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§. XXVIII.

Des petits Ouvrages.

Es Rondeaux, les Sonnets, les Madrigaux, les Epigrammes, fourmillent en France; on en a un affez bon récueil fous le titre d'Epigrammatiftes François; l'Editeur y a joint quelques obfervations qui ne fuffifent pas pour quiconque cherche à devenir un excellent poéte en ce genre; mais il y en a assez pour apprendre à diftinguer les bons d'avec les médiocres.

S. X XIX.

Du Style par rapport à la poésie.

LE Style des vers doit être con

forme au génie dominant du genre de poéfie auquel on s'applique.

que. Celui du Poéme Epique doit être pur, grand fans enflure, foutenu, plein fans fuperfluité. Celui de l'Eglogue doit être fimple, touchant, également éloigné de l'élevation & de la baffeffe. Le Tragique doit être noble, travaillé, mais fans periphrafes, fans ces expreffions ingénieufes qui énervent les paffions au lieu de les orner. Les Defcriptions poétiques qui font un bel effet dans un poème épique, par ce que c'eft le poète qui parle, font déplacées dans le tragique. La mort d'Hippolyte racontée par Theramene eft un beau morceau; mais il ne convient point à la douleur de Theramene. Je l'admire comme un chef d'œuvre ; je l'admirerois davantage, s'il étoit placé tout autre part que dans une fçene d'où Hippolyte vient de fortir, & qu'il fut dans une autre bouche que celle d'un gouverneur qui

doit avoir le cœur ferré d'épouvante & de trifteffe ; la defcription qu'il fait, brille trop par fes détails pompeux & fleuris; elle feroit excellente dans l'Epique où le poète parle perfonnellement.

La Paftorale & l'Eglogue veulent un style doux, fimple, naturel; il ne lui convient point de prendre le ton fublime; les penfées brillantes ne font point de fon partage. Qu'un Berger ait vû la Cour par hazard, il ne doit point en avoir pris le langage & la defcription qu'il en fera, doit être differente de celle qu'en feroit un Courtisan; il doit ramener tout à fes idées & à fes expreffion paftorales. La Comédie étant une imitation des diverfes conditions des Hommes dans la vie commune, doit prêter à chaque condition le langage qui lui eft propre. La Comédie n'a point de ftyle particulier;elle doit prendre

celui qui convient à chacun des perfonnages qu'elle employe.

On a crû autrefois que le Comique confiftoit en un amas de bouffonneries, qui fervoit d'affaisonnement à une intrigue affez férieuse d'elle-même. On eft revenu de cette erreur parmi les perfonnes de bon goût, la force du comique doit être prise de la force des caractéres que l'on met fur la fçene & de la peinture naïve des mœurs que le poéte veut corriger.

Le Style Burlefque mis autrefois à la mode par Scarron, n'a point eu de fuite; mais le Style naïf qui en eft très différent, a des graces qui donnent un grand prix aux ouvra→ ges de ceux qui ont le bonheur de le failir. Marot en eft, pour ainfi dire, le pere & le modéle; La Fontaine, fur tout dans fes, Fables; Le Pere du Cerceau dans la plûpart de fes poélies, Mr. Rousseau dans fes E

tres,

pitres Marotiques, & quelques aufe font très bien trouvez de ce ftyle que Defpreaux appelle l'élégant badinage de Marot. A l'égard du ftyle enjoué, Voiture, Sarrazin, Pavillon, l'Abbé Régnier des Marais, &c. ont fait de petites poésies très-estimables en ce genre.

§. X X X.

Reflexions génerales furla Poéfie.

PAL

Ai deja dit que je ne confeille à qui que ce foit de fe mêler de poéfie, à moins qu'il ne fe fente pour cela une vocation bien' marquée. Il ne faut point perdre de vue cette vérité qu'il n'est point permis aux Poétes d'être médiocres; il faut exceller, ou renoncer au commerce des Muses; il n'y a point de milieu honorable entre ces deux partis. Dailleurs il eft aifé de fe confoler

de

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