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Dulce malum pelago Syren volucrefque puellæ, dit Claudien.

Et dans les anciennes Médailles elles ont la partie inférieure d'oi. feaux. Dans la fuite elles furent métamorphofées de la ceinture en bas, en poiffon, mais c'étoient toujours au dire des Poëtes, des écueils agréables, où les voyageurs alloient échouer avec plaifir, & mourir dans l'enchantement. Ils conviennent tous qu'elles étoient filles du Fleuve Acheloüs, mais ils ne conviennent pas fur le nombre. Homere n'en reconnoît que deux, & d'autres en comptent jufqu'à cinq.

Parmi les Modernes on n'a guére moins été partagé. M. Dacier & plufieurs autres croyent que les Syrennes des Anciens n'étoient autre chose que des Courtifanes qui habitoient trois petites Ifles près de Caprées, & qui par leur beauté

& la douceur de leur voix enchantoient tellement ceux qui les voioient & les écoutoient, qu'ils ne pouvoient plus les quitter. "

D'autres au contraire par trop de crédulité, ou par raison, ont crû qu'il y avoit des Syrennes & des Tritons, tels qu'on les repréfente. Ils rapportent que du tems de l'Empereur Maurice, il parut un homme marin & une Syrenne; que fous le Pape Eugene IV. on furprit un Triton qui fe fauvoit dans la Mer & emportoit un enfant qu'on lui fit lâcher; que Theo dore Gaza fe promenant fur les bords d'un rivage de la Grece, trouva au milieu de quantité de poiffons, une Syrenne qu'une tempête venoit de jetter fur le fable & la conduifit par la main jusqu'à un endroit de la Mer où elle pûr nager; que Meyer dit qu'en 1403 on amena à Harlem une Nymphe marine qui avoit été jettée fur le

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plus

plus prochain rivage durant une grande tempête, qu'on l'accoûtuma à manger du pain & du lait ; qu'on lui apprit à filer ; & qu'elle vêcut plufieurs années. D'autres ajoûtent qu'elle vouloit toujours fe dérober pour retourner à l'eau, & qu'elle avoit un jargon qu'on n'entendoit pas.

On pourroit rapporter ici quan. tité d'autres hiftoires. Mais il me femble que j'en ai affez dit, pour qu'on puiffe aisément se déterminer fur ce qu'il faut croire là-deffus.

CASCADE DE L'ALLE'E D'EAU.

Au bas de cette Pyramide il y a un grand quarré qu'on appelle la Cascade de l'Allée d'eau, dont je parlerai après avoir dit un mot de quatre Statues qu'on trouve à main droite le long de laPalisfade. La plus proche du Château c'est le Poëme Héroïque. Il eft

Tome II.

B

couronné de laurier, & tient une trompette à la main: ce qui fignifie que fon fujet eft noble & grand. Cette Statue eft de Drouilly.

Un des quatre Temperamens vient enfuite, c'eft le Flegmatique. Ila pour fymbole une Tortue à fes pieds, pour exprimer la lenteur de ceux qui font de ce temperament; par l'Espagnandel.

La troifiéme repréfente l'Afie, une des quatre Parties du monde, qui a pris fon nom d'Afie fille de Thetis & de l'Ocean. Le Turban eft la coëffure de la plupart des habitans de ce grand Continent, & la Caffolette marque que c'est le payis des odeurs & des parfums les plus exquis; par Roger.

La quatriéme eft le Poëme Satyrique, fous la figure d'un Satyre, qui par fon fouris moqueur fait connoître que cette Poëfie pique en faifant femblant de badiner par Buifter.

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Dans les angles de l'Allée d'eau qui font près de la Fontaine de la Pyramide, il y a deux Statues dont l'une couronnée de raisins femble jouer de la flute, & a pour fymbole un Bouc qui broute des raifins; c'est le Sanguin. Cette Statue eft de Jouvenet.

L'autre qui eft vis-à-vis repréfente le Colérique qui a un Lion pour fymbole. Elle eft de Houzeau.

Au-deffous de la Pyramide on trouve un grand quarré d'eau qui reçoit la décharge de cette Fontaine. La principale face plus exhauffée que les autres, eft ornée d'un grand bas relief de Nymphes qui fe baignent; il eft couvert par une belle nappe d'eau, & au milieu de quatre mafques qui jettent de l'eau dans le quarré, le tout par Girar. don.

.

Les autres faces de ce quarré

font auffi ornées de bas reliefs, où l'on voit des Fleuves, des Nym

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