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Apr. J. C. Tfahan araptan.

Kontaisch maria fa fille à Holdan czerena, fils de Gen-
ghizkhan qui habitoit auprès du grand Lama dans les en-
virons de Barantola. Holdan czerena fe rendit à la Cour du
Kontaisch avec trois cens jeunes hommes choisis, & autant
d'efclaves & de tentes; mais après que les nôces furent
finies, le Kontaisch retint fon gendre, & envoya une armée
commandée par Czeren donduk contre Genghizkhan. Ce
Prince fut battu, tous fes foldats furent tués ou diffipés. On
rapporte que Czeren donduk pénétra jusques chez le Dalai-
lama, qu'il le dépofa, & en mit un autre à fa place, fous
prétexte qu'il avoit été inftallé fans la participation du Kon-
taisch & des autres Taifchs.du Kokonor, à l'exception de
Genghizkhan, que
, que d'ailleurs il s'acquittoit mal de fon de-
voir. L'année suivante le Kontaisch fit mourir fon gendre
Holdan czerena, qu'il accufoit d'avoir empoisonné les eaux
de la riviere Tekès. L'Empereur de la Chine allarmé des
fuccès du Kontaisch, envoya une grande armée dans la Tar-
tarie. Les Chinois pafferent Hami, & s'avancerent jufqu'à
Turfan. Le Kontaifch informé de leur marche, envoya vers
ce pays fes troupes commandées par Czeren donduk & les
autres Saiffans. L'armée Chinoife fut furprise & mife en dé-
route'; les Tartares pourfuivirent les Chinois jufqu'à Hami
& s'emparerent de cette ville. Deux ans après l'Empereur
de la Chine envoya une armée de cent mille hommes qui
rétablit Hami & s'avança vers Turfan. Les Chinois éleverent
plufieurs forts, se rendirent maîtres de cette ville qui étoit
habitée par des Bukhares, & après l'avoir fortifiée, ils s'a-
vancerent fur le bord de la riviere de Karafcham proche
Cialis. Enfuite à travers les plaines défertes ils pénétrerent
jufqu'au lac Saiffan, & à la fource de la riviere Imil, pro-
che les montagnes appellées Altin-imil, où habitoient les
derniers peuples foumis au Kontaisch. Ils y enleverent en-
viron mille tentes. Les Kalmouks qui avoient ignoré pen-
dant quelque tems cette irruption, accoururent au fecours
de leurs provinces, mais ils ne purent délivrer les prison-
niers. On dit même que Caldan tzerin (a), fils du Kontaisch,

(a) On dit auffi Tferen ou Czeren dans tous les noms où ce mot eft employé.

Apr. J. C.

fut fait prifonnier, mais qu'il trouva moyen de s'échapper. Cette guérre dura jufqu'en 1722. Kam-hi, Empereur de la Caldan Chine, étant mort, fon fils Yum-tching qui lui fuccéda, tferin. envoya des Ambaffadeurs au Kontaifch pour faire la paix. Dans le même tems les Cofaques qui lui faifoient la guerre depuis le commencement de fon regne, fe foumirent à Sunodabé fon fils qui commandoit l'armée contre eux. En 1727 Tfahan araptan mourut, & eut pour fucceffeur fon fils Caldan tferin.

Ce Prince a préfentement (a) fous fa domination les Kergis, les Urunkhants, les Talongous, les Mingats, les Koiouts, les Koschkots, les Bukhares, les Barabintfi qui payent aussi un tribut au Czar. Son Empire eft borné au Nord par la Ruffie, à l'Orient par la Tartarie Chinoise, au Midi par les Tangouts, & à l'Occident par les Cofaques. Il a une armée d'environ foixante mille hommes, & il peut en mettre cent mille fur pied en cas de befoin. Les Grands de fon Empire font. appellés Saiffans. Le premier d'entre eux eft à préfent Czeren donduk fon cousin. Il demeure vers la Ruffie, & il a autant de fujets que le Kontaifch. Ce Prince, dans les affaires importantes, ne peut agir que de concert avec fes Saiffans; dans les autres il a des Officiers fubalternes dont il prend confeil. Il y a un tribunal de dix Saiffans pour rendre la jus tice. La fentence fe donne de vive voix, & les criminels font battus fuivant leurs crimes, ou attachés à la queue des chevaux.

Il y a peu d'années que les Kalmouks manquoient de grains, , parce qu'ils ne cultivoient point les terres; mais depuis qu'ils ont foumis les Bukhares, ils ont en abondance du bled, du riz, du millet, de l'orge & des fruits. Ils nourriffent beaucoup de beftiaux; du côté du Nord ils commercent avec les Ruffes; à l'Orient avec les Chinois ; du côté du Midi avec les Tangouts & même avec les Indiens. Ils tirent de la Ruffie des draps de différentes couleurs, des cuirs noirs & rouges, des aiguilles, des cifeaux, des miroirs & quelques pelleteries; ils donnent en échange d'autres

(6) En 1723. *

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Apr. J. C. pelleteries, des toiles de coton qui fe font à Yerken, des

étoffes de foie. Comme ils ont des mines de fer, ils commencent à fabriquer des armes, des cuiraffes & des cafques; ils font auffi des tentes, des draps & du papier. Ces peuples ont une année compofée de douze mois, & à chaque troisieme année ils en ajoutent un treizieme, de forte que trois ans font compofés de trente-fept mois : ils appellent le premier mois Tfahan-fara, ou le mois blanc. Ils le célebrent par des fêtes publiques auxquelles le Kontaisch assiste. On dreffe dans une campagne une tente ornée en dehors d'étoffes de la Chine; devant on laiffe une place ronde & creuse, où l'on marque fur la terre, avec des couleurs, les pas que doivent faire les Lamas dans leurs danses. Lorsque les Lamas & tout le peuple font affemblés, on apporte fix grands étendarts, qui font accompagnés chacun de trois Manzi, ou difciples de Lamas, vêtus d'habits rouges. Ils font fuivis d'une espece de pyramide & de deux trompettes d'airain, portées par quatre hommes vêtus de la même façon. Derriere eux viennent trois hommes qui ont des trompettes moins groffes, & enfuite cinquante jeunes Lamas habillés de jaune, avec des tambours & des baffins de cuivre. Ils font rangés deux à deux, & parmi eux font plufieurs vieux Lamas avec leurs habits ordinaires. Sur les deux côtés font vingt Kalmouks à la file, armés de boucliers, de cafques, de lances & d'épées, enfuite quinze autres armés de cuiraffes, de fufils & d'épées. Ils entourent toute cette espece de proceffion; ils font fuivis des Tarkhan-juru&tu, ou Confeillers, à cheval, accompagnés chacun de deux piétons. Tout ce cortége fe rend devant la tente, & fe range autour de la petite place; enfuite on fait une priere; les plus vieux Lamas fe profternent trois fois & s'affoient. Alors commence la danfe. Deux hommes qui ont le vifage couvert d'un voile fortent de la tente, & dansent dans la place au fon des baffins de cuivre & des tambours. Enfuite ils rentrent, & il en fort deux autres qui font la même chose. Lorfqu'on a fait ainfi cinq danses, il paroît un homme qui a le vifage découvert, qui danse feul pendant dix minutes, tantôt lentement, & tantôt avec vîteffe; il eft fuiyi par un

autre avec lequel il danse. Alors ils fe retirent à l'extrémité de la place, & il paroît ainfi fucceffivement onze bandes Apr. J. C qui à la fin dansent toutes ensemble. Après plufieurs autres danfes de la même efpece on fe tranfporte dans un autre endroit, où l'on a dressé une table fur laquelle il y a de la poudre, on y met le feu, & plufieurs Kalmouks armés font un grand bruit la face tournée du côté qu'ils ont des ennemis, s'ils font en guerre. Dans le mois de Juin ils célebrent encore des fêtes pour la confervation de leurs beftiaux. Ils vont fe profterner devant une idole, & quelques Kalmouks nuds luttent ensemble en présence des Nobles qui décident de la victoire; elle confifte à renverser son ennemi für le dos, mais on a attention que les combattans ne fe bleffent point.

Les Kalmouks font divifés en trois branches. La premiere, les Kalmouks Tchongars; la feconde, les Kalmouks Kofchots ; & la troifieme, les Kalmouks Torgouts. Les Tchongars qui font les plus confidérables & les plus puiffans, font formés d'une infinité de hordes qui obéiffent au Kontaisch qui réfide dans les environs du lac Saissan & de la riviere d'Ili. Les feconds occupent le Royaume de Tangout, & font gouvernés par deux Khans, dont l'un gouverne le Tibet, & l'autre le Tangout; tous les deux font foumis au Dalai-lama, ou grand Lama. Les troisiemes font une branche de Kalmouks qui vers le commencement de ce fiécle fe fépara des autres, fous la conduite d'Ajouki khan, traversa le Jaïck, & alla habiter dans les landes d'Aftrakhan.

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S

OU DU KAPTCHAC EN EGYPT E.

ALADIN, en qualité de Général des armées du fameux Noureddin, avoit enlevé l'Egypte aux Phathimites, il s'en étoit ensuite rendu maître, & avoit dépouillé les defcendans de Noureddin d'une partie de la Syrie. A fa mort il laiffa un Empire très-étendu à fes enfans qui le démembrerent, & qui par leurs divisions fembloient confpirer à la perte de leur famille, dans un tems où ils devoient fe réunir pour repouffer les ennemis communs du Musulmanifme. Les Tartares menaçoient la Perfe

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