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parés des Gaules, autant par leur politique (a) que par la force, ne se repoferent point en Conquérans laflés de leur gloire. Sans connoiffance d'aucun art qui pût les occuper audedans de leurs familles, & confommer cette activité qui leur rendoit le repos infupportable, entourés de Barbares comme eux, & entre lefquels il ne pouvoit y avoir encore . aucun lien que la politique ou la morale rendiffent folide, ils fe livrerent toûjours à l'impétuofité de ce génie qui, jufques alors, avoit, pour ainfi dire, été leur feul Légiflateur.

Les François étoient enfevelis dans une ignorance trop profonde des principes politiques du Gouvernement, pour ne pas former une Société

(a) Il s'en faut bien que les François comme le prétend M. le Comte de Boulainvilliers, ayent réduit les Gaulois en fervitu de. Voyez la fçavante Hiftoire critique de M. l'Abbé du Bos. Grégoire de Tours donne en effet une idée bien différente de la politi que de Clovis. Burgondionibus mitiores leges inftituit ne Romanos opprimerent. L. 1. De là l'empreffement des Gaulois à trahir leurs Maîtres pour paffer fous l'obéiffance des François. L'on a déja vû L. 2. p. 174. cn quoi confiftoit cet Esclavage.

Militaire. Leur groffiereté ne leur laiffoit aimer que les Armes, ils furent agités par des Guerres continuelles; la défaite des Vifigots, des Bourguignons, des Turingiens, &c. les livra à eux-mêmes, & ils tournerent alors leurs Armes les uns contre les autres. Il étoit difficile que le repos pût adoucir peu à peu leur caractere, la Loi de fucceffion qui partageoit, comme je l'ai déja dit, le Trône entre tous les Princes, tenoit leur efprit toujours préparé à la Guerre Civile; toutes les inimitiés particulieres & tous les différens domeftiques devenoient par ce partage des affaires d'Etat, & une fource intariffable de divifions. Dans la fuite le Gouvernement fondé fur les Loix des Fiefs, produifit le même effet, & nourrit de plus en plus les préjugés que les François avoient apportés dans les

Gaules.

Romulus avoit toutes les qualités qui caractérisent un Conquérant, & fes Sujets n'étoient que trop portés a adopter fes paffions. Les premiers avantages que les Romains remporterent de leurs courfes, furent le pilla ge de la récolte que leurs Voifing

avoient femée, ils moiffonrerent leurs champs avec l'épée, & enleverent leurs troupeaux. Quel fut, & dut être le premier fentiment de ces Peuples, quand d'une Ville qui étoit devenue, fi l'on peut parler ainfi1, l'égoût de toute l'Italie, ils virent fortir une foule de Vagabonds, qui prétendoient exercer une tyrannie publique, tandis qu'ils ne devoient fonger à fe fervir des murailles de Rome que pour fe dérober ou aux Loix ou aux fers de leurs anciens Maîtres? La néceffité ne les justifia point, & ils devinrent fi odieux qu'un Peuple auroit cru fe deshonorer en s'alliant avec eux par le mariage.

Les Romains fe virent dans cette extrémité, ou de voir périr avec eux leur nouvel établiffement, ou de violer à fois tous les droits des Gens en conquérant des femmes par la trahifon & par la force. Perfonne n'ignore l'hiftoire de l'enlevement des Sabines, & cette nouvelle perfidie les rendit l'horreur de l'Italie. La haine de leurs Voifins leur fut utile, elle les fit Soldats malgré eux, & entretint ce génie guerrier que le

Militaire. Leur groffiereté ne leur laiffoit aimer que les Armes, ils furent agités par des Guerres continuelles; la défaite des Vifigots, des Bourguignons, des Turingiens, &c. les livra à eux-mêmes, & ils tournerent alors leurs Armes les uns contre les autres. Il étoit difficile que le repos pût adoucir peu à peu leur caractere, la Loi de fucceffion qui partageoit, comme je l'ai déja dit, le Trône entre tous les Princes, tenoit leur efprit toujours préparé à la Guerre Civile; toutes les inimitiés particulieres & tous les différens domeftiques devenoient par ce partage des affaires d'Etat, & une fource intariffable de divifions. Dans la fuite le Gouvernement fondé fur les Loix des Fiefs, produifit le même effet, & nourrit de plus en plus les préjugés que les François avoient apportés dans les Gaules.

Romulus avoit toutes les qualités qui caractérisent un Conquérant, & fes Sujets n'étoient que trop portés adopter fes paffions. Les premiers avantages que les Romains remporterent de leurs courses, furent le pilla ge de la récolte que leurs Voifing

avoient femée, ils moiffonr erent
leurs champs avec l'épée, & enle-
verent leurs troupeaux. Quel fut, &
dut être le premier fentiment de ces
Peuples, quand d'une Ville qui étoit
devenue, fi l'on peut parler ainfi1,
l'égoût de toute l'Italie, ils virent
fortir une foule de Vagabonds, qui
prétendoient exercer une tyrannie
publique, tandis qu'ils ne devoient
fonger à fe fervir des murailles de
Rome que pour
fe dérober ou aux
Loix ou aux fers de leurs anciens
Maîtres? La néceffité ne les justifia
point, & ils devinrent fi odieux
qu'un Peuple auroit cru fe deshono-
rer en s'alliant avec eux par le ma-
riage.

Les Romains fe virent dans cette extrémité, ou de voir périr avec eux leur nouvel établiffement, ou de violer à fois tous les droits des Gens en conquérant des femmes par la trahifon & par la force. Perfonne n'ignore l'hiftoire de l'enlevement des Sabines, & cette nouvelle perfidie les rendit l'horreur de l'Italie. La haine de leurs Voifins leur fut utile, elle les fit Soldats malgré eux, & entretint ce génie guerrier que le

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