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INTRODUCTION

GENERALE

A L'ETUDE

DES

BELLES LETTRES,

§. I.

Des Belles Lettres en géneral.

(Es Etudes dont nous avons parlé jufqu'à présent, regardent les Devoirs, & font une préparation utile aux Emplois. Nous avons dit que les devoirs doivent être le premier H 2

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objet de nos foins; on ne fauroit trop le répéter, & c'est une vérité que l'on ne devroit jamais perdre de vûë. Les Sciences, fuivant ce principe, méritent nôtre principale attention par le rapport inévitable qu'elles ont refpectivement avec les emplois aufquels la Providence trouve bon de nous attacher, mais en fuppofant qu'on leur a donné le temps & l'application qu'elles demandent, rien n'empêche que ne donne auffi quelques heures à un autre genre d'Etudes qui fervent à orner l'Efprit. C'est par rapport à ces ornemens qu'on les appelle BELLES LETTRES, & on nomme Beaux Efprits ceux qui les cultivent avec fuccès.

l'on

Avant que d'entrer dans le détail des Réflexions que mérite ce fujet, il ne fera pas inutile d'examiner en peu de mots s'il convient à un Chrétien de fe faire une oc

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cupation férieufe de ces fortes d'études.

Si d'un côté l'on confidêre que pour les pofféder jufqu'à un certain point, il en coute un temps qui est d'autant plus précieux qu'un moment bien mênagé peut nous valoir une êternité de bonheur 11 paroîtra qu'il feroit infiniment plus avantageux de s'appliquer à bienfaire qu'à bien parler.

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Il n'y a nulle comparaifon de l'un à l'autre & s'il étoit néceffaire d'opter, il y auroit de l'extravagance à balancer un feul inftant. Mais font-ce des chofes incompatibles, & l'une exclut-elle abfolument l'autre? Non, fans doute; on peut réunir ces deux avantages, & l'expérience n'en eft point rare. d'ailleurs on penfe que l'efprit a befoin d'un dêlaffement honnête; on ne lui refufera point celui que lui offrent les Belles-Lettres.

Si

Le plaifir qu'elles procurent eft très-innocent, quand on ne fort point des bornes d'une fage difcrêtion; generalement parlant, elles fervent à polir le même efprit que l'on tâche d'enrichir par les études graves & ferieufes. On peut s'appuyer de l'exemple de Peres de l'Eglife dont quelques-uns ont fait un excellent ufage des Belles-Lettres. Dans ces derniers temps on a publié quantité de livres de piêté dont la lecture fait fentir que ceux qui les ont compofez, n'ont pas crû les Belles-Lettres indignes d'un Chrêtien. Il s'agit donc de ne s'y pas livrer d'une maniere qui dèrobe le temps & l'application que nous devons à nôtre Etat,

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