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nous,qui entre tant de qualitez heroiques avons l'avantage de diftinguer Ïexcellence des vertus chrétiennes,c'eft à dire de celles dont la folidité rehauf Se le prix de toutes les autres,ou plûtoft qui feules méritent le nom de vertus.

Un maistre & un bienfaicteur de ce caractere attire fi imperceptiblement les louanges,qu'on fe fouvient toûjours trop tard qu'elles lui déplaifent. Outre que les plus juftes,ne le representent pas à beaucoup prés tel qu'on le void, & que fa gloire y perd prefque autant que fa modeftie en fouffre. Ceft donc une espece d'ingratitude, que de s'abandonner au penchant de le louer; & l'on ne peut mieux faire, que de fe renfermer dans les hommages affeEtüeux & muets. Cette derniere ref Source me confole, SIRE. Car pour les fentimens qui font dûs à VOTRE

:

MAJESTE admiration, respect, dévouement, foumission, j'avouë qu'à force deftre naturels, ils paroiffent égaux dans tous les hommes. Cependant fi quelqu'un les porte plus loin qu'un autre, c'eft affurement,

STRE

DE VOTRE MAJESTE',

Le tres-humble & tres-obeiffant
Serviteur & Sujet

TOURREIL.

PREFACE

HISTORIQUE.

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L

E premier devoir d'un Interprete confifte à faire entendre fon Auteur. Rien, à mon avis,ne peut mieux m'acquiter de ce devoir, qu'un plan de l'ancienne Grece, & un abregé de fon Hiftoire. Sans quoy Demofthene, bien que traduit, parlera toûjours Grec pour ceux qui ne fçavent pas la carte du païs, ou qui n'en ont qu'une notion legere & confufe.Ils s'arréteront à chaque pas, comme les gens qui voyagent la nuit dans un païs qu'ils ne connoiffent point ; & fi quelque rayon d'eloquence les frappe par intervalles, ce font pour eux de ces éclairs, qui dans l'obfcurité femblent ne faire entrevoir la lumiere, que pour augmenter l'horreur des ténébres où ils laiffent. Il faut donc, qu'autant qu'il me fera poffible je débrouille les interests,

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& dévelope les évenemens, qui ont du rapport à mon texte. C'eft à quoy peut-eftreje devrois me borner, & entrer d'abord en matiere. Mais ceux qui aiment qu'on aille au principe, & qui ne peuvent manquer d'eftre curieux de l'origine d'une nation auffi celebre que la Grecque, me pardonneront fans doute de remonter jufques-là, & de ramaffer ce qu'on en fçait ou ce qu'on en dit. La digreffion ne m'emportera pas trop loin. J'appuierai fur ce qui peut éclaircir le fujet principal, & je pafferai légérement fur le reste. Les Grecs s'appellerent ainfi du nom ou 1 Plin. Hift. Nat. d'un petit Bourg, ou d'un Roy fort obscur;' mais ils quitterent bien-toft ce nom pour 2 Ariftot. fur la fin prendre celui d'Hellenes ou d'Achéens. *Cęs du 1. Livre des Me- deux derniers font les feuls, qu'ils fe donnent eux-mêmes dans leurs ouvrages. L'extrême rufticité des premiers Grecs ne paroîtroit pas croyable, fi l'on pouvoit fur ce point recufer leurs propres Hiftoriens. Un Peuple affez entêté de fon origine, pour l'illuftrer par des fables, n'en auroit pas inventé pour l'avilir. Qui croiroit que ce Peuple, auquel on doit tout ce qu'on a de litterature, & de belles connoiffances, defcendift de Sauvages, qui n'avoient point d'autre Loi que la force; qui

1. 4. c. 7.

Ifidor. l. 14. c. 4.
Thucyd. l. 1.

teores.

Plin. ibid.

2

1. 2. c. I.

Paufan

1.8.

ignoroient l'agriculture, & broutoient à la maniere des beftes. Témoin les honneurs divins qu'ils decernerent,à celui qui leur apprit *Pelafgus. Apollod à fe nourrir de gland, comme d'un aliment plus fain & plus delicat que les herbes. Il y avoit de là encore bien loin jufqu'à la politeffe & à l'urbanité. Aussi n'y arriverent-ils,que par une longue fucceffion de temps. Les plus foibles ne furent pas les derniers, à comprendre la neceffité de vivre ensemble, pour fe garentir de la violence & de l'oppreffion. Ils bâtirent des maifons, dont le nombre accru insensiblement forma des Bourgs & des Villes. Mais la focieté d'habitation ne vint pas à bout d'humaniser de telles gens. L'Egypte & la Phenicie en eurent l'honneur. L'une & l'autre par leurs Colonies inftruifirent & civiliferent les Grecs. Celle-ci leur enseigna'la Navigation, le Commerce,l'Ecriture; l'autre les poliça ' par fes Loix, les mit dans le gouft des Arts & des Sciences, les initia dans fes mysteres, & pour tout dire leur donna des Rois & des Dieux. Ainfi cette Nation, dans fa fplendeur pouffa la fierté jusqu'à traiter de Barbare le reste du genre humain, avoit emprunté des autres Nations dequoy s'enor gueillir & dequoy les méprifer.

1

qui

& 60.

Herod. 1.5.c. 53.59 o com Apion.

Plin. l. 5.c. 12.1.7.
c. 58.
Tacit. l. 2.

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Apollod. 1. 3. Eufeb. Prap. 1.10.6.9

Herod 1. 2. c. 58.

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