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ture & marqué le caractere diftinctif. Faute de le connoître, j'ignore pourquoi l'Idyle de Bion fur la mort d'Adonis traduit en vers par Longepierre, n'eft pas une Elegie aufli tôt qu'une Idyle. En ce cas l'Idyle & l'Elegie font des titres qui conviennent également à certains ouvrages François.

*

§. XXII.

De la Satire.

A Satire Françoife n'a point de mesure de vers qui lui foit particuliere; mais elle a au reste un caractere frappant qui empêche qu'on ne la confonde avec les autres genres de poéfie. Son emploi, qui eft de corriger la depravation du cœur, ou les egaremens de l'efprit, ne permet pas de la méconnoître; & d'ailleurs comme

les

lès trois Satiriques Latins fe fönt fervis du vers heroïque; à leur éxemple Régnier qui a ébauché cet art parmi nous & Defpréaux qui lui a donné toute la perfection poffible, ont fixé l'ufage aux vers de 12 à 13 fyllabes en rimes plates; c'eft-à-dire avec deux rimes maf culines & deux feminines qui fe fuccédent alternativement. Entre ces deux auteurs, il y a Furetiere qui a mis au jour quelques fatires imprimées avec fes autres poélies. Il eft plus fage & plus correct que Régnier; mais il a moins de génie. Defpréaux qui a commencé après Furetiere, l'a effacé entierement. Je ne dis rien du Poéte fans fard, ni de quelques autres qui ont glané dans ce genre d'écrire; en general c'eft peu de chofe. Les défauts qu'il eft permis à la Satire d'atta→ · quer, font ceux qu'il depend de nous de corriger. Un ignorant qui juge Part. II.

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des

des matieres qu'il n'entend points un homme qui fait des vers en dépit des Mufes, un Magiftrat qui oubliant la dignité de fon état, prend des airs de petit-maître, un Ecclefiaftique qui fait profeffion de galanterie & une infinité d'autres fujets de cette nature font de dignes objets de la fatire. Le ridicule dont elle les couvre peut fervir à les reformer; Mais elle eft froide & injufte, quand elle roule fur des deffauts fans remede; qu'elle attaque, par exemple, un boffu, un borgne, un boiteux. Il y a même de la cruauté à reprocher à un homme de pareils defauts qu'il n'auroit pas, fi cela dépendoit de lui. La fatire entre les mains d'un poéte fage & éclairé, fert infiniment à rectifier le goût de fon fiécle. Horace & Defpreaux en font la preuve.

On a effaié de traduire les Satires d'Horace; un Homme de let

tres

tres qui vit en Hollande, en a pu blié fix & le P. Du Cerceau une feptiéme, qui peuvent donner quelque idée de la Satire d'Horace. On a outre cela les traductions de M. Dacier & du P. Tarteron; mais elles font en profe. Ce Pere a auffi publié en François Juvenal & Perfe; ce dernier eft imité en vers par le Noble.

§. XXIII.

Des Epitres.

ORACE a laiffé dans fes EPI

H TRES un modèle que quelques

François ont imité. Le P. le Moine avoue qu'il s'étoit propofé de le fuivre dans fes Entretiens ou Lettres Poétiques; mais ce Pere avoit un ftyle naturellement bouffi, , plein d'emphafe, & très-éloigné de la précieuse médiocrité qui convient à P 24

ces

ces fortes d'ouvrages. Defpreaux qui connoiffoit mieux fon Horace, s'eft bien gardé de fe livrer à une yvreffe poétique dans fes Epitres. A la vérité il n'imite pas Horace dans la négligence de la Verfification; nôtre langue ne le permettoit pas; mais du refte, quoi qu'il ait plus de foin de fes vers qu' Horace n'avoit des fiens, on fent aifément qu'il lute avec lui; & on eft tenté de le lui préferer, quand ce ne feroit qu'en faveur de la fcrupuleuse modeftie que ce grand homme a obfervée en tout ce qu'il a écrit. Je crois ne rien rifquer, quand je dirai que dans les Satires, les Epitres, l'Art Poétique, & le Lutrin, tout eft régle, ou modele. En fait d'Epitres, Bois-Robert qui étoit d'ailleurs un affez mauvais poéte, en a publié un recueil dans lequel il s'en trouve quelques-unes d'une naïveté charmante.

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