Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Gravem illum & les vents. On voit trois cens Lacedemoniens,

mari terra Xer

tantum terribilem,

Jed Neptune quoque

compedes, & cælo tenebras imitantem. Val. Max. 1.

Plat. de Leg. 3.

3.C. 2.

xem, nec hominibus à l'exemple de leur Roi attendre au pas des Thermopyles une mort certaine, vendre leur vie bien cher,& mourir contents de laiffer l'exemple d'une intrepidité qui n'en avoit point. Quand la Perfe tant de fois vaincuë desespera de fubjuguer les Grecs, elle n'eut d'autre reffource que de les divifer. Leur profperité en facilita le moyen. La fecurité rompit l'union, que la crainte avoit formée. Des efprits naturellement trop vifs & trop libres, & de plus enflez de leurs victoires,ne purent fe contenir, ni refifter à leur bonne fortune. Ils fe livrerent à la jalousie & à l'ambition. Les plus puissans vouloient tous commander, les foibles penfoient tous à defobeïr ; fi bien que pour éviter le malheur de la fujetion, ils tomberent dans celui d'une liberté ou d'une licence effrenée. Ces divifions, qui fe terminerent enfin à la servitude generale, regnoient encore du temps de Demofthene. Il faut en fçavoir le détail, fi l'on veut entendre fes Harangues, fur tout les Philippiques ; & ce détail mesme veut qu'on fçache les mœurs, les forces,& les interefts des trois principales Republiques Grecques : Athênes, Sparte, & Thebes. Car pour Corinthe, quoique re

commandable par le nombre de fes Habitans, par fon commerce, par fes richeffes, & principalement par fon heureufe fituation, qui la faifoit dominer fur les mers Egée & Ionicne, elle ne prima jamais qu'entre les Republiques du fecond rang. Non qu'elle n'cust pû monter plus haut, fi fes Colonies l'avoient fecondée. Mais les Corcyréens qui tenoient d'elle leur origine, & dont la Flotte jointe à la fienne lui euft donné l'empire de la mer, l'exclusion mefme d'Athênes, fe fouleverent contre leur Metropole; ce qui caufa la guerre du Peloponnefe. Syracufe encore une autre de fes Colonies, & affez puiffante par terre & par mer, pour balancer toutes les forces de Carthage, fe trouva toûjours hors d'état de concourir à la gloire & à l'êlevation de fes Fondateurs. Tantoft attaquée par des Puiffances étrangeres, tantoft opprimée par des Tyrans loin de prefter du fecours aux Corinthiens, elle eut plus d'une fois occafion de leur en demander. Ils l'empefcherent de tomber fous la domination d'Athênes, & enfuite lui envoyerent le fameux Timoleon,qui les déli vra de la tyrannic du jeune Denis.Je commendonc par Lacedemone.

ce

Lacedemonet,illuftre par fes anciens Rois

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]
[blocks in formation]

du monde avint I. C.

[blocks in formation]

*

avoit acquis un nouvel éclat fous Lycur gue, un de ces hommes nez pour gouverner les autres,& pour les morigener. Bon Roy,& ⚫ du moins auffi bon Legislateur, il entreprit la reforme de fon Etat, & commença par celle des mœurs, qui feule peut maintenir l'ordre qu'elle établit. Il executa fon plan, & aprés avoir fait jurer à fes Sujets,qu'ils obferveroient fes Loix jufqu'à fon retour, il fe bannit à perpetuité. Déja pour les autoriser davantage, il avoit employé un autre artifice, & fait accroire au peuple qu'Apollon les lui avoit dictées. On ne conçoit pas qu'un Payen, à la verité trop indulgent fur l'adultere & fur le larcin, qu'il pardonne en certains cas, ait pû dans tout le refte fi fort approcher de la morale chrétienne, & quelquefois y atteindre. Point de fumptuofité, point de magnificence dans Sparte. On eût regardé comme une molleffe puniffable, de s'habiller differemment felon les differentes faifons. Le fexe leplus curieux de la parure ne connoiffoit que celle de l'ame. Ils avoient deux Threfors inépuisables: la modeftie & la frugalité. Auffi Sparte feule abondoit-elle en richesses, autant ou plus que tout le reste de la Grece ensemble. Avant Lyfander non-seulement:

fement le particulier, mais l'Etat fe paffa d'ar-
gent. Depuis Lyfander qui en avoit intro-
duit l'usage, la bonne conftitution du gou-
vernement fit, que les particuliers fe préser-
verent encore long-temps de l'avarice, &
qu'il n'y eut que l'Etat de riche. L'argent y
venoit de toutes parts, & y demeuroit. Le
luxe & l'intemperance n'en tranfportoient
rien ailleurs. C'est à ce propos, que Platon, *1. Alcibe
par
✦allusion à la Fable du Lyon malade, dit:
On voit à Sparte beaucoup de vestiges d'ar-
gent qui entre, mais on ne voit point de vef
tige d'argent qui forte.Entre les biens,il n'y en
avoit pas de plus pretieux que le temps. On
le revéroit comme une chofe facrée. C'eftoit
commettre une espece de facrilege,que d'en
donner la moindre partie à l'inaction:&qui ne
faifoit point fcrupule de le prodiguer, paffoit
pour le plus grand diffipateur. Les Citoyens
avoient chacun leur emploi, qui rempliffoit
la journée, & qui répondoit à leur âge &
à leurs forces. Loin de fuir le travail com-
me une œuvre baffe & fervile, ils l'embraf-
foient comme l'occupation de l'hommeve-
ritablement libre. Cet amour du travail avoit
aboli jusques aux jeux des enfans. On ne per-
mettoit pas même la promenade aux foldats,
C

i

[ocr errors]

C. 5. rapporte, que

te en garnifon dans

receurent ordre, de

telle licence, indi

niens, qui devoient

tous leurs momens

à la vertu.

Leur ayant mandé :

voftre païs, nous

[ocr errors]

a fang, ils repar

en:édre, qu'ils met

que le cas n'arrivát

* Æl. Var. Hift.l.2. dans leurs heures de loifir. On ménageoit des foldats de Spar- jufqu'aux paroles. Souvent pour toute répon une Place conquife fe aux plus importantes depêches, ils n'emfe corriger d'une ployoient qu'un monofyllabe; † parce que gne des Lacedemo- rien n'approche plus du filence, que Lycurgue leur avoit fouverainement recomman+ Un peuple voifin dé fur ce principe qu'il faut peu de Loix fi nous entrons dans à des hommes qui parlent peu. Cette mamettrons tout à feu niere concife de s'exprimer, n'ôtoit rien à tirent pour faire leurs penfées; elles n'en avoient que plus tro ent bon ordre, d'energie. C'étoit une brieveté toute lumi, point. A plufieurs neuse, & plus ils laiffoient sousentendre Tippe its répondiret plus on les entendoit. D'autre côté la tempeque ce Prince leur fance interdifoit les delices de la table. On fort haute & fort beuvoit rarement du vin; on ne mangeoit menaçante; ils lui d'ordinaire que du pain d'orge, & le pain toute réponte, De- de a froment fe comptoit entre les mets dire, Souviens-roy frians. Les plaifirs du Theatre n'avoient point un grand Tyran com de privilege. Au contraire une raifon capid'hui une vie privée tale, les avoit encore plus rigoureusement école. Demet. Pha- profcrits. On ne reprefentoit ni Tragedie ni ler. de Eloc. 1. 8. Comedie; afin de n'accoutumer jamais, ni les a Heraclides de polit. yeux à voir l'image de ce que la Loi condam

propofitions dePhi

non. Une autre fois,

manderent pour

nys à Corinthe, pour

que Denys, autrefois

me toy, mene aujour

à Corinthe, y tient

ne, ni les oreilles à entendre l'apologie des paffions & des crimes. Cette aufterité fi ennemie de la nature tourna pourtant en habitude. Ce Peuple, par la force de l'éducation &

« AnteriorContinuar »