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plaifir qui augmente, & qui fe fait defirer à mesure qu'on le goûte davantage. Ie lis, je relis toûjours comme la premiere fois, les évenemens de votre Regne; & je fens de plus en plus que ·les charmes infeparables d'un tel emploi, meriteroient d'en faire l'unique recompenfe. Voila, SIRE, l'idée qu'on prend à vous étudier,dans l'Hiftoire de vostre vie. Que ne puis-je d'aprés cette idée peindre mon Roy? Que ne fuis-je un Demofthene pour en parler dignement?

Mais quand Demofthene lui-même, à qui j'effaye de fervir ailleurs d'interprete, feroit ici le mien, & voudroit fuppléer aux talens que je n'ay point, il ne feroit qu'avouer plus éloquemment fa foibleffe; & cet aveu ne coûteroit rien à un Orateur,qui faifoit profeffion d'eftre fincere. La force de

la verité jointe à l'experience,le gueri roit encore de quelques erreurs politiques,qu'il avoit fuccées avec le lait, & qu'il feme à tout propos dans fes Harangues. Lopinion, que Philippe & fon fils Alexandre,lui avoient donnée des Monarques & des Conque rans, fe rectifieroit en France. Ily verroit un Conquerant & un Mo narque, de qui nos ennemis & fes envieux ont à fe louer; qui pour tout fruit de fes travaux,na pretendu que defarmer tes vaincus, diffiper leurs illufions, leur apprendre qu'ily a des ames privilegiees, où la moderation fait la loi à la valeur; & que le vray magnanime, lors qu'il fe voir en pof feffion de pouvoir ce qu'il veut ne veut que pacifier l'Univers

L'evenement,qui tientaujourd bui 1 Europe attentive, doit fervir de le

çon aux Potentats, & les convaincre, que le celefte difpenfateur des Sceptres & des Couronnes, dédommage promptement les Vainqueurs, qui ont Sçû á son gré interrompre le cours de leurs victoires. Tant de Monarchies confondues depuis long-temps en une feule, paroiffent destinées à payer cette moderation fans exemple. La fin d'une vié importante,pour la tranqui lité du monde Chrétien, le menaçoit d'un enchainement de malheurs infinis. Combien de fortunes flotantes,de revolutions prochaines, de Peuples impatiens &inquiets,dans l'attente de cette refolution; qui devoit regler leur fort,& les mettre en poffeffion du bien, dont un Roy jufte & fage leur avoit donné un avant-gouft, par le choix de fon fucceffeur.VOTRE MAJESTE parle, tout fe raffeure, tout fe calme.

Les

Les nuages prefts à s'épaiffir s'evanouiffent, & une ferenité conftante Succede aux apparences de la plus hor rible tempefte. Ces divers Peuples, moins encore par une jufte foumiffion aux droits de la nature, & aux dernieres volontez de leur Souverain,que parla haute opinion qu'ils ont dev M. s'empreffent d'obtenir, qu'elle envoye regner fur eux un de fes defcendans. L'Espagne jufqu'ici jaloufe de nos profperite eclatantes, ne left plus que de la gloire, que de la douceur attachée à noftre oberffance, & n'afpire qu'à recevoir la loy du Petit-Fils de celuy qui nous la donne feure qu'un Prince iffu d'un fang fi augufte,& for me fous les yeux d'un Roy le modelle des Rois,porte neceffairement avec lui les prefages d'un Regne heureux; & qu'en quelque region qu'il fe tranf

plante, il ne peut jamais degenerer, Une opinion fi bien fondée & fi generalement établie,acheveroit de convertir Demofthene ce Zelé Republicain qui declame avec tant de vehemence contre le Gouvernement Monarchique; & fur ce point non plus il ne tarderoit pas à changer davis & de langage. Revenu de fes faux préjugez,il Je reprocheroit d'avoir facrifié à je ne Sçai quelle image de liberté chimerique; & enchanté du bonheur de noftre dépendance, il viendroit à vos pieds SIRE, brifer fon idole. Oui,il reconnoistroit, qu'en matiere de Gouvernement rien ne vaut l'unité de Souverain,principalement lorfque cette unite raffemble les vertus pacifiques, morales, militaires, dont chacune Separément fuffiroit à former fon Heros. Que pouvons-nous penfer, SIRE,

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