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rendre le mepris qu'on en fait, plus ignominieux à l'Auteur.

Quand je n'aurois pas ces exemples devant les yeux, je ne m'en croirois pas moins obligé à respecter les bornes que tout homme de bien fe doit preferire en écrivant. Je n'ai jamais cru que ce fut un avantage de pouvoir dire tout ce que l'on veut, quand on n'est pas affuré de penfer comme l'on doit. J'ai tâché que dans cette Introduction il ne fe gliffat rien qui fût contraire, je ne dis pas feulement à la Foi & aux bonnes mœurs, mais encore aux lumieres de la Raison & aux principes de la bonne Litterature. Au defaut des Cenfeurs d'office que nous n'avons pas, j'ai confulté des perfonnes fages & éclairées & c'eft fur leur jugement que je hazarde l'impreffion. Fe fouhaite qu'il foit auffi jufte qu'il m'a paru fincere.

A l'égard du choix que j'ai fait de Votre nom, je n'ai confulté que mon cœur. Agréez, MONSIEUR, l'humble hommage que je vous rends, & fouffrez que je faififfe cette occafion de publier le profond respect avec lequel je fuis

MONSIEUR,

à la Haye le 25
Juillet 1731.

Votre très humble & très obeiffaat ferviteur

PRE

T

ETTE Introduction à l'Etude des Sciences & des Belles Lettres doit fa naiffance à une espece de hazard, & lors que j'en jettai les premieres idées fur le papier, je ne fongeois à rien moins qu'à faire un livre. Un homme d'une naiffance très diftinguée me temoignoit quelque eftime & fouhaitoit que je l'entretinfe fouvent fur le choix des livres qu'il achetoit en affez grand nombre. Je remarquai qu'il avoit une curiofité fort étendue fur les Sciences & les Belles Lettres, quoiqu'il en eût un peu negligé les premiers principes. Il avoit fait au college les Etudes ordinaires, mais avec toute la diftraction dont eft capable un efprit très-vif & ennemi de la contrainte. Du refte il avoit affez de bien pour acquerir

les

les bons livres & affez de loifir & de courage pour les lire. Il cherchoit un guide & me pria de lui écrire une partie de ce qui faifoit le fujet de la plupart de nos converfations. Je le fis fans me fatiguer beaucoup à conftruire methodiquement un Ecrit, que je fuppofois uniquement destiné à lui rappeller un jour la fubitance de nos entretiens. Je me contentai de n'y rien mettre qui ne pût lui être utile & je ne me piquai point de traiter chaque matiere dans l'étenduë qu'elle mérite. Je crus devoir principalement infifter fur les Livres qui enfeignent les principes des Sciences & des Belles Lettres, & fur certaines Reflexions générales qui peuvent contribuer à la folidité & au fruit des Etudes.

Un Homme de Lettres ayant vû une copie de cet écrit, ne le méprifa point, tout informe qu'il étoit,

il jugea au contraire qu'il feroit avantageux de le communiquer au Public & me preffa de l'abbandonner à l'impreffion. Je lui remontrai que c'étoit à peine l'ébauche d'un livre, & que je n'avois pas le loifir qu'il faudroit, pour lui donner une forme digne du fujet. Il ne s'ébranla point de mes raifons & me fit promettre que je rétoucherois cet écrit autant que mes autres occupations le permettroient: c'est ce que j'ai tâché de faire.

Pour le rendre plus généralement utile, je me fuis propofé de le mettre à la portée d'un plus grand nombre de perfonnes. Celles que j'ai en vue font quantité de jeunes gens qui ayant très-negligemment employé, ou entierement perdu, le temps que l'on palle dans les Colleges, s'apperçoivent enfin du tort qu'ils ont eu, & voudroient

de

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