répondit-il, que je doive rien au Tyran de ma Patrie; biles infulas letho De& fur l'heure il avala du poifon, † plus doux Pomp. Mela 1. 2. 6. à fon gré que la fervitude. a Ainfi mou- fan. in Art. & Co rut à l'âge de foixante ans Demofthene, a Lucien ( in endont les Atheniens confacrerent la memoire porte, qu'auffi-tost par une Statue, par des infcriptions, par le fentit feur de l'effet

qu'en cas qu'on lui neuf autres de froid leur dit : qu jour les Loups, paix avec les Breelles feur livraffent Il tenoit fa pluvée de poifon, pour befoin à l'usage 4.xxx. c. qu'Ariftote fon aî troifiéme année

le chien du Berger.

me toûjours abreu

l'employer dans le où il la mit. Plin,

1.

*La mefme année

né de trois ans, ou

la

de la cxiv.Olymp. 1 In Trazenio firu eft infula inter igno

mofthenis nobilis.

7. Strab. 1. 8. Pau

rin.

que Demofthene fe

Archias Capitaine

pater, Emmeine ce

car pour Demofthe

du poifon, il dit à don de divers privilegest,qu'ils accorderentà des Gardes d'Anti- fes defcendans, & par mille autres marques Corps à ton Maistre, d'une reconnoiffance paresseuse, qui ne vane tu l'emmeneras loit guere mieux que l'ingratitude. Plus ils té† Plut. Suid.moignoient leur regret de l'avoir perdu, plus ils déclaroient leur tort de l'avoir laiffé perir.

paint.

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Nous avons affez confideré le politique & le Citoyen; examinons prefentement l'Oateur. Peu de gens ignorent, jufqu'où il porta l'autorité de la parole. Son éloquence lui éleva une espece de Thrône, & fixa pour lui les coeurs dans une Republique, que fon inconf tance fit appeller une courtifane, & ou la vertu diftinguée, quoique modefte, le merite éclatant, quoi qu'utile,fe comptoient entre les crimes d'Etat. Lefurnom de jufte, d'heureux, d'invincible dans un particulier, offenfoit ces esprits jaloux & ombrageux. Ils ne pardonnoient pas, qu'on les fervift avec des qualitez dignes de leur commander, & ils fe privoient fouvent des avantages les plus réels, afin d'éviter un mal imaginaire. Miltiade & fon fils Cimon, effuyerent des jugemens inquel le Peuple d'A- fames pour les Juges. La rigueur de l'Oftrathenes, releguoit, cifme *ne s'exerçoit ordinairement, que par Ini devenoit fuf- pur caprice. Cette forte d'exil arbitraire sembloit plûtoft faite, pour calmer des dé

Corn. Nep. in Ariftid.

*Jugement, par le

pout dix ans, ceux

dont la grandeur

pecte.

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