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devroit avoir éteins. Tels font les pernicieux effets des obfcenitez repandues fur la toile, ou fur le papier.

Plus les ouvrages qui en font infectez, approchent de la perfection de l'art, plus il y a de crime à les avoir faits. Les Ornemens dont on les embellit, la reputation du Maître, la delicateffe, & le vrai de l'expreffion, concourent à les faire conferver avec plus de foin: on les multiplie par des copies qui fe repandent. L'Auteur eft d'autant plus blamable qu'il y a plus mis de temps & de travail: & ce qui agrave fon crime, c'eft que ces productions font connoître qu'il avoit affez de genie & de talent pour plaire en traitant des fujèts honnêtes, fans acheter par une honteufe proftitution de fon art le funefte applaudiffement d'une foule de débauchez. Un Chrétien qui fait fa religion

pen

& qui fonge ferieufement au compte que Dieu lui demandera de fes actions, de fes paroles, de fes fées, peut-il bien fe prêter à des idées li contagieufes, & non feulement s'y arrêter mais encore les éternifer, pour fcandalifer fon fiécle & inftruire la pofterité des dereglemens de fon cœur? La chafteté veut qu'on fuie fcrupuleufement tous les objets qui pourroient exciter en nous des defirs qu'elle defaprouve; les impreffions qu'ils font fur le cœur, laiffent des traces profondes que l'on n'éfface pas quand on veut; mais de faire foimême des peintures lafcives, ou des poéfies obfcénes, c'eft le comble de la corruption & de l'impudence; & on ne rifque rien à allurer que ceux qui s'oublient jufquesla font de mal-honnêtes gens; quel que foit le vernis de probité dont

ils

ils tachent d'orner le portrait qu'ils font d'eux-mêmes.

S. XXXIII.

De la Mufique.

LE même génie que demandent la poéfie & la peinture, eft neceffaire au Muficien, fans cela il peut bien à force d'étude & d'application, trouver du neuf, & compofer des piéces dont les habiles gens regarderont le travail avec quelque furprife. Mais ce fera tout, & les graces refuseront de se préter à fes compofitions; les Mufes qui ne les ont point infpirées, n'y répandront point le charme délicieux qui féduit autant le cœur que l'oreille. Je n'entrerai point dans le détail des divers genres de Mufique inftrumentale. Cela me méneroit trop loin. L'Italie a porté

cette

cette partie de la Mufique affez près de la perfection. Je me bornerai donc à la Mufique Vocale, c'eftà-dire, qui eft accompagnée de pa

roles.

Le plus digne emploi de la Mufique, c'eft quand elle eft appliquée aux faints cantiques, on convient que c'eft fon plus ancien ufage; une chofe digne d'être remarquée, c'eft que parmi nos Muliques d'Eglife, il fe trouve des ouvrages qui égalent, s'ils ne furpaffent pas, tout ce que la Mufique profane a de plus touchant. Quoique la vulgate ne foit pas d'une Latinité fort harmonieufe, les Muficiens d'Italie & de France n'ont pas laiffé d'en traiter des morceaux avec un agrément & une délicateffe qu'ils n'auroient peut-être pas euë, s'ils euffent travaillé fur les poéfies les plus coulantes & les plus lyriques de nos meilleurs poétes.

Chez

Chez les Grécs & les Latins l'Ode eft faite pour être chantée, fon nom même le fignifie. On accompagnoit le chant avec la lyre, de la vient que les odes font appellées Poéfies lyriques. Le chant du fecond couplet étoit le même que celui du premier. Nous avons encore cet ufage dans nos Vaudevilles; Godeau a fait fa paraphrase des Pfeaumes pour être chantée de cette maniere, & c'eft pour cela que la premiere ftrophe eft notée. Mais ce genre de Mufique a un grand défaut. A moins que d'étre fort simple, il eft difficile qu'un air qui convient à plusieurs couplets, convienne bien à aucun ; on ne peut y mettre tous les agrémens dont le premier feroit fufceptible, parce que les autres ne le feroient pas également. On a donc laiffe aux chanfonnettes cette maniere, qui leur fuffit toujours, parce qu'elles fe

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fou

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