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pens d'Athênes,qui dépuis la défaite deXerxes avoit en ce pais-là plufieurs Colonies, outre divers Etats alliez ou tributaires. Philippe encore n'oublioit rien, pour s'emparer de l'Eubée, qu'il appelloit les entraves de la Grece. LesAtheniens au contraire avoient un interêt capital de ne point laiffer tomber en des mains ennemies cette Ifle, qu'un pont peut joindre au continent de l'Attique. Pour furcroît de contre-temps & de malheur, la Perse alors ne pouvoit prêter aux foibles, tout le fecours qu'elle leur devoit felon les regles de la bonne politique,ni conferver cet équilibre qui faifoit fa propre feureté. Les batailles de Marathon, de Salamine, de Platée, de Mycale, l'avoient defabufée des projets bâtis,fur le nombre infini de fes Vaiffeaux & de fes Troupes.Elle redoutoit le courage des Grecs, particulierement depuis qu'elle avoit veû dix mille de leurs Guerriers, † reftes d'une Armée defaite, traverser ce vafte Empire avec une contenance de vainqueurs, & regagner leur païs, fans qu'on pût jamais ni les rompre, ni les entamer. Auffi tenoit-elle pour maxime fondamentale, qu'elle ne devoit point de ce côtélà fouffrir l'accroiffement d'aucune Puiffance, qui donnât la loy aux autres, & qui réünît

Perfe.

Demoft. de libert.

Rhod.

Diod. l. 16.

Corn. Nep. in Cha

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contre l'Afie toutes les forces de l'Europe. Artaxerxes Ochus, † autant qu'il lui fut pof- Alors Roy de fible, fe conduifit par ce principe, qu'on pouvoit, ainsi que la suite le justifia, nommer le bouclier de fa Monarchie. Il pro- c. in Orat. Soc. tegea les Rhodiens, les Byfantins, & les autres infulaires liguez contre Athênes, & obligea cette Republique de les reconnoître libres & indépendans. Il envoya un fecours d'argent à Thebes contre les Phocéens ; il témoigna même à la fin quelque jaloufie des progrés de Philippe, & de concert avec les Atheniens il lui fit lever le fiege de Byfance & de Perinthe. Cependant, lorfque la Macedoi- de ne jettoit les plus folides fondemens de fa grandeur, & portoit les plus rudes atteintes à la Grece, il avoit à remettre dans le devoir, non-seulement divers Satrapes rebelles, mais encore l'Egypte & la Phenicie. De forte, que les troubles du dedans ne lui permettoient, qu'une legere attention à ce qui fe paffoit au dehors.C'est à peu prés vers ces temps diffici- premiere année de les & orageux, que Demofthene prit en main la 107. Olymp. le gouvernail. LaGrece n'avoit jamais éprou

Plutarque fe contredit fur ce point de Chronologic.Car aprés avoir avancé,( in vita Demofthen.)que Demofthene à l'age de vingt-fept ans entra dans l'administration de l'Etat, au commencement de la guerre de la Phocide; il oublie ce qu'il vient de dire, & affure que cet Orateur prononça l'Oraifon contre Midias à l'âge de trente-deux ans, avant que d'avoir eu aucune part au Gouvernement. Mais Demofthene luy-mefme decide la queftion, lorf

Har. fur la Lettro

Phil.

Diod. l. 16.

c. in Panegyr

La Paix.

vé de plus cruels malheurs. Jamais fes guer→ res domestiques & fanglantes, ne l'avoient menacée d'une ruine plus prochaine. Il est vray, qu'autrefois dans le cours de ces guerres, les petits & les foibles ne manquoient guere de prendre parti ; mais alors ceux qui Demoft. Har. fur avoient le plus contribué au triomphe du Vainqueur, ne fouffroient pas qu'il poussât trop loin fes avantages. Si bien que le Vaincu trouvoit dans fa foibleffe, une reffource infaillible à fa difgrace. Les chofes changerent bien, depuis la décadence d'Athênes & de Lacedemone: car Thebes, aprés la perte d'Epaminondas, n'eut ni affez de force, pour tenir la balance entre la Macedoine & la Grece, ni affez d'authorité, pour se faire obeir de la Nation entiere. Les Grecs, nanatullement inquiets & fâcheux, s'abandonnérent à leur humeur. Ce ne fut que divifrons & querelles. On ne voyoit ni deference ni fubordination. Plus d'intereft general. Chaque partie prétendoit faire un tout il eftoit prefque impoffible de les rejoindre, ou de les rapprocher. Les jaloufies ne tarderent pas à degenerer en haines, & en une

que dans fa Harangue pour la Couronne il declare en termes formels, qu'au commencement de la guerre de la Phocide, il ne fe mêloit point encore des affaires publiques.

efpece d'acharnement, qui les rendoit insenfibles au bien de la Nation. L'avoir en cet état défenduë si long-temps,contre les tentatives & contre la fortune de Philippe, tient plus du prodige, que de l'avoir anciennement fauvée de l'invafion des Perfes. Cela paroist un paradoxe, & ne l'eft point. On voit en la perfonne de Philippe, un Roy presque aussi maistre de fes Alliez, que de fes Sujets, & non moins redoutable dans les Traitez que dans les Combats; un Roy vigilant, actif; lui-même fon Surintendant, Demoft. Olynt. 3. fon Miniftre, fon General; avide & infatiable de gloire,chercher la gloire où elle fe vend à plus haut prix; faire fes plus cheres délices de la fatigue & du peril; former fans relâche ce jufte, ce prompt accord de foins & de mouvemens, que les expeditions militaires demandent; & avec tant d'avantages, attaquer des Republiques épuifées par de longues guerres, déchirées par des divisions domestiques; vendues par leurs propres Citoyens; fervies par une milice étrangere, ou ramaffée; rebelles aux fages confeils, & comme refoluës à fe perdre. Au contraire Darius, &fon fils Xerxes,avec leurs millions d'hom

Fils d'Hyftafpe. C'est celui qu'Efdras & Philon appellent Affuerus. Si

Datis & Artadoient l'armée de

pherne comman

Darius à Marathon. Mardo

nius commandoit

mes, manquoient de troupes contre des gens, qui fçavoient resister aux premieres impreffions de la terreur. Xerxes le reconnut bien dans l'occafion, lorfque ne pouvant forcer le paffage gardé par trois cens Lacedemoniens, il s'écria qu'il avoit beaucoup d'hommes, peu de foldats. De plus ces deux Rois étoient fort fujets,à n'agir que par leurs Lieutenans.† Hs menaçoient long-temps & de loin, avant que de frapper; employoient des années encelle de Xerxes à tieres à raffembler des troupes innombrables, Platée. Corn. Nep. & faifoient fi bien, qu'ils donnoient tout le loifir de fe preparer à les recevoir. Du refte, un amas confus de Peuples semblable à ces corps Gigantefques, fur qui le coup a tant de prife, & que leur taille monftrueufe expofe plus qu'elle ne les défend, avoit une pefanteur qui approchoit fort de l'immobilité. Cette multitude furchargée de bouches inutiles, empestrée dans l'attirail que le Roy & les Seigneurs traînoient à leur fuite, & commandée par des Chefs qui ne fçavoient que mépriser l'ennemi, s'affamoit,

in Miltiad. & Ari

Aid,

Elian. Var. Hift. 7. 12.6. XL.

comnie:

l'on en croit Elien, ( de animal. l. 11. c27.) ce Monarque n'entreprit cette, guerre, que pour contenter la fantaifie de fa femme Atoffa, qui vouloit avoir a fon fervice des femmes d'Attique & d'lonie. Tant il eft vray, que l'on deshonore fouvent les plus grandes entreprifes, lors qu'on en revele la veritable caufe. Corn. Nep. (in Ariftid. ) donne une caufe plus fericufe à cet évene

ment..

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