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goute; & qui s'imaginoient que ce fecret n'avoit d'autre objet que le tombeau d'Ofiris, & peutêtre ce qu'on entendoit par les cérémonies du culte de ce Dieu, de Vulcain & des autres. S'il avoit fait attention au culte particulier que l'on rendoit à Ofiris, Ifis, Horus, qui ne paffoient que pour des hommes: celui de Vulcain, dont tous les Rois fe firent un devoir d'embellir le temple à Memphis, les cérémonies particulieres que l'on obfervoit dans ce culte; que les Rois étoient appellés Prêtres de Vulcain, pendant que chez les autres Nations, Vulcain étoit regardé comme un miferable Dieu, chaffé du ciel à caufe de fa laide figure, & condamné à travailler pour eux. Si Diodore avoit réfléchi fur l'attention qu'avoient les Rois d'Egypte avant Pfamméticus, d'empêcher l'entrée de leur pays aux autres Nations, il auroit vû fans peine qu'ils ne le faifoient pas fans raifons. Le commerce des étran-. gers, pouvant apporter dans l'Egypte les richesses abondantes qu'il porte dans les autres pays; il y eût eu de la folie aux Egyptiens de l'interdire. Diodore convient cependant avec tous les Auteurs que les Egyptiens étoient les plus fages de tous les Peuples; & cette idée ne peut convenir à ces puérilités introduites dans leur culte, à moins qu'on ne fuppofe qu'elles renfermoient des myfteres fublimes, & conformes à l'idée que l'on avoit de leur haute fageffe. Puifque le commerce ne portoit en Egypte ni l'or, ni l'argent, ils avoient fans doute une autre reffource pour trouver ces métaux chez eux; mais en fuppofant avec Diodore qu'on tiroit au moins l'or d'une

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terre noire, & d'un marbre blanc; peut-on penfer qu'ils en fourniffoient affez pour ces dépenfes exceffives que les Rois firent les Rois firent pour la construction de ces merveilles du monde? ces métaux pouvoient-ils devenir affez communs pour que le peuple en eût cette abondance, dont l'écriture fait mention, au fujet de la fuite des Hébreux de l'Egypte? Si ces mines avoient été fi riches, eût-il fallu tant de travail pour les exploiter? Je ferois tenté de croire que Diodore ne parle de ces mines que par ouï dire. Cette terre noire ce marbre blanc d'où l'on tiroit de l'or, m'ont bien l'air de n'être autres que la terre noire & le marbre blanc des Philofophes Hermétiques ; c'est-à-dire, la couleur noire, de laquelle Hermès & ceux qu'il avoit inftruits, fçavoient tirer l'or Philofophique. C'étoit-là le fecret de l'Art facerdotal, de l'Art des Prêtres d'où l'on tiroit les Rois; auffi Diodore dit-il que l'invention des métaux étoit fort ancienne chez les Egyptiens, & qu'ils l'avoient apprife des premiers Rois du pays. Que les Métallurgiftes de nos jours fuivent dans le travail des mines la méthode que Diodore détaille fi bien; & qu'ils nous difent enfuite quelle réu lite aura eu leur travail. Le P. Kircher fentoit bien fon infuffifance, & l'impoffibilité de la chofe, lorfque pour prouver que la Philofophie Hermétique ou l'art de faire de l'or n'étoit pas connu des Egyptiens, il apporte le témoignage de Diodore en preuve que ces peuples le tiroient des mines, & fe voit enfin obligé de recourir à un fecret qu'ils avoient de tirer ce métal de toutes fortes de matieres, Ce fecret

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fuppofe donc que l'or fe trouve dans tous les mixtes. Les Philofophes Hermétiques difent, il eft vrai, qu'il y eft en puiffance; c'eft pourquoi leur matiere, felon eux, fe trouve par-tout, & dans tout; mais le P. Kircher ne l'entendoit pas dans ce fens-là: & le fecret d'extraire en réalité l'or de tous les mixtes eft une fuppofition fans fondement. La fcience Hermétique, l'Art facerdotal, étoit la fource de toutes ces richeffes des Rois d'Egypte, & l'objet de ces myfteres fi cachés fous le voile de leur prétendue Religion.

Quel autre motif auroit pû les engager à ne s'expliquer que par des hiéroglyphes? une chofe auffi effentielle que la Religion demande-t-elle à être enfeignée par des figures inintelligibles à d'autres qu'aux Prêtres? que le fond de la Religion ou plutôt l'objet foient des mysteres; il n'y a rien d'étonnant: tout le monde fçait que l'ef prit humain est trop borné pour concevoir clairement tout ce qui regarde Dieu & fes attributs; mais loin de vouloir les rendre encore plus incompréhenfibles en les préfentant fous les ténébres prefqu'impénétrables des hiéroglyphes Hermès & les Prêtres qui fe propofoient de donner au peuple la connoiffance de Dieu, auroient pris des moyens plus à fa portée; ce qui ne s'accordoit en aucune façon, & qui eût été même contradictoire avec ce fecret qui leur avoit été recommandé, & qu'ils gardoient fi inviolablement. C'eût été prendre précisément les moyens ne pas réuffir dans leur deffein.

de

Je fçai que de quelques-unes des fables Egyptiennes on pouvoit former un modele de mo

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rale; mais les autres n'y convenoient nullement. Il y a donc grande apparence qu'elles avoient un autre objet que celui de la Religion. On a inventé une infinité de fyftêmes pour expliquer & les hieroglyphes & les fables; M. Peluche (a) en fuivant les idées de quelques autres, a prétendu qu'ils n'avoient d'autres rapports qu'avec les Saitons, & qu'ils n'étoient que des inftructions que l'on donnoit au peuple pour la culture des terres mais quelle connexion peut avoir cela avec tous ces fuperbes monumens, ces richeffes immenfes dont nous avons parlé, ces Pyramides où les Auteurs nous affurent que les anciens Philofophes Grecs puiferent leur Philofophie? Ces fages y voyoient donc ce que les inventeurs de ces hiéroglyphes n'avoient pas eu deffein d'y mettre; difons plutôt que les fabricateurs du fyltême de M. Peluche n'y voyoient eux-mêmes goute. Un peuple qui n'eût été occupé que de la culture des terres, & qui n'exerçoit aucun commerce avec les autres Nations, auroit-il trouvé en labourant, ces tréfors qui fourniffoient à tant de dépenses? Comment M. Peluche adaptera-t-il ce fecret fi recommandé à fon fyftême? y auroitil eu du myftere à repréfenter hiéroglyphiquement, ce que l'on auroit enfuite expliqué ouvertement à tout le monde? Peut-on en même tems cacher & découvrir une même chofe? Ç'eût été le fecret de la comédie. Il n'est pas vraifemblable que l'on eût non feulement fait un myftere de ce que tout le monde fçavoit, mais

(a) Hift. du Ciel.

qu'on eût défendu fous peine de la vie de le divulguer. Voyons quelques-uns de ces hiéroglyphes, & par les explications que nous en donnerons tirées de la Philofophie Hermétique, on aura lieu de fe convaincre de l'illufion de M. Peluche & de tant d'autres.

SECTION TROISIEME. DES ANIMAUX RÉVÉRÉS EN ÉGYPTE,

ET DES

PLANTES HIEROGLYPHIQUES.

CHAPITRE PREMIER.

TOU

Du Bauf Apis.

OUS les Historiens qui parlent de l'Egypte font mention du Boeuf facté. » Nous ajou» terons à ce que nous avons rapporté du culte » rendu aux animaux, les attentions & le foin » que les Egyptiens ont pour le Taureau facré, » qu'ils appellent Apis. Lorfque ce Boeuf eft » mort (a), & qu'il a été magnifiquement in» humé, des Prêtres commis pour cela en cher» chent un femblable, & le deuil du peuple

(a) Diodor. 1. 1. c. 4.

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