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DE POLICE

DE LA VILLE, PREVOTÉ,

ET VICOMTÉ

DE PARIS,

&c. &c.)

MONSIEUR,

E doute que j'euffe ofé Vous prefenter cet Ouvrage, fi je n'avois crú entrevoir quelque rapport entre le

but que je m'y propofe, & le Pofte que

Vous occupez fi glorieusemeut pour Vous & fi avantageufement pour le Public. Tous Vos foins ne tendent qu'à prévenir les defordres, à proteger la vertu, à encourager les talens, à favorifer les bonnes mœurs, à contenir enfin tout un vafte corps dans les bornes du devoir de la fageffe. Dans le plan d'Etudes que je trace, j'ai tâché felon mon pouvoir de concourir en quelque forte au méme deffein.

Vous le favez, Monsieur, & une fâcheuse expérience ne Vous l'apprend que trop. Les fautes & les abbus que Vous êtes fouvent obligé de reprimer, n'ont pas toujours leur principe dans un temperament vicieux en qui la corruption femble naturelle. L'Ignorance fuffit feule pour les faire commettre,

ce qui eft encore plus dangereux que l'ignorance, les lueurs d'une Raifon mal éclairée & les illufions qu'el

le fe fait à elle-même, ou qu'elle prend dans des fources empoisonnées, font caufe de mille dereglemens: l'ame fe livre à une fausse lumiere qui ne lui fert qu'à l'égarer.

Mon but n'eft pas d'inspirer le goût de la Lecture: la plupart des hommes ne lifent que trop; mais comme ils lifent fans ordre, fans autre deffein que celui de s'amufer, ou de fatisfaire une vaine curiofité; il ne faut pas étre furpris que tant de Lectures foient infructueuses. Je voudrois les mettre à profit & faire comprendre à ceux qui les employent fi mal, qu'il ne tient qu'à eux d'en tirer un avantage très-folide, en les appropriant aux devoirs & aux bienséances de leur Etat.

Plút à Dieu que tout le monde fût bien penetré de cette maxime: Que toutes nos études doivent abboutir à nous rendre plus gens de bien &

plus

plus propres à notre Emploi! Si on ne lifoit que dans cet efprit, quel changement cela ne produiroit-il pas dans les mœurs! Avec le temps on ne verroit plus que des Citoyens attentifs à remplir toutes leurs obligations. Et Vous-même MONSIEUR. Vous Vous trouveriez dispensé par leur bonne conduite de la dure neceffité où Vous êtes quelquefois de laiffer agir la severité des Ordonnances. Je n'ai garde de prefumer que mon travail puisse produire un fi grand bien. Il faudroit étre vifionnaire pour m'en flater, mais fi je n'ai pas l'efprit affez vain pour Pefperer, je me fens le cœur affez bon pour le fouhaiter.

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Aurefte, MONSIEUR, il ne faut pas que le lieu de l'impreffion Vous previenne contre cet ouvrage, comme s'il n'étoit imprimé ici que pour le fouftraire à l'examen. Toutes les pref

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preffes de la Hollande ne font pas occupées à publier des libelles indifcrets ou fcandaleux. Si les MagiStrats laiffent une grande liberté à la librairie, c'eft fans en approuver les excès & c'est toujours à condition que les Auteurs feront refponfables à Dieu, à l'Etat & au Public, des abbus qu'ils en feront. Ces abbus font moins rares qu'il ne feroit à foubaiter; il est vrai. Mais ceux qui les commettent fe desbonorent, les honnêtes gens les condamnent hautement & le Public y attache par fes dégoûts une espece de flétriffure. Oui, MONSIEUR, je puis Vous affurer que tel livre qui fe vend ailleurs fort cher & qu'on ne lit avidement que parce qu'il a été acheté fous le manteau, est ici dans un décri univerfel. Perfonne n'y fonge & il femble que la facilité qu'on a de le lire, ne ferve qu'à

ren

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