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blanc fignifiée auffi par Ifis paroît encore après la folution ou la mort d'Ofiris; elle fe trouve par-là mife au rang des Dieux; mais des Dieux Philofophiques, puifqu'elle eft leur Diane ou la Lune, une des principales Déeffes de l'Egypte; on voit bien pourquoi on attribue cette déification à Mercure.

Mais fi toute cette hiftoire n'eft pas une fiction, comme le prétend M. l'Abbé Banier (a), puifqu'il dit qu'il croit qu'Ofiris eft le même que Mefraim fils de Cham, qui peupla l'Egypte quelque tems après le Déluge. Il ajoute même que malgré l'obfcurité qui regne dans l'histoire d'Ofiris, les Sçavans font obligés de convenir qu'il a été un des premiers defcendans de Noé par Cham, & qu'il gouverna l'Egypte où fon pere s'étoit retiré... que Diodore de Sicile nous affure que ce Prince eft le même que Menès le premier Roi d'Egypte, & que c'eft-là qu'il faut s'en tenir; je prierois tous ces Sçavans de me dire pourquoi tous les Auteurs anciens qui ont parlé de Mefraïm & de Menès n'ont fait aucune mention en parlant d'eux du fameux voyage, ou célébre expédition que le prétendu Ofiris fit en Afrique, en Afie & par tout le monde, fuivant cette infcription trouvée fur d'anciens monumens, rapportée par Diodore & tous les Auteurs qui depuis lui ont parlé d'Ofiris, & par M. l'Abbé Banier lui-même, mais qui ne l'a pas rapportée exacte

ment.

(a) Mythol. T. I. p. 483. 484. & ailleurs.

SATURNE, LE PLUS JEUNE DE TOUS LES DIEUX, ÉTOIT MON PERE. JE SUIS OSIRIS, ROI, J'AI PARCOURU TOUT L'UNIVERS, JUSQU'AUX EXTRÉMITÉS DES DESERTS DE L'INDE DE LA VERS LE SEPTENTRION JUSQU'AUX SOURCES DE L'ISTER. ENSUITE D'AUTRES PARTIES DU MONDE JUSQU'A L'OCÉAN:

JE SUIS LE FILS AINÉ DE SATURNE, SORTI D'UNE TIGE ILLUSTRE, ET D'UN SANG GÉNÉREUX, QUI N'AVOIT POINT DE SEMENCE. IL N'EST POINT DE LIEU OU JE N'AYE ÉTÉ. J'AI VISITE TOUTES LES NATIONS POUR LEUR APPRENDRE TOUT CE DONT J'AI ÉTÉ L'INVENTEUR.

Je ne crois pas qu'on puiffe attribuer à aucun Roi d'Egypte tout ce que porte cette Infcription, particulierement la génération fans femence, au lieu que ce dernier article même fe trouve dans l'œuvre Hermétique, où l'on entend par Saturne la couleur noire, de laquelle naiffent la blanche ou Ifis, & la rouge ou Ofiris: la premiere appellée Lune, la feconde Soleil ou Apollon.

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Il n'eft pas moins difficile, ou plutôt il est impoffible de pouvoir appliquer à une Reine,

l'Infcription fuivante tirée d'une colonne d'Ifis, & rapportée par les mêmes Auteurs.

MOI ISIS, SUIS LA REINE DE CE PAYS D'ÉGYPTE, ET J'AI EU MERCURE POUR PREMIER MINISTRE. PERSONNE NE POURRA REVOQUER LES LOIX QUE J'AI FAITE, ET EMPESCHER L'EXÉCUTION DE CE QUE J'AI ORDONNÉ.

JE SUIS LA FILLE AINÉE DE SATURNE, LE PLUS JEUNE DES DIEUX.

JE SUIS LA SŒUR ET LA FEMME
D'OSIRIS.

JE SUIS LA MERE DU ROI ORUS.
JE SUIS LA PREMIERE INVENTRICE
DE L'AGRICULTURE.

JE SUIS LE CHIEN BRILLANT PARMI
LES ASTRES.

LA VILLE DE BUBASTE A ÉTÉ BATIE EN MON HONNEUR.

RÉJOUIS-TOI O ÉGYPTE QUI M'AS NOURRIE.

Mais fi on explique cela de la matiere de l'Art facerdotal; fi l'on compare ces expreffions avec celles des Philofophes He métiques, on les trouvera tellement conformes, qu'on fera, pour ainfi dire, obligé de convenir que l'Auteur de ces Infcriptions a eu en vue le même objet que les Phi

lofophes. Diodore dit qu'on ne pouvoit lire de fon tems que ce que nous avons rapporté, parce que le refte étoit effacé de vétufté. Il n'eft même pas poffible, ajoute-t-il, d'avoir aucun éclairciffement là-deffus; car les Prêtres gardent inviolablement le fecret fur ce qui leur a été confié; aimant mieux que la vérité foit ignorée du people, que de courir les rifques de fubir les peines impofées à ceux qui divulgueroient ces fecrets. Mais encore une fois quels étoient donc ces fecrets fi fort recommandés? Ceux qui, avec Cicéron, difent qu'il confiftoit à ne pas dire qu'Ofiris avoit été un homme, pensent-ils bien à ce qu'ils difent? la conduite prétendue d'Ifis à l'égard des Prêtres étoit feule capable de rrahir ce fecret; celle des Prêtres envers le peuple le découvroit encore davantage. Quoi! on voudra me faire croire qu'Ofiris ne fût jamais un homme, & l'on me montre fon tombeau? crainte même que je ne doute de fa mort, & comme fi l'on vouloit ne pas me la faire perdre de vûe, on multiplie ce tombeau? chaque Prêtre me dit qu'il en eft le poffeffeur? avouons que ce fecret feroit bien mal concerté. Et à quoi bon après tout, ce fecret inviolable au fujet du tombeau d'un Roi ardemment aimé de fes fujets? quel intérêt de cacher le tombeau d'Ofiris? Si l'on difoit qu'Hermès eût confeillé à Ifis de cacher le tombeau de fon mari, afin d'ôter au peuple une occafion d'idolâtrie, parce qu'il fentoit bien que le grand amour qu'avoit conçu le peuple pour Ofiris, à caufe des bienfaits qu'il en avoit reçu pourroit le conduire à l'adorer par reconnoif

fance; ce fentiment feroit très-conforme aux idées que nous devons avoir de la vraye piété d'Hermès. Mais loin de cacher ce tombeau, Ifis en en faifant un pour chaque membre, & voulant perfuader que tout le corps d'Ofiris étoit dans chacun de ces tombeaux, c'eût été au contraire multiplier la pierre de fcandale & d'achoppement. L'Ecriture Sainte nous apprend que Jofué tint une toute autre conduite à l'égard des Ifraelites, lorfque Moyfe mourut (a), pour em→ pêcher fans doute que les Hébreux n'imitaffent encore les Egyptiens en ce genre d'idolâtrie.

Ce n'étoit donc pas pour cacher au peuple l'humanité prétendue d'Ofiris que l'on faifoit un fecret de fon tombeau; fi l'on défendoit fous des peines rigoureufes de dire qu'Ifis & fon mari avoient été des hommes, c'eft qu'ils ne le furent jamais en effet. Cette défenfe qui ne s'accordoit nullement avec la démonftration publique de leur tombeau, auroit dû faire foupçonner quelque myftere caché fous cette contradiction; le grand fecret qu'obfervoient les Prêtres auroit encore dû irriter la curiofité. Mais le peuple ne s'avise pas de fonder fi fcrupuleufement les chofes ; il les prend telle qu'on les lui donne fans beaucoup d'examen. Et de quel fecret d'ailleurs qui puiffe avoir rapport à un tombeau & à ce qu'il renferme? Prenons la chofe allégoriquement; lifons les Philofophes, & nous y verrons des tombeaux auffi myfterieux. Bafile Valentin (b) employe cette allégorie deux ou trois fois : Norton (c) dit (a) Deuter. 34. (b) 12. Clefs. (e) Ordinale.

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