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pour l'Eglogue; par ce qu'il a dit dans fa neuvième Satire.

Viendrai je en une Eglogue, entouré de trou

peaux,

Au milieu de Paris enfler mes Chalumeaux Et dans mon cabinet affis au pied des bêtres, Faire dire aux Echos des fotifes champêtres ?

Cependant fon but n'étoit pas de tourner l'Eglogue en ridicule : ceux qui l'en ont foupçonné n'ont pas compris fa pensée. Il n'a voulu blâmer que les mauvais faifeurs d'Eglogues; puifqu' ailleurs il parle avec éloge des Eglogues de Segrais & dans fon art poétique il commence le fecond Chant par vanter les charmes de ce genre de Poéfie & il en marque les régles & les modéles.

§. XX.

ON

§. X X.

Des Cantates.

N peut ranger fous le nom d'Idyle un nouveau genre de poéfie Lyrique que nous avons vû naître vers le commencement de ce Siecle. Ce font les CANTATES, nous en parlerons quand nous ferons à la Musique.

§. X X I.

De L'Elegie.

Es Latins confervent encore fur nous jufqu'à préfent l'avantage de la fupériorité par raport à l'ELEGIE; nous n'en avons point, pour ainfi dire, en nôtre langue. Il y a à la vérité dans les Oeuvres de Peliffon & de la Com

teffe

teffe de la Sufe plufieurs ouvrages très-mignons intitulez Elegie, mais c'est tout. Chez les Anciens la Langue Gréque & la Latine avoient une mefure particuliere pour l'Elegie, & cette forte de vers portoit même le nom de Vers Elegiaques. Cette mesure eft la même dans ces deux langues. Tibulle parmi les Latins, occupe avec juftice le premier rang; Ovide lui reffemble affez dans les endroits où il n'a pas abbandonné la nature, pour l'efprit. Properce a de grandes beautez, mais fon défaut eft de mêler trop d'érudition dans les vers qu'il addresse à fa Maitreffe.

Pour nous autres François, ce que nous appellons Elegie eft une poéfie amoureufe, touchante, qui pour la mesure du vers ne differe point du poème Epique, de la Tragedie, de l'Eglogue; en un mot elle n'a point parmi nous de ver

fification qui la diftingue de tout autre ouvrage. Ainfi fon état ne me paroît point encore fixé.

Je ne vois pas même que la definition qu'on en donne ordinairement, foit fort jufte. On croit affez generalement que l'Elegie doit étre une plainte. Cela vient, ce me femble de ce que le plus grand nombre d'Elegies eft compofé fur le ton plaintif. Mais que deviennent les Elegies où Ovide exprime avec une joye très vive & très marquée, les plaifirs que fa maitreffe lui a permis, & tant d'autres élegies dans le même goût? ne font ce plus de Elegies, dès qu'elles font l'ouvrage d'un amour content? Defpréaux qui a fi bien reglé les fonctions de chaque genre de poéfie, dit en parlant celui-ci :

D'un ton un peu plus haut, mais pour tant fans audace,

La plaintive Elegie en longs habits de Deuil,

Sait les cheveux épars gemir fur un cercueil.
Elle peint des Amans la joye & la trifteffe,
Flatte, menace, irrite, appaife une mai-
tresse:

Mais pour bien exprimer ces caprices heureux,
C'est peu d'être poéte, il faut être amou-

reux.

Il femble que l'amour foit effentiel à l'Elegie & qu'elle foit bornée à en reprefenter les Joyes, les Chagrins & les Caprices. Mais les trois premiers vers de Defpréau x ne font aucune mention de l'Amour. Ainfi l'Elegie peut bien independemment de cette paffion ne rouler que fur un fujet trifte, tel que peut être la mort d'un prince, dùn ami, &c. Nous en avons un bel exemple dans l'Elegie d'Ovide fur la mort de Tibulle.

Je fouhaite que Mr. Le Blanc qui vient de publier quelques Elegies avec un Difcours fur ce Genre de Poéfie, en ait approfondi la na

ture

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