nes, elle commença la guerre fi celebre fous le nom de guerre du Peloponnefe. Lacedemone d'un côté, fortifiée des alliez que lui donnerent la juftice de fa cause & l'amour de la liberté; Athênes de l'autre, fecondée de ceux que la crainte retenoit encore dans fon alliance, mefurent leur puiffance & leurs armes l'efpace de vingt-sept ans, avec une valeur qu'elles auroient pu employer ailleurs plus utilement. La victoire, dans le cours de cette guerre & longue & cruelle, ne fe fixoit point; elle voltigeoit, pour ainsi dire, entre les deux partis. Les Atheniens toûjours maîtres de la mer, s'y dédommageoient de ce qu'ils perdoient fur terre. Tout fembloit leur promettre une heureuse iffuë. Les Ifles de la mer Egée, qu'ils avoient chargées d'un tribut, le payoient regulierement, & ils auroient pû terminer la querelle avec honneur, fi la vingt-uniéme anneé de la guerre, lorfqu'ils avoient tant d'ennemis fur les bras, ils n'euffent à contre-temps entrepris le fiege de Syracuse, & avec tant d'arAriftot. Rhet. 1.3. deur, qu'Æfion leur reprocha d'avoir répandu tout Athênes dans la Sicile. Cette expedition les épuisa d'hommes, & d'argent. Le fuccés punit bien leur temerité. Toute l'armée qui debarqua perit, la Flotte e. 10. Nicias. entiere fut ou prise ou brûlée; & les deux Ge- * Demofthene & neraux ✈ avec la fleur de la jeunesse Athe- Ariftot. ibid. nienne, dont Pericles comparoit la perte pour l'Etat, à celle que feroit l'année, fi on lui ôtoit le printemps, demeurerent à la merci des Peuples, qu'ils vouloient fubjuguer. A peine la nouvelle s'en divulgue dans la Grece, qu'Athênes fe voit prefque totalement abandonnée. Ses Alliez qui ne la fervoient qu'à contre-cœur, se rangerent ausfitoft du côté des Lacedemoniens.Cependant depuis ce terrible échec, & ce délaiffement general, qui la menaçoient d'une ruine prochaine & prefque inévitable, elle fe foutenoit encore; quand les Lacedemoniens par leur alliance avec le Roi de Perfe, qui les renforça. d'une Flotte nombreuse, & leur ouvrit fes threfors, prirent à la fin une telle fuperiorité fur leur ennemie, qu'aprés lui avoir enlevé cent quatre-vingts Vaiffeaux, ils l'affiégerent,& la forcerent de fe rendre à difcre- † tion. Alors maiftres du fort d'Athênes, ils assemblerent leurs alliez pour en deliberer avec eux, & pour le regler. La plûpart tant elle avoit aigri les efprits, & aliené les cœurs, vouloient impitoyablement la ruiner de fond en comble. Thebes appuia fortement : La quatrième an piade, fous le comfander. Corn. Nepa née de la 93.Olym mandement de Ly in Lyfand. 1. 4. Jfoc. in Paneg. xen, de geft. Grae, cet avis. Les Lacedemoniens plus moderez crurent, qu'on ne pouvoit ni avec feureté abbatre un des principaux Boulevarts de la Grece, ni fans ingratitude exterminer un Peuple, à qui elle devoit fon falut & fa gloire. Ils fe contenterent d'exiger, que les Atheniens demoliroient leurs murailles, raferoient les fortifications faites par Themistocle au celebre port de Pirée, ne pourroient avoir que douze Vaiffeaux armez, & reconnoîtroient les Lacedemoniens pour Chefs fur mer comme fur terre. A ce prix on donna la paix aux vaincus. Ainsi finit l'Empire d'Athênes, qui avoit commencé peu de temps aprés la défaite des Perfes, & qui dura foixante & treize ans. Les Grecs ne firent que changer de maîtres. Sparte reprit fa fuperiorité, mais ce nouvel Empire ne paffa pas trente années. Il auroit duré davantage, fi Sparte, felon ses anciennes maximes, l'euft borné à maintenir chaque Peuple,dans la poffeffion de fe gouverner par fes propres Loix. Mais entêtée de fon Gouvernement, elle voulut abolir par tout la Democratie, inftituer des decemvirs, c'est à Xfoc. dans fon O- dire dix hommes en qui feuls refidast tout le pouvoir, & mettre dans ces places les gens, qu'elle reconnoiffoit lui eftre les plus affec Ifoc. ibid. Demoft. ibid. Ariftot. de Rep. 1. 5. c. 7. raifon à Phil. Olymp. fil. tionnez, & les plus oppofez au Gouvernement populaire. Par-là l'autorité de Lacedemone devenoit plus absoluë, & tout enfemble plus odieuse. Tel qui n'ofoit s'affranchir de ce joug en murmuroit ; & ceux à qui elle n'osoit l'imposer, en prenoient ombrage. Rien pourtant ne precipita plus fa chute que fa profperité, qui lui fit trop prefumer de ses forces. Elle s'imagina pouvoir à la fois tenir les Grecs dans l'obeiffance, & détruire l'Empire des Perfes, ou du moins le refferrer dans des bornes plus étroites. Agefilas Chef de 1. an. de la 96. l'entreprise passe en Afie, & fes premiers ex- Corn. Nep. in Ageploits permettent de tout efperer ; quand le Roi de Perfe, dont les Armées innombrables + Artaxerxes Muene pouvoient arréter ce Conquerant, trouve le fecret de le chaffer par une voye bien plus seure. Il envoya femer de l'argent en Grece, & fufciter des ennemis à Lacedemone. Les Grecs entendirent volontiers à la propofition, & fe firent un plaifir de vendre bien cher une revolte, que déja l'amour de la liberté leur avoit infpirée. Tous d'un commun accord fe fouleverent contre Lacedemone, qui hors d'Etat de refifter avec ce qui lui reftoit de troupes, rappelle promptement fon Roy & fon Armée. Les Atheniens à la mon. premiere Olynth. teste des mécontens, refolurent de tout rifquer pour la liberté de la Grece, & fans fonger aux dernieres extremitez d'où ils for-toient,ils oferent affronter la puiffante Republique, qui les y avoit reduits. Demofthene Premiere Phil. & plus d'une fois releve cette heureuse magnanimité, & en infere que Philippe ne tiendra pas contre eux, dés qu'ils voudront l'attaquer avec la même ardeur. Athênes effectivement fçut ménager fi bien les conjonctures, & fi bien profiter de l'imprudence, qu'avoient eu les Lacedemoniens d'irriter le *Le Roi de Perfe grand Roy*, qu'avec la Flotte de ce Monarque jointe à la leur, ils défirent celle de Sparte, rétablirent leurs murailles & leurs fortifications, & se virent en état de difputer l'EmXen. I. 5. ver. Hell. pire de la mer aux Lacedemoniens. Ainfi Darius Nothus comme Sparte par le Roi de Perfe✶ avoit vales à Lyfander. fubjugué Athênes, Athênes aussi par le Roi Diod. 1.x1.Cor. Nep. de Perfe a s'affranchit du joug de Sparte, prêLa quatriéme an- te d'affervir la Grece entiere. C'eft cet exem s'appelloit le Roi; eu le grand Roi. prêta fes forces na in Lyfand. Conon. née de la 93. O lymp. mon declara Conon 96. Olymp. Cor. Artaxerxes Mne- ple memorable, que cite Demofthene ; lorffon Amiral la troi- que pour engager à conclure inceffamment fiéme année de la une alliance avec le Roi de Perfe, il dit, La Grece a fouvent éprouvé ce que peut le feRep. à la Lettre de cours d'un tel Potentat. Eh qui ne fait, que dans la guerre entre Athenes & Lacede Nep. in Conon. Phil. |