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poéme fanfaron; Charlemagne par le Laboureur poéme lâche & fans poétie; le Childebrand poéme auffi barbare que le nom du heros; LeS. Paulin de Perrault poéme doucereux, où rien n'eft louable que la pieté du fujet; Le St. Louis du P. le Moine, poème hyperbolique, & plein d'un feu déreglé; la Pḥarfale de Brebeuf Gazette ou régne une enflure perpetuelle; l'Iliade de la Motte ou Homere eftropié ; & la Henriade de Voltaire. Ce dernier eft moins un poème épique qu'un amas de defcriptions & de portraits affez bien verfifiez pour la plupart.

Ces deux derniers poètes ont bien fenti, qu'un poème dans les regles dejà établies, étoit au deffus de leurs forces. Ils ont cru mieux trouver leur compte à imaginer de nouvelles loix qu'ils ont publiées dans des difcours fur le poème épi

que.

175 que. Le public qui de fon côté s'eft apper çû qu'ils n'y cherchoient qu'à pallier leurs fautes, n'a point pris le change & s'eft obstiné à les renvoyer aux régles.

§. X V I.

De quelques autres Poémes.

N peut mettre au nombre des Poémes épiques le Lutrin de Defpreaux chef d'œuvre unique en fon genre. Mais fous quel nom rangerons-nous certains poémes qui femblent faits fur le modéle du Poéme de Lucrece ou des Georgiques de Virgile? Ils fortent du genre épique; ce n'eft point une Fable morale embellie par des épisodes & où la fable & le miniftre des Dieux foient employez felon l'art. L'Auteur choisit un fujet affez fimple & inftructif pour l'ordinaire; il le traite en vers, l'orne de digreffions

qui ne foient pas trop étrangères à fon fujet & partage fon ouvrage en plufieurs chants. Tels font l'Art Poétique de Defpréaux; l'Art de Précher, & le Poéme de l'Amitié par l'Abbé de Villiers; & quelques

autres.

§. XVII.

Des Romans.

Ous appellons Romans des

NOUS ouvrages où l'auteur s'em

baraffant peu de la Vérité hiftorique, choilit un fujet feint en tout, ou en partie, & l'orne de tous les épifodes qui lui paroiffent propres à exciter la curiofité & à entretenir l'attention du Lecteur, jufqu'au denouement qui en fait la fin. Il a foin de la reculer toûjours par des obftacles qui femblent ôter l'efperance d'un heureux fuccès, fans pour

pourtant la detruire entierement. Il fait paffionner fon lecteur par des évenemens imprévus, qui retardent la felicité de deux Amans aufquels on s'interesse d'autant plus que leurs avantures font plus fingulieres.

L'Amour eft l'ame de ces fictions, tout s'y rapporte & les autres paffions n'agillent que pour le rendre plus éclatant. Pour apprendre l'hiftoire de ce genre d'écrire & des principaux ouvrages que diverfes nations ont produits, il n'y a qu'à lire la Lettre de Mr. Huet à Mr. de Segrais fur l'Origine des Romans. On y trouve des détails très-curieux fur les Romans des Grecs, = & fur ceux de nôtre nation. Elle a été écrite à l'occafion de Zaïde au devant de laquelle elle eft imprimée. Ajoutez à cette lettre ce que Chapelain a écrit de la Lecture des vieux Romans. Vous le trouPart. II.

M

verez

verez au VI. Volume des Memoires de Litterature & d'Hiftoire.

Je n'aurois point parlé en ce lieu de cette forte de livres, fi quelques Auteurs ne regardoient pas les Romans comme une efpéce de poéme épique. Dans un fens ils ont raifon; les régles du poème épique devroient y être obfervées; mais avec cette différence que le fujet en doit étre très-différent. Il faut que celui du poème épique foit noble, heroïque, inftructif. Que l'Amour bien exprimé fourniffe un charmant épifode, comme on voit dans Virgile l'amour d'Enée & de Didon fi heureusement mis en œuvre; A la bonne heure. Mais cette paffion ne mérite point de faire tout le fonds du fujet : Elle peut tout du plus lui être fubordonnée.

Il est pourtant vrai que le Roman a été long-temps une imita

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