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effentielle de lui-même, & de la fcience des grands Calculs dont il a fi fouvent occafion de fe fervir. Chaque fcience peut devenir l'objet capital d'un homme fage, dès qu'elle a un rapport utile à fon état. L'AFtronomie eft neceffaire à l'Homme de mer; l'Anatomie au Médecin & au Chirurgien; l'Algébre au Calculateur & au Géometre; mais un homme qui n'eft ni Navigateur, ni Chirurgien, ni Calculateur, ni Géometre de profeffion, ne doit jamais, s'il eft fage, faire fon capital de ces fciences. Il a d'autres devoirs, d'autres befoins, qui demandent ailleurs fon attention.

§. X I.

Sciences generalement utiles.

I'à Your Lya pourtant des fciences utiles à tous les hommes generalement.

Ce font celles qui enfeignent à penfer jufte; qui accoutument l'efprit à marcher fagement dans fes operations, à ne fe point payer de raifons fpécieufes & éblouiffantes, ou qui enfin détachent nôtre ame de l'habitude qu'elle a contractée dans l'enfance de fe préter plus volontiers aux objets materiels, qu'à ce qui eft purement intellectuel.

§. XII.

Sciences qu'il ne faut que parcourir.

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y en a d'autres qui ne font utiles que jufqu'à un certain point. Il en eft d'elles comme de certains pays où il eft bon d'avoir fait quelque féjour pour les connoître; mais où il y auroit de la folie à vouloir s'établir. Tels font en géneral les Arts & les Sciences qui ont l'ornement de l'efprit pour objet & qui

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ne portent point leur utilité au de-. là d'un agrément honnête, comme la Poéfie, la Mufique, la Peinture; dès que l'on n'eft pas né né pour être Poéte, Muficien, ou Peintre de profeffion. Il y a auffi des fciences dont l'utilité eft plus réelle & qui pourtant ne doivent être cultivées que modérement par ceux qui n'en doivent pas faire une profeffion particuliere.

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§. XIII.

Ordre des Etudes.

De l'Etude des Langues.

y a bien de la différence, en-. tre un jeune homme qui a paffé l'âge deftiné à apprendre le Grec & le Latin, où qui veut fe borner à la feule langue Françoife, & un jeune Enfant qui a encore tout le temps d'étudier ces deux langues. B 3

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Cela dépend de la deftination qu'il fait ou que fes parens font pour lui.

Un Ecclefiaftique ne fauroit fe paffer de l'Hebreu & du Grec, à caufe des Textes de l'Ecriture fainte dont les Originaux font écrits en l'une ou en l'autre de ces deux langues. Je fais que quantité de Gens d'Eglife les ignorent entierement; auffi en trouve-t-on peu qui lifent l'Ecriture fainte d'un bout à l'autre, avec tout le fruit qu'ils en tireroient,s'ils y apportoient cette preparation. Les Commentaires font un foible fecours fans l'Etude du Texte; à plus forte raison le Latin eft néceffaire, pour la récitation & l'intelligence des faints offices.

L'Hebreu & le Grec ne font qu'une pure curiofité pour un homme de condition deftiné aux emplois de la guerre ou du cabinet. On ne peut pas dire la même chofe du La

tin. Quantité d'Hiftoires, de Differtations, d'Actes, & de Traitez, font originairement en latin. On perd toûjours quelque chofe à ne pouvoir lire foi-même les originaux. Suppofons pourtant qu'un jeune Enfant doive étudier les Langues; comme l'ufage veut que l'oncommence par le Latin, je lui ferois lire l'Abrégé de la Méthode de Port Royal, & je lui apprendrois l'u fage des Dictionnaires. Je préférerois ceux où l'on a eù égard à la pureté des deux langues, comme celui du P. Tachard, après quoi je lui ferois lire les Fables de Phedre, quelques Epitres de Ciceron, les Bucoliques de Virgile, les Comédies de Terence, les Commentaires de Jules-Cefar, l'Eneide de Virgile, fes Georgiques, Tite-Live, les Oraifons de Ciceron; Je lui ferois lire auffi la grande Methode de Port-Royal & parcourir tous les bons auteurs

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