l'Empereur, que par fon adreffe, il empêcha que les Romains ne leur impofaffent aucun tribut. Son regne ne laiffa pas d'être funefte & à la Maison Royale, & à tout le peuple Juif. La plus noire de fes actions fut le mallacre des Innocens, dans lequel il efperoit enveloper le Sauveur du monde, qui pour fe fouftraire à fa cruauté, s'enfuit en Egipte.

Ce cruel Tiran étant mort peu aprés, Jefus retourna de fon éxil en la Terre d'Ifraël,d'où il ne fortit plus depuis. Il établit fa demeure dans la Galilée, où com mandoit un autre Herode, fils du premier, & furnommé Antipas, qui dans la fuite fit mourir Saint Jean, & fe moqua de Jesus même, durant fa Paffion. Ce Prince n'avoit proprement que la qualité de Tetrarque, bien qu'il ufurpât souvent le nom de Ror, ou par une folle vanité, ou parce que les Romains ne fongeoient gueres à lui difputer ce faux titre, étant tellement maîtres de fon païs, que tous ses sujets leur payoient tribut.

La Judée étoit auffi devenuë tributaire: de l'Empire. Car aprés en avoir chaffé le Tetrarque Archelaüs, ils s'en étoient emparés, & en avoient fait une Province, à laquelle il ne reftoit plus qu'une ombre de liberté,fous des Gouverneurs étrangers.Les deux autres Principautés n'étoient pas plus.

1.2.c.18.

Celfum.

S Hieron.

Daniel.

libres que la Judée & la Galilée. Elles
étoient chargées d'imposts que l'on exigeoit
de tout le monde avec rigueur; & le Sau,
veur même n'en fut pas exempt.

C'eft en ce tems-là que le veritable
Meffie, le Fils unique de Dieu qui s'é-
toit tenu jufqu'alors dans l'obfcurité &
dans le filence, fe mit à prêcher, & à pu-
blier fa nouvelle Loi. On ne fçait pas cer--
tainement combien a duré le cours de fa Pré-
Sirenam dication. Nous avons fuivi en cela le sen-
Origen. 1. timent des Peres les plus anciens,qui le bor-
2. contra nent à deux ans & quelques mois.Leur opi-
pollina. nion nous a paru d'autant plus probable,
Lao- qu'elle s'accorde avec l'Evangile, qui ren-
dic. apud ferme dans cet efpace de tems tout ce que
in cap. 9. JEsus a fait,ou dit en public. On n'y trou
ve effectivement
que trois Pâques, & au-.
cun Evangelifte n'en a marqué davantage..
Primum La premiere eft celle qui vint peu aprés le
Baptême de Nôtre Seigneur, & qui fut le
12. & 3. commencement de la premiere année, où
Ioan GV: les Prêtres, les Scribes, & les Pharifiens fe
4. Terti fouleverent contre lui. La feconde eft celle
commença la feconde année, dans la-
elle ils conjurerent fa mort. Enfin la:
eft celle où cet Agneau innocent,
l'Agneau Pafchal, s'immola lui-
une Croix pour nôtre falut.
aroit encore ici diverfes queftions
fur les circonftances du tems & du.

S. Epiph.

Pafcha habetur

Ioan.2. v.

Secundum,

in quo

fus ch

6. V.

lieu de quelques actions particulieres de la Vie de Jefus-Chrift; mais pour y répondre il faudroit un gros Volume: encore aprés de longues difputes,on ne conviendroit de rien, & tout ce qu'on gagneroit, ce feroit: de douter beaucoup, & de fçavoir peu.. Nous ne pouvons toutefois nous difpenfer de dire en peu de paroles fur quoi eft fondée l'opinion que nous avons jugé la meilleure, touchant le jour auquel le Sauveur fit fa derniere Pâque.

Paulus

Burg. For
Sempron.

ann.

Lucidus,
Onuph.

Maldon

Plufieurs Auteurs dont nous eftimons la capacité & le merite,n'ont pû fe perfuader. qu'il ait voulu prendre pour cette ceremonie un jour different de celui du commun des Juifs. Mais quoiqu'ils en penfent, nous ne faifons pas difficulté de fuivre le fentiment de beaucoup d'autres non moins fça vans, qui croyent que Jesus celebra la Pâque un jour plûtôt que les autres. Ce n'eft Lansenius pas que nous veuillions dire avec les Grecs, que celui qui faifoit fi bien chaque chofe alii. dans fon tems, & qui étoit fi exact à garder jufques aux moindres obfervances de la Loi, ait avancé la Cene Pafchale du quatorziéme jour de la Lune au treiziéme, que le pain qu'il confacra fût avec du levain; nous difons plûtôt ce que croit l'Eglife Latine, qu'il mangea avec les fiens l'Agneau Pafchal, au jour prefcrit par la Exod.12. Loi, & par conféquent, que le pain qu'il

ni

8. & alia

Vide 4.

&S.Epi

confacra étoit du pain fans levain, puisqu'on ne mangcoit l'Agneau Pafchal qu'avec du pain fans levain. Mais nous ajoûtons que les autres Juifs, ou pour n'avoir pas bien fceu le jour de la Lune, ou par quelque autre femblable raison, ne firent: la Pâque que le lendemain.

Au refte,ce que nous difons,n'eft ni nouveau, ni difficile à comprendre. 11 y a plus. 22 de douze cens ans que Saint Epiphane a phan.ibid.écrit qu'on ne pût cette année-là s'accorder fur le jour de Pâque, & qu'ainfi les uns, le celebrerent comme le Sauveur ; les autres, comme les Prêtres & les Scribes, qui étoient les Interpretes de la Loi, mais fujets à fe méprendre.

Ante diem Feftum Pafchæ.

1.Erat au

Ceve Paf

chæ.

Ioan. 19.

introierut

L'Ecriture même, fi on la prend dans le fens le plus naturel, autorife cette penfée.. 10an 1 Car elle dit en termes formels, 1. Que le tem paraf jour auquel Jesus fit la Cene avec fes Apôtres, fut celui qui préceda la Fête de Pâ14. Non que. II. Que le jour auquel il mourut, étoit in Prato celui de la Préparation pour la Pâque. non conta III. Que ce jour-là même, fes ennemis tur, fed ut n'oferent entrer dans le Prétoire, parce qu'ils rent Paf- craignoient de contracter, en y entrant quel18:28. que impureté legale, qui leur eût été un Vide P. empêchement pour manger l'Agneau Paf 416.22. chal.

rium ut ,

misaren

manduca

cha, Ioan.

Ceux qui tiennent l'opinion contraire,. tâchent de donner d'autres fens à ces раго

les. On ne les condamne point; on prie feulement ceux qui y feront quelque réflexion, de voir fi ce ne font point des détours qu'ils prennent pour faire violence au Texte de l'Evangile, On en laiffe le jugement aux perfonnes pieufes & fçavantes, qui en jugeront fans prévention..

Nous nous promettons que le Lecteur aura la bonté d'excufer les fautes,qui auront pû fe gliffer dans un Ouvrage qui demande une parfaite connoiffance de l'Hiftoire, de: la Theologie, & des Langues, foit pour ne rien dire qui choque la verité, foit pour accorder les quatre Evangeliftes, qui fou vent racontent une même chofe fi diffe-remment, qu'à ne regarder que leurs paro-les, on croit qu'ils fe contredifent l'un l'autre.

rum Ocu

Chriftus

tus eft..

Ce que nous fouhaitons le plus, c'eft que Ante que JESUS foit connu, aimé, reveré de tout le los refus monde, & que felon le confeil du grand præfcrip Apôtre, on l'ait toûjours devant les yeux, Gal.3.1.. qu'on étudie continuellement fes maximes, & qu'on ne fe laffe jamais d'imiter fes œu vres. C'eft le fruit que nous attendons de nôtre travail, & nous efperons que JESUS même nous communiquera fon Efprit, afin que ce que nous raportons de fa vie, il le: grave profondément dans le cœur de ceux: qui s'affectionneront à le lire, & à le mé direr à loifir..