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ont fervi à réformer fes idées. Nous trouverions de fem-* blables indices pour les fiécles plus reculés, fi l'ancienne Hiftoire contenoit quelques détails. Par la perte de ces monumens, la trace du commerce & des anciennes liaisons que les Chinois ont eues avec les Peuples plus Occidentaux, eft interceptée ; & ces Chinois, aux yeux de ceux qui ne font pas affez inftruits, paffent aujourd'hui pour les inventeurs de tout ce qu'ils ont chez eux. On me permettra d'en douter ; c'eft trop flatter leur orgueil.

Dans les Sciences, le goût & la critique leur manquent, comme à tous les Orientaux, qui ne fçavent point discuter un fait, parce qu'ils n'ont point de connoiffance des évenemens étrangers qui peuvent fervir de point d'appui, ou de comparaifon. Auffi fuis-je perfuadé que toute l'ancienne Hiftoire de la Chine, déférée devant une Académie comme celle des Infcriptions, qui l'emporte par l'étendue de fes connoiffances & la jufteffe de fa critique fur tous les Han-lin, & les plus fameux Docteurs de la Chine, fera beaucoup mieux éclaircie qu'elle ne peut l'être par les Chinois, & qu'on en tirera plus de parti qu'ils n'en peuvent tirer. On doit dire la même chofe de l'Académie des Sciences; les Chinois ont des découvertes dont ils ne fçavent pas profiter,

Du côté du Gouvernement, ces Peuples font fupérieurs à tous les Orientaux, leurs loix font admirables; mais il ne faut pas croire qu'elles foient mieux obfervées que chez les autres Nations. Ils ont eu de grands hommes, & en plus grand nombre, j'ofe le dire, que la Grece & Rome. Ces hommes célebres fe font expofés à la mort pour la gloire de leur Prince & la défenfe de la patrie; mais il y en a eu d'autres, & en plus grand nombre, qui ont bouleversé l'Etat, & qui ont fait périr des millions d'hommes.

On eft étonné que les Etrangers qui ont foumis plufieurs fois la Chine, aient adopté les loix des vaincus: delà on tire un éloge en faveur de ces loix. J'en ai parlé ainfi dans mon Ouvrage; mais j'ai oublié d'y ajouter que c'est plutôt parce que les vainqueurs n'en avoient point. Quelles loix trouve-t-on chez les Tartares? N'ont-ils pas adopté Tome IV.

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362 LETTRE AUX AUTEURS DU JOURNAL DES SCAVANS. insensiblement les mœurs & la religion des Peuples qu'ils ont vaincus ? Dans la Syrie ils font devenus Musulmans ; à la Chine ils ont admiré Confucius; mais de retour en Tartarie, ils ont repris leurs tentes & leurs anciens ufages. Il y a certainement de grands défauts dans le Gouvernement Chinois. Je ne puis concilier ce refpect fingulier des enfans envers leurs peres & meres, & cette barbarie des peres & meres qui expofent dans les rues une grande quantité d'enfans, où ils périffent fouvent dévorés par les chiens.. L'attention des Légiflateurs doit fe porter naturellement fur cette partie, deftinée à faire revivre un Etat. Les loix Chinoifes fi vantées, qui ont prefcrit les foins qu'il falloit apporter dans les mariages, devoient s'étendre jufques-là. Je fais cependant beaucoup de cas de ces Peuples, & je penfe que la Littérature Chinoise doit paffer immédiatement après celle des Grecs & des Romains; que les Livres Chinois font très-propres à former de grands hommes, & à compléter l'Hiftoire générale du monde. Mais il faut avouer en même tems qu'il regne chez les Chinois des défauts effentiels dans le Gouvernement, dans les Sciences & dans les Arts, qu'ils n'ont jamais fçu porter à un certain degré de perfection: c'eft ce dont la lecture de leurs ouvrages m'a convaincu. Souvent un Voyageur s'accoutumę à voir des objets qui lui paroiffoient difformes, enfuite il les admire. C'eft une réflexion que fait le P. le Comte dans fes Mémoires fur la Chine, Tome I. page 105. à l'occafion de l'Architecture. Il dit que les yeux en font choqués; mais qu'à force de voir ces bâtimens Chinois, on parvient infenfiblement à les trouver beaux. Il en eft, à cet égard, de toutes les autres chofes comme des bâtimens. Je fuis, &c.

Meffieurs les Auteurs du Journal de Trevoux ont bien voulu examiner cette Lettre, & inférer quelques obfervations dans leur Journal du mois de Janvier 1758. Ils rapportent le témoignage

DEGUIGNES.

du P. de la Charme que j'adopterois avec plaifir, fi les paffages des Annales Chinoifes que j'ai cités dans cette Lettre, n'étoient pour moi une autorité dont je crois ne devoir point m'écarter.

**

TABLE

DES

AUTEURS

CITÉS DANS CET OUVRAGE,

A

BDALLAH, fils de Rizvan pacha. Hiftoire des Khans de Crimée, en Turc, & traduite en François par un des Enfans de Langue. ABOULFARADGE. Hiftoria Dynaftiarum Gregorii Aboulfaradgii, imprimée en Arabe à Oxford en 1663, & traduite en Latin.

Cet Ouvrage contient une Hiftoire générale depuis la création du monde jufqu'en 1199. Il eft divifé en dix Livres, dont les huit premiers font peu confidé rables; le neuvieme, qui eft le plus étendu, contient l'hiftoire des Mufulmans, mais elle est si abrégée, qu'elle ne peut être d'une grande utilité. Elle mérite

A.

cependant d'être confultée à caufe des anecdotes littéraires que l'Auteur y a rapportées. ABOULFEDHA, eft Auteur de deux Ouvrages écrits en Arabe. Le premier eft intitulé, Tekouim el boldan. C'est une Géographie univerfelle fort eftimée dans l'Orient. Le second eft une Hiftoire générale qui eft une des meilleures que nous ayons. Ces deux Ouvrages font à la Bibliotheque du Roi. ABOULMAHASEN. Hiftoire générale d'Egypte. Ouvrage très-curieux & très-étendu. C'eft le même que lui de TANGRI BARDI. ADONIS Chronicon.

ce

AINTABI (Bedreddin mahmoud el) Chronique dans laquelle l'Auteur rapporte un abrégé de l'Hiftoire de Syrie & d'Egypte. Cet Auteur vivoit l'an 803 de l'Hegire, de J. C. 1400. ALFERGHANI, ou ALFRAGAN. AGATHIÆ MARINENSIS SCHOLASTICI Hiftoria, imprimée dans le Recueil de la Byzantine. AHMED BEN ARABSCHAH, Vi. tæ & rerum geftarum Timuri qui vulgò Tamerlanes dicitur, Hiftoria. Arabicè. Imprimée à Leyde en 1646 in-4°. & traduite en François par Vattier. ALBERTI AQUENSIS Hiftoria Hierofolymitana expeditionis, imprimée dans le Gefta Dei per Francos. AMMIANUS MARCELLINUS in-fol. Parif. 1681. ANBERTKEND. C'eft un Livre traduit de l'Indien en Perfan, & du Perfan en Arabe. Il contient plufieurs pratiques fuperftitieufes des Indiens. Cet Ouvrage eft à la Bibliotheque du Roi. ANNALES RUSSIENNES. Ces Annales qui portent le titre de Stepenna kniga, com

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mencent en 852, c'est-àdire,à la fondation de l'Empire des Ruffes, & finiffent en 1630. M. de L'ifle en avoit fait à Petersbourg un extrait très étendu qu'il m'a communiqué. ANNE COMNENE Alexias. Dans le Recueil de la Byzantine. ANVILLE (d') Eclairciffemens géographiques fur la Carte de l'Inde. Paris, 1753, un vol. in-4°. ASCELIN. Voyage de Frere Afcelin & fes compagnons, vers les Tartares,l'an 1247. imprimé à la fuite de celui de Plancarpin dans le Recueil de Bergeron. ASSEMANI (Jofeph Simon) Bibliotheca Orientalis Clementino-Vaticana, &c.Ro mæ, 1719. 4 vol. in-fol. AVRIL. Voyages en divers Etats d'Europe & d'Afie, entrepris pour découvrir un nouveau chemin à la Chine, &c. Paris, 1692, un vol. in-4°. AUTORIS INCERTI Chronographica Narratio de regno Leonis, filii Bardæ Armeni. Imprimée dans la Byzantine.

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BALDRICUS. Hiftoria Hierofolymitana,à Baldrico Epifcopo Dolenfi. Imprimée dans le Gesta Dei per Fran

COS.

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1711. 2

BANDOURI (Dom Anfelm.) Imperium Orientale, five Antiquitates Conftantinopolitanæ. Paris vol. in-fol. BASNAGE. L'Hiftoire & la Religion des Juifs, depuis J. C. jufqu'à préfent. Rotterdam, 1707.5 vol. in-12. BEAUPLAN.Relation des Tartares de Crimée, inférée dans le Recueil des Voyages au Nord, T. VII. BEAUSOBRE. Hiftoire du Manichéïfme. BEIDAWI. Cet Hiftorien qui a écrit en Perfan, a mis dans fon Ouvrage un abrégé de l'Hiftoire de la Chine qui eft tirée des Annales Chinoifes. BEN BATRIK.Hiftoire abrégée des Khalifs.

BEN ELATHIR ( Aboul haffan aly azzeddin). Hiftoire des Atabeks. Cet Ouvrage eft fort curieux, & mérite d'ê

B.

tre confulté pour les Croifades. Il parle des Francs avec éloge. BENJAMIN DE TUDELE. Voyage autour du monde, l'an 1173. imprimé dans le Recueil de Bergeron, T. 1. BENKHaldoun. BENSCHOUNAH. Hiftoire univerfelle depuis le commencement du monde jufqu'en 806 de l'Hegire, de J. C. 1403. C'est une Hiftoire abrégée de l'Empire des Mufulmans. Elle n'eft proprement qu'un abrégé d'Aboulfedha. Benfchounah eft mort l'an 806 de l'Hegire, de J. C. 1403. BERGERON. Traité des Tartares, de leur origine, pays, peuples, &c. imprimé dans fon Recueil de Voyages.

Abrégé de l'Hiftoire des Sarrafins, par le même. BOHAEDDIN. Vie de Saladin, en Arabe, imprimée avec la traduction Latine de M. Schultens,à Leyde en 1732. un vol. in-fol. BONDARI. Hiftoire des Seljoucides de Perfe,en Arabe,

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