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deux mers, & fur lequel il la fait paffer legerement.

Le défaut que l'on pardonne le moins aux Auteurs de Romans, c'est la froideur & l'ennui. Il faut que leur ftyle foit pur; on ne leur demande point l'éloquence dans les récits: elle y feroit fouvent hors d'œuvre; mais on exige d'eux l'éloquence des paffions qu'il doivent faire valoir dans toutes les occafions qui s'en préfentent. Chaque paffion a fon ftyle & fa maniere de s'exprimer. C'eft à quoi la plûpart des Ecrivains ne prennent point affez garde. Je me bornerois donc à ce peu de Romans que je viens de nommer en dernier lieu; encore n'en voudrois-je pas faire une étude. Je les regarde comme un amufement innocent, lorfqu'on ne leur donne que quelques heures où l'on veut fe délaffer. Mais ce feroient des heures véritablement

per

Perdues que celles qu'on leur donneroit de plus au prejudice des études plus folides. La perte de temps n'eft pas toûjours le plus grand danger qu'il y ait à craindre dans les mauvais Romans. On s'y gate le goût, on y prend de fauffes idées de la vertu, on y rencontre des images obfcénes, on s'apprivoife infenfiblement avec elles; & on fe laiffe amollir par le langage féduifant des paflions, fur tout quand l'auteur a fù leur prêter les couleurs les plus gracieufes.

§. XVII I.

DU POEME DRAMMATIQUE,

E poéme Drammatique comprend fous lui la TRAGEDIE, la COMEDIE la PASTORALE & POPERA; ce font quatres chofes bien differentes pour le fonds

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quoiqu'elles ayent bien des régles qui leur font communes.

Les anciens ne connoiffoient gueres que les deux premieres; au moins les regles qu'ils ont laiffées pour le Theatre fe bornent au Tragique & au Comique. Le premier a été fort loin chez les Grecs nous en parlerons en fuite; La Comedie étoit divifée en plufieurs efpeces, tant chez les Grecs, que chez les Latins.

Les Livres qui traitent du Poéme Drammatique font la Poétique d'Ariftote, l'Art Poétique d'Horace, celui de Defpréaux,les Reflexions du P. Rapin fur la Poétique ; & la Pratique du Théatre, par l'Abbé d'Aubignac, l'homme de France qui avoit le mieux étudié ces matieres. Avant que de parler de l'état où eft arrivé le théatre François, nous dirons quelque chofe du théatre Grec & du théatre Latin.

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I. DU THEATRE GREC.

E Théatre Grec n'eft pas encore traduit entiérement en nôtre langue; nous avons feulement deux traductions de l'Oedipe de Sophocle l'une par Mr. Dacier, l'autre par Mr. Boivin, & l'Electre traduite par le premier; Madame Dacier a donné en François les Nuées & le Plutus d'Ariftophane. Mr. Boivin a donné les Oiseaux du même Comique. Le Pere Brumoy Jefuite a publié l'Hiftoire du Théatre Grec.

L

II. DU THEATRE LATIN.

E Théatre Latin ne confifte

plus qu'en deux comiques; favoir Plaute & Terence, & en un Tragique qui eft Seneque. Madame Dacier a traduit les fix Comédies

de

de Terence & trois de Plaute; favoir l'Amphitryon, l'Epidicus & le Rudens. Elle a joint à cette traduction un examen de ces trois comedies felon les regles du Théatre. Mr. Cofte en a traduit une quatriéme favoir les Captifs: Mr. de Limiers a tâché de traduire les feize autres de la même maniere. Plaute excelle par la vivacité de l'action. Surfon Théâtre tout eft occupé, rien ne languit & le jeu en eft admirable. Terence n'a pas tant de jeu; mais il l'emporte par la juftelle des caracteres; il eft plus uni, moins animé, mais plus raifonnable. Il ne nous refte rien des autres Comiques que quelques fragmens citez par les grammairiens. Horace nous apprend que de fon tempsFundanius excelloit pour le Comique. Tout cela a peri auffi bien que les Tragedies de Pollion,laMedée d'Ovide & quantité d'autres ouvrages Part. II. Dram

N

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