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Caufes de la

quirent, ne peuvent être comparés aux Sabins, aux Céniniens, aux Antemnates que par la crainte que ceuxci pouvoient infpirer aux Romains. Leur Fortune étoit à peu près égale, & quoique ce ne fût de part & d'autre qu'une troupe de Laboureurs ignorans, les Romains, toute proportion gardée, n'avoient pas des Ennemis moins dangereux que les premiers François..

des Romains.

C'est peut-être même dans leurs premieres Guerres que les Romains. paroiffent le plus admirables à decertains yeux. Dans la fuite on découvre aifément la caufe de leur fupériorité fur leurs Ennemis. Mais à la naiflance Rome étoit dans une efpece d'égalité avec fes Voifins & l'on doit être furpris de voir unefeule Ville qui fuffit à une Guerrecontinuelle, & qui foumet tour à tour tous les Ennemis..

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Sans doute que fi l'Hiftoire nous fupériorité inftruifoit des mœurs & du Gouvernement des petits Peuples d'Italie, nous у découvririons la caufe de leur ruine. Il faut attribuer les triomphes. prefque continuels de la République Romaine aux, vices du Gouverne

ment de fes Voifins. Tandis que l'égalité qui s'établiffoit parmi les Romains, les intéreffoit tous à la confervation & à la gloire de leur Patrie, les Loix de la Démocratie ou de l'Ariftocratie n'infpiroient point à leurs Ennemis les mêmes fentimens. Combien de Villes dûrent fuccomber fous les orages aufquels l'inconftante Athenes étoit fujette, ou perdirent une liberté que leur Peuple défendit mal, & qui fut facrifiée aux paffions de leurs Magiftrats! La République Romaine ne fe repofa jamais, fes Voifins l'attaquoient fucceffivement, & elle fut toujours fupérieure, parce qu'elle oppofoit à des Armées que la Paix avoit énervées, des Soldats qu'un exercice continuel des Armes avoit rendu invincibles.

Après plufieurs fuccès il fe forma naturellement dans l'efprit des Soldats Romains, une certaine confiance qui leur fit croire que la victoire leur appartenoit, & que les Augures & la Religion ne leur promettoient point en vain l'Empire du Monde. Ce fentiment de l'ame eft la difpofition la plus favorable à la Guerre; il donne la vigueur propre à attaquer, & il eft

fuivi dans la défaite d'un certain dépit qui rallie avec courage des Soldats qu'une force fupérieure avoit ébranlés..

Il eft impoffible de rendre un compte exact des Guerres que firent nos Rois de la premiere & même de la feconde race. Je fçai qu'on peut en accufer l'ignorance des anciens Hiftoriens, mais je crois auffi, fi l'on peut pénétrer à travers l'obfcurité de tant de fiécles, que les Mérovingiens entraînés par une ambition aveugle, ne fe propofoient. pas toûjours un plan bien digéré. On voit plufieurs de ces Princes qui infultent leurs Alliés en marchant contre leurs Ennemis, & qui fufpendent leur marche pour prendre une Ville, par la feule raifon qu'elle eft à leur bienféance, ou qu'elle eft mal gardée.

C'est avec regret que je paffe fous filence les évenemens d'un regne auffi glorieux que celui de Charlemagne. La Difcipline Militaire des François fit des progrès confiderables, & il nous refte encore les Réglemens les plus fages pour tout ce qui regarde la Police des Armées de ce tems-là. La République Romaine n'a point cû de Citoyen qui ait pof

que

fédé plus de talens pour la Guerre Charlemagne, & aucun n'a eû de fi grands fuccès; mais comme le Gouvernement de la Monarchie Françoise n'étoit point affermi, & que fon luftre paffager devoit faire place à la Guerre Civile & aux ravages des Normands, je ne parlerai point des progrès de ce regne dont on ne peut tirer une inftruction particuliere.

des Saxons.

Qui ne feroit cependant frappé Parallele des des traits de reflemblance avec lef- Samnites & quels l'Hiftoire nous peint les Samnites & les Saxons? On voit en eux la même valeur dans les combats, la même fierté dans les bons fuccès, la même opiniâtreté après les défaites les plus completes & les plus confécutives. Ces deux Peuples toûjours vaincus & jamais domtés, réparent leurs forces avec la même promptitude, & courent avec la même fureur à leurs Ennemis, pour leur enlever une victoire qu'ils croyent toujours équivoque, & qui ne paffe que rarement de leur côté.

Les Samnites firent par paffion & par haine pour les Romains, tout ce qu'une bonne Difcipline & un fage

Gouvernement firent entreprendre à ceux-ci. Le défefpoir tint lieu d'un Charlemagne aux. Saxons pour les conduire. Rome avoit foumis toute la terre, & les Samnites n'avoient pas encore defefpéré de leur liberté. . Les Saxons fouvent attaqués par les Rois Mérovingiens, forcés dans leurs deferts par Pepin le jeune, par Charles Martel & fon fils, fe révolterent huit fois contre Charlemagne, & huit fois dans le cours d'une Guerre qui dura trente-trois ans, ils furent punis avec toute la rigueur d'un Prince qui fe laffoit de les vaincre inutilement..

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gnorance Les François n'eurent point des des Romains fuccès auffi conftans que les Romains; sois dans la leur valeur étoit un pur don de la na

& des Fran.

Guerre,

ture, & non pas l'ouvrage d'une dif-. cipline aufteie & rigide; ils furent par conféquent quelquefois défaits: fans apprendre à vaincre. Par l'effet d'une confiance aveugle qui accompagnoit leur caractere, ils mépriferent toutes les reffources que ne leur auroit pas fourni leur courage. Ils dédaignoient d'employer ce que les maximes les plus triviales de la GuerLe ordonnent pour la fûreté d'une

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