Souvent une Province eft pau vre en argent, quoique les biens de la terre y croiffent en abbondance cela vient quelquefois du peu de débouchement. On peut le procurer en rendant une riviere navigable; ou en bâtiffant quelques ponts qui abbrégent le chemin; ou en élevant des chauffées dans les lieux marécageux, pour la commodité des voitures, qui portent les marchandifes d'une Province à l'autre; ou en peuplant davantage ce Canton & y établiffant des Manufactures dont les Ouvriers aident à confumer les denrées defquelles on ne peut fe défaire autrement. On ne manque point de livres François où ces diverfes matieres font traitées. S. XXV. L §. X X V. Des Négociations. E Miniftre d'Etat a dans les diverfesCours fous fes ordres des Miniftres qui le fervent d'autant mieux qu'ils font plus habiles, plus zelez & plus gens de bien. Le Politique Négociateur doit faire fon capital des Inftructions qu'il reçoit de fa Cour, connoître le plus en détail qu'il eft poffible, la force & les moeurs du Pays où il réfide, le genie & le caractere du Prince avec qui il traite, & des Miniftres qui ont le plus de part à fa confiance & au maniment des affaires. Sur tout il en doit étudier le Systéme politique, car chaque Cour a le fien. Je fuppofe qu'il eft au fait des Négociations & même des fautes que fon Prédeceffeur a faites. y a outre cela des études qui lui conviennent; favoir celle des Traitez de Paix, les Actes & tout ce qui regarde l'Hiftoire du temps, &c. Il doit tout mettre à profit, même les intrigues des femmes qui font fouvent un inftrument très-utile, entre les mains d'un habile homme, L'Art de Négocier avec les Souverains par Callieres, Mémoires pour les Ambasadeurs par Wiquefort, fon Livre de l'Ambassadeur & de fes fonctions, font les rudiments d'un Miniftre; mais il faut avertir que Wiquefort eft plein de faits, fur lefquels il ne faut pas toûjours fonder des confequences; car il lui eft arrivé plus d'une fois de faire entrer dans fon fyftéme des régles que l'usage n'a point autorifées. Un Négociateur trouvera un excellent modéle de Dépêches dans les Lettres du Cardinal d'Offat. Ce doit être fon Bréviaire, Un Un Gouverneur de Province, our un Magistrat de Ville, font quelquefois employez aux fonctions de la Politique dont on vient de parler. En ce cas elles ne changent point de nature: d'ordinaire ils font guidez par les ordres de la Cour, defquels il ne leur eft pas permis de s'écarter. Pour ce qui regarde l'Adminiftration de la Justice, ils ont les Loix nationales fuivant lefquelles ils font obligez de régler leurs jugemens; & pour ce qui eft du bon ordre qu'ils doivent maintenir entre les Citoyens, ils ont encore des Ufages déja établis aufquels il eft bon de fe conformer. Souvent auffi ils peuvent y en ajouter de nouveaux, ou changer les anciens, pourvû que par là ils procurent la fureté & le bonheur du Peuple, qui doit être leur principal objet. La félicité publique mérite qu'on lui lui facrifie tout. C'est le centre où doivent abboutir toutes les Loix. Un Magiftrat prépofé pour maintenir le bon ordre, la fureté & l'abbondance dans une grande Ville, fera bien de lire l'excellent traité de la Police par M. de la Mare. Il y a peu de livres où les matieres foient fi favamment approfondies, L §. XXV I. De l'Economie. JOECONOMIE eft, comme nous avons dit, la Politique occupée à gouverner une maifon, une famille; de là vient que l'on appelle dans quelques focietez Oeconome celui qui eft chargé des détails de ce Gouvernement & foulage ainfi le pere de famille. Cette fcience comprend les devoirs de tous les membres d'une famille & l'art de la bien con |