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vient à leur caractere. Le rafinement, les penfées trop recherchées, ne conviennent point à ce genre de Poéfie. Les Italiens ont trois fameufes Paftorales entre autres, favoir l'Aminte du Taffe; le Paftor Fido de Guarini & la Phillis deScire de Bonarelli. Ces trois ouvrages ont été traduits en vers François par l'Abbé de Torches, mais il y a fait des obmiffions fur tout au Paftor Fido. Je ne fai s'il eft néceffaire d'avertir qu'il eft demeuré fort audeffous de fes originaux.

Nous avons en François plufieurs Paftorales, la Clorife de Baro, l'Amarante de Gombauld, l'Amarillis de Du Rier, celle de Rotrou, retouchée par Tristan, la Silvie de Mairet; &c. Tous ces ouvrages qui ont eu quelque reputation dans leur nouveauté, font prefque entiérement oubliez; il n'y a guères que les Bergeries de Part. II. O Racan

Racan qui ayent confervé jufqu préfent une approbation affez generale, malgré laquelle il y a fans doute plus de gens qui les louent, qu'il n'y en a qui les lifent.

L'

ballet

IV. DE L'OPERA.

E Drammatique & le Lyrique joints enfèmble, forment un genre de Spectacle que nous avons emprunté des Italiens. Son origine vient des Danfes Hiftoriées, où les perfonnes qui exécutoient un empruntoient les habillemens des Dieux, ou des Heros. Pour marquer leurs caracteres, ou plutôt celui du perfonage qu'ils répréfentoient, on l'exprimoit par un récit; on entremêloit les Danfes de Chants. Cela donna lieu à des Scenes que l'on rendit plus intereffantes en les animant par une action à laquelle elles fe rappor

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toient. On fit plus; on donna à cette action un noeud pareil à celui du poème drammatique ; & avec le temps, cette action devint le fonds du fpectacle & la danfe n'en fut plus que l'acceffoire.

Les Chœurs, les changemens de Théatre caufez par la puillance des Dieux ou des enchanteurs, ref fource aifée qui ne manque jamais au poéte dans le befoin; une dépense vraiment royale pour les décorations & pour les habits; & mille autres agrémens, feduifent un Spectateur qui aime le chant & la danfe, jufqu'à lui faire oublier le ridicule extréme de cette invention. En effet il n'eft point naturel qu'un Heros dans les fers, une Amante prête à fe poignarder, une Jaloufe en fureur, expriment tous tes leurs différentes paffions en chantant.

Autre défaut qui eft effentiel à
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l'Opera; les vers pour être extrẻmement doux font pour

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l'ordinaire fans force, fouvent mêmes compofez fur la mefure que fournit le Muficien '; fur tout dans les airs de mouvement.N'importe;malgrè des défauts fi géneralement reconnus, l'Opéra eft devenu un des befoins des grandes villes de France. Nous n'en disons rien par raport à la Mufique. Ce n'eft pas encore le lieu d'en parler; nous ne le confidérons ici que par raport à la poéfie. Quinault a fait un grand nombre d'Opera. Ce font des chefsd'œuvre dans ce genre qui demande un talent particulier. Ceux qui l'ont fuivi, n'ont pû l'atteindre, Mrs. la Motte, Danchet, Fufelier, & quelques autres, font ceux qui en ont approché le plus prèş.

§. XIX.

L

§. X I X.

De L'Eglogue.

Es Anciens qui nous ont laiffé des Eglogue, en ont fait de différentes manieres. Dans quelques-unes, c'eft un fimple récit d'une action paftorale & il n'y a que le poète qui parle: Cela tient de l'Epique. Dans d'autres le poéte introduit deux ou trois Bergers qui parlent entre eux & ne paroît pas lui-même : Cette derniere efpéce entre dans le Drammatique. Colletet a autrefois écrit un dif cours fur le poème Bucolique & il y traite felon fa portée de l'Eglogue, de l'Idyle & de la Bergerie. C'eft un in 12 imprimé en 1657.

Il y établit une différence entre Idyle & Eglogue. Cependant Defpréaux n'y en met point dans fon 0 3

art

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