SUR LES MATHÉMATIQUES, Jean Expliqués & démontrés par M. DIGARD de Kerquette, PREMIER ESSAI LE CONTENANT CALCUL, Dédié à S. A.S. Monfeigneur le Comte d'Ev. 1712-1780. Un A PARIS, Chez BALLARD feul Imprimeur du Roi pour la Mufique, MDCCLII. Avec Approbation & Privilége du Roi. 6 Ja. 24, EHW A SON ALTESSE SÉRÉNISSIME MONSEIGNEUR LE COMTE D'EU, Grand-Maître de l'Artillerie de France, &c. History of science 4-29-24 X/321 En vous confacrant ces prémices de ma plume, je n'entreprendrai point de publier les vertus & les qualités éminentes qu'on admire en VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME. Quand je réuffirois felon mes vœux, votre modeftie rendroit mes fuccès fuperflus. Cependant quoique vous preferiviez les bornes les plus étroites aux éloges les moins fufpects, on fait, MONSEIGNEUR, qu'à la tête d'un Corps brillant & diftingué, vous faites une estime particuliére des Officiers qui poffédent la Science à laquelle je m'applique; &quelque glorieux qu'il me foit d'avoir mérité le suffrage de la premiere Compagnie du monde favant, je prétens moins vous offrir un hommage digne de VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME, que rendre un témoignage public du profond respect avec lequel je fuis, MONSEIGNEUR, DE VOTRE ALTESSE SERENISSIME, Le très-humble & très-obéiffant Serviteur Digar PRÉFACE UOIQU'IL ait déja paru beaucoup de Traités fur les Mathématiques, j'ai crû pouvoir encore faciliter une Etude auffi importante qu'inépuisable. Si mes Effais ne font pas brillans, j'efpere qu'ils feront utiles. Il n'en eft pas des Principes Mathématiques comme de ceux aufquels on veut affervir un Auteur qui doit tout puifer dans fon propre fonds. Dans une Science où l'on ne peut faire de progrès qu'au moïen d'un travail affidu, où les découvertes même les plus brillantes font la récompense d'une Etude opiniâtre, aussi bien que le prix d'un effort de génie où enfin : on ne s'avance (pour ainfi dire) que la regle & le compas à la main; on ne peut trop recommander l'Etude fouvent négligée des Elémens. C'eft pourquoi j'ai pensé qu'un ordre nouveau, plufieurs idées que je crois également neuves, quelques principes rendus plus fimples & plus généraux, pourroient en applanir les difficultés. L'efprit humain né libre & peut-être rebelle, ne fouffre de Maîtres qu'à regret. Impatient de tout joug, honteux d'avoüer fes foibleffes, il ne fe plie qu'avec peine aux préceptes d'autrui. Il faut donc lui trouver un guide ingénieux qui n'affecte point l'air de Maître; qui réforme fes idées fans le révolter; qui, par des principes auffi clairs que certains, le conduise à des conféquences inévitables, & le trompe enfin au profit de fa raifon. L'enchaînement des Principes Mathématiques eft pour nous ce Mentor habile que nous ne trouverions pas dans les feuls charmes de la vérité, |