SUR LES MATHÉMATIQUES, dans ses Conférences publiques. Jean 1712.1780. PREMIER ESSA I CONTENANT LE CALCUL, A PARIS, la Musique, de Beauvais, à Sainte Cécile. M D C C L I I. LE COMTE D'EU, En vous consacrant ces prémices de ma plume', je n’entreprendrai point de publier les vertus & les qualités éminentes qu’on admire en VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME. Quand je réussirois selon mes væux , votre modestie rendroit mes succès superflus. Cependant quoique vous prescriviez les bornes les plus étroites aux éloges les moins suspects, on fait , MONSEIGNEUR, qu'à la tête d'un Corps brillant distingué, vous faites une estime particuliére des Officiers qui possédent la Science à laquelle je m'applique; & quelque glorieux qu'il me foit d'avoir mérité le suffrage de la premiere Compagnie du monde savant , je prétens moins vous offrir un hommage digne de VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME, que , que rendre un témoignage public du profond gespect avec lequel je suis , MONSEIGNEUR, DE VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME, Le très-humble & très-obedant Serviteur Vigaris UOIQU'il ait déja paru beaucoup de Traités sur les Mathématiques, j'ai crû pouvoir encore faciliter une Etude aulli importante qu’inépuisable. Si mes Essais ne sont pas brillans, j'espere qu'ils seront utiles, Il n'en est pas des Principes Mathématiques comme de ceux ausquels on veut asservir un Auteur qui doit tout puiser dans son propre fonds. Dans une Science où l'on ne peut faire de progrès qu'au moïen d'un travail aslidu, où les découvertes même les plus brillantes sont la récompense d'une Etude opiniâtre, aufli bien que le prix d'un effort de génie : où enfin ' on ne s'avance (pour ainsi dire) que la regle & le compas à la main; on ne peut trop recommander l'Etude souvent négligée des Elémens. C'est pourquoi j'ai pensé qu’un ordre nouveau , plusieurs idées que je crois également neuves , quelques principes rendus plus simples & plus généraux , pourroient en applanir les difficultés. L'esprit humain né libre & peut-être rebelle, ne souffre de Maîtres qu'à regret. Impatient de tout joug, honteux d'avoüer ses foiblesses, il ne se plie qu'avec peine aux préceptes d'autrui. Il faut donc lui trouver un guide ingénieux qui n'affecte point l'air de Maître; qui réforme ses idées sans le révolter; qui, par des principes aussi clairs que certains, le conduise á des conséquences inévitables, & le trompe enfin au profit de sa raison. L'enchaînement des Principes Mathématiques et pour nous ce Mentor habile que nous ne trouverions pas dans les leuls charmes de la vérité, |