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ame.

comme nous venons de dire, & fe défaifoit elle-même, faute d'une certaine agilité toûjours utile à la guerre, mais necessaire aux longues expeditions ; fur tout dans la Grece, païs fort aride & fort étroit en com paraison des campagnes de l'Afie. Ce païs n'avoit pas dequoy, nourrir à la fois tant d'hommes & de chevaux ; à peine avoit-il affez de Fontaines & de Rivieres, pour les defalterer. A de tels Ennemis, la Grece oppofa de petits corps, mais tout nerf & tout La concorde, alors l'unanimité lioient fi étroitement les Grecs, qu'ils fem bloient ne composer qu'un feul Etat, & n'habiter qu'une feule Ville. Mêmes vûës, mêmes defirs, mêmes craintes, mêmes precautions, mêmes drapeaux. Soins, dépenfes, travaux, tout le rapportoit uniquement au bien general, & chacun à l'envi ne respiroit que gloire & que liberté. Demofthene trouva cette ardeur extremement amortie, pour ne pas dire, éteinte. Il n'y avoit plus de cause commune. Les jaloufies, les défiances, les haines inveterées avoient fi fort aigri &aliené les efprits, que ces divers Peuples, quoique de la même nation, quoi qu'en pleine paix, fe regardoient entr'eux, fi ce n'eftoit comme M

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demeura fort tard

il avoua fa pareffe,

maniere fort fateu

ftre: Fay, dit-il, dormi tout mon Saoul,parce qu'Antipater veilloit,

ennemis, au moins, comme étrangers. Ils ceffoient quelquefois de fe battre, mais non de fe hair. Leur animofité n'avoit ni borne ni mefure. C'est par rapport à cette guerre inteftine, qui tint long-temps les Grecs Un autre jour,qu'il dans une efpece de profond affoupiffement, au lit dás fon cáp, fur leurs veritables interefts, qu'un jour Par& Pexcufa d'une menion voyant les Ambaffadeurs de toute fe pour fon Mini- la Grece, murmurer de ce que Philippe tardoit trop à fe lever, & à leur donner audience: Ne vous étonnez pas, Messieurs, dit-il, s'il dort tandis que vous veille; car tandis que vous dormie, il veilloit. On en peut juger par la peine, qu'eut Demofthene à ménager la ligue d'Athênes & de Thebes, lorfque leur peril commun fembloit fuffire pour les reconcilier, & que Philippe à leurs portes ne leur laiffoit pas ignorer, le befoin preffant d'une étroite & prompte conféderation. Python Ambaffadeur de Macedoine, Miniftre habile, celebre Orateur, & inftruit à mentir éloquemment pour fon maiftre, impofoit aux Thebains, jufqu'à les raffeurer par des conjectures captieuses & par des protestations frivoles. Auprés de Python les Colle3. de Soc. Suid, & gues d'ambaffade qu'avoit la Demofth enne

Orat. de Halon.

Ariftid. Orat. 1. &

a

Luc. in encom

faifoient que begayer, & on ne les écoutoit Plutar plus 5 quand Demofthene prend la parole, Demosth. détrompe les Beotiens ftupides, les ramene & les détermine à conclurre inceffamment, l'alliance qu'il leur propofe. Lui-même depuis réduit à fauver fon honneur & fon bienfaicteur, par le dénombrement de fes fervices, Orar. de Corona fait fonner celui-cy fort haut,& place au pre mier rang de fes exploits politiques, le fuccés de cette importante négotiation. Outre la divifion generale,l'efprit de difcorde regnoit en particulier dans chaque Republique; & l'ava rice frayoit fi bien les chemins àPhilippe,qu'il fe vantoit d'avoir plus conquis par l'or,que Plutar. in Paul, par le fer. Sparte feule fe fauva de la conta gion. Par tout ailleurs le credit de la fac tion mercenaire, mettoit les traîtres à couvert du reffentiment des bons Citoyens, & de la feverité des Loix. A l'égard de la milice,la Grece ne manquoit pas tant de Soldats, que

Æmil.

res.

de Capitaines. Car à Cheronée, où l'on peut † Lyficles & Cha dire qu'expira fa liberté, les Chefs* avancerent beaucoup la perte de la Bataille. L'inca pacité de Charés, indigne fucceffeur de Timothée, d'Iphicrate, de Chabrias, & qui les auroit tous effacez, s'il avoit eu autant d'exac titude à tenir, que d'affeurance à promettre,

a

M ij

voila des promesses Proverbe, pour fi

de Chares, devint

gnifier de vaines promeffes.

Il s'appelloit He gefilée. Ulp. in

pour

eut la principale part au malheur de cette journée. On pouvoit compter alors Agefilas le dernier General de Sparte, comme Epaminondas pour le dernier General de Thebes. Mais Athênes n'étoit pas encore dépourvûë de bons Capitaines. Phocion pouvoit remplacer les Miltiades & les Themiftocles, files cabales ne l'avoient exclus du commandement, & ne lui euffent préferé des gens, qui meritoient à peine de lui obeir. Quand il eut battu Philippe en Eubée,on le dé pofa, fans autre deffein que de lui fubftituer un homme * tel que l'auroit choifi Philippe Orat. de fal. leg. lui-même, & dont la conduite auffi malheureuse qu'imprudente, vengea Phocion de cette injufte preference. Dailleurs la Phalange Macedonienne, capable de le difputer aux Grecs de Marathon & de Salamine, cette nouvelle infanterie la meilleure, & là mieux difciplinéê qu'on cût veûe jufqu'alors combattant fous les yeux de fon Roi, commandée par des Capitaines experimentez, & foùtenue d'une bonne Cavalerie, venoit aifément à bout d'une affemblage de Troupes venales & mal païées. Que de facilitez à Philippe, pour affujertir les Grecs! Que d'obftacles à Demofthene, pour les preferver de la fuje

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tion! Le moyen de mouvoir un corps fi languiffant, & fi mal conftitué! C'est pourtant ce corps, que Demofthene entreprit de ranimer. C'est avec ce corps, qu'il lutta contre Philippe, & penfa plus d'une fois le terraffer. Il faut neantmoins convenir, que dans ce pitoyable état de la Grece, elle avoit toujours une grande ressource, fielle eût fçû en profiter. Quiconque eft maistre de la mer, difoit le grand Pompée, l'eft auffi de la terre. Faute d'entendre, ou de fuivre cette importante maxime, les Grecs & les Romains perdirent leur liberté. Les Atheniens par leurs forces navales, infiniment fuperieures à celles de Philippe t, pouvoient tirer la guerre en longueur, harceler & fatiguer leur enne mi par de frequentes diverfions, tenter des defcentes fur fes côtes, foulever & appuyer des Peuples, qui ne luy obeiffoient qu'à regret; le confumer en dépenfes, le reduire à partager fes foins & fes troupes; enfin attendre ou quelque revolution favorable, ou lé fecours des Perfes autant ou plus intereflez

Sur la guerre du Peloponnefe, Pericles éans Thanoyd de ( 24 ) tallenne toujours en mailtre de mor; Si nous bab trous une fle, dit-il, maus jė rions hors d'infule. La Marine des Atheniens - Loc. iä Pas z.) efloit de double plus forte que celle des autres Grecs, & chaque Vaiff au pouvoit f batere contre deux Va fleaux Ennemis. Il forti: du' Port a'achènes tro's çens voiles pour l'expedicion de Sicil (Ciceron Verres.) Navez-vous pas, dit Demofthene(de fal, leg.) trois cen Gres,& un fonds par les équipes

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