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à une Sociéte particuliere, à tout le Genre humain. Voilà la fource des Devoirs de l'Homme & du Citoyen.

La régeneration que nous recevons au Baptême, nous rend Chrétiens; par là nous appartenons à l'Eglife & à Jefus-Chrift: de là naiffent les Devoirs que la Religion impofe.

Toutes nos Etudes doivent fe rapporter à quelques-uns de ces Devoirs auxquels nous fommes obligez, ou comme Hommes, où comme Citoyens, ou comme Chrétiens.

Nos Befoins, auffi-bien que nos Devoirs, fe rapportent à ces trois états. Il y a des Devoirs communs à tous les hommes de quelque rang qu'ils foient. Il y en a qui font particuliers à chaque pays, ou à chaque état. Il en eft de même des Befoins.

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Nous avons fait voir qu'il vaut infiniment mieux fe mettre foi-même en état par fes études de connoître ce qui a rapport à nos devoirs, que d'étre reduits à emprunter un fecours étranger. J'ajouterai cette reflexion; favoir, que perfonne n'a tant d'intérêt que nousmêmes à connoître nos Devoirs & à nous procurer les avantages qui font attachez. Il faut donc les étudier nous-mêmes.

Comme nos études doivent fe rapporter à nos Devoirs & à nos Befoins, il eft tres avantageux de prévoir de bonne heure notre état de vie; afin de diriger nos études vers ce but.

S. V.

Que les Etudes doivent se rappor

C

ter à nos Devoirs.

E choix dépend fouvent de nos parens, ou au moins de ceux qui président à nôtre éducation. Il y a peu de gens qui arrivent à l'âge de vingt ansfans, avoir été destinez à quelque emploi, ou à quelque genre de vie. Quand cette deftination s'accorde avec l'inclination & le caractere d'efprit du fujet, il ne faut plus qu'un bon guide & de l'application. Mais quand cet accord ne fe trouve pas, il arrive de deux chofes l'une; ou que cet homme déplacé remplit mal les obligations d'un état pour lequel il n'étoit pas né; ou que s'il embraffe enfuite lui-même un autre parti, il eft réduit par ce changement à pren

dre

dre de nouvelles leçons dans un âge où il feroit tems de les mettre en œuvre. Peu s'en faut qu'il ne foit dans le cas d'un Laboureur qui ayant malheureufement perdu le tems de la véritable faifon du travail, fe mettroit à femer, lors que les autres commencent à faire la moiffon. J'oferai même ajouter que le malheur du Laboureur n'eft pas fi grand; il peut fe dédommager l'année d'après; mais un homme qui a mal-employé fa jeuneffe; n'en doit point efperer d'autre. Le temps qui fuit immédiatement celui de l'enfance, eft deftiné aux élemens des fciences. Heureux qui fournit de bonne heure cette carriere fous un bon maître! Quel homme n'eûtce pas été que M. Pascal, fi fa fanté lui eût permis de continuer fes études avec la même application, & avec la même proportion dans les progrès, jusqu'à l'âge de cinquante ou de foixante ans! §. VI.

§. VI.

Du Motif qui doit nous porter l'Etude.

JE

E ne voudrois point que l'ambition fût le principal motifdu courage avec lequel on embraffe le travail de l'Etude. Je fais que le défir de la gloire a fouvent eu beaucoup de part aux entreprises de ceux qui fe font diftinguez dans les fçiences; mais après tout, cette gloire n'eft qu'une fumée, qui fe forme & fe détruit aifément. Elle n'a rien de fort folide par elle-même.

Etudier pour acquerir la réputation d'être fayant, c'eft l'acheter beaucoup trop cher. Nos Lectures ne doivent aboutir qu'à nous rendre meilleurs, plus gens de bien & plus propres à nous acquiter de l'emploi auquel il plaît à la Providence de nous attacher.

S. VII.

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