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faire la guerre aux ennemis par lefquels elle étoit at A N. 1301.. taquée, & de traiter avec eux s'ils fe foumettofent. Le pape le fit auffi comte de Romagne & Paciaire ou u pacificateur de Tofcane, & en cette qualité il entra le jour de la Touffaint à Florence, où le pape ren- Rain. n. 146 voya un mois aprés le cardinal Matthieu d'Aquafparta en qualité de legat, pour travailler avec Charles à réünir les factions qui déchiroient cette grande ville. Or le principal objet du voïage de Charles de Valois étoit d'aider le roi Charles le Boiteux à recouvrer l'ifle de Sicile : c'est pourquoi le pape lui donna des décimes à lever en France, en Italie, en Sicile, en Sardaigne, en Corfe, dans la principauté d'Achaïe, le duché d'Athênes & les ifles voisines.

2.15.

VI.

Evêque de Pamiers em

LXXXIX.2.38.

Cette année commencerent les fameux differends entre le pape Boniface & le roi Philippe le Bel, à l'occafion de Bernard de Saiffet premier évêque de Pa- prifonné. miers. Ce prélat fut denoncé au roi,comme aiant vou- Sup. liv. lu perfuader au comte de Foix & au comte de Com- Differends minges, de fe révolter & fouftraire à l'obéiffance du p. 627. &c. roi la ville & le comté de Toulouse, nouvellement réuni à la couronne. On l'accufoit auffi d'avoir dit que la ville de Pamiers n'étoit point du roïaume, qu'il ne tenoit rien du roi, que c'étoit un faux monoïeur, qu'il n'étoit pas legitime, & enfin qu'il ne valoit rien. Le roi fit informer de ces faits, qui furent prouvez par une information juridique commencée le mercredi P. 634. d'aprés la Trinité vingt-quatriéme de Mai 1301.Ensuite P. 629le roi fit venir à Senlis les grands de fon roïaume, avec plufieurs docteurs, clercs & laïques ; & par leur confeil il fit arrêter l'évêque de Pamiers qui étoit prefent, & le mit à la garde de Gilles Afcelin archevêque de Nar

AN. 1301.

p. 630.

VII.

Plaintes du

bonne fon metropolitain, afin qu'il lui fit fon procez jusqu'à la dégradation, & que le roi pût enfuite le punir felon qu'il l'avoit merité. L'archevêque de Narbonne se chargea donc du prifonnier, du confentement de l'évêque de Senlis, qui lui prêta territoire pour cet acte de jurifdiction, & enfuite il obtint aufli le confentement de l'archevêque de Reims.

En même temps on réfolut qu'un envoyé du roi iroit informer le pape de tout ce qui s'étoit paffé ; & ajoûteroit: Quoique le roi pût & dût envoier auffi-tôt au fuplice un homme convaincu de tels crimes, qui font ceffer tout privilege: toutefois il a voulu fuivre les traces de fes ancêtres, qui ont toûjours confervé les droits de leur église & de l'église Romaine leur mere. C'eft pourquoi il vous prie, faint pere, de faire en cette occafion le devoir de votre charge, en dépoüillant le coupable de fon ordre & de tout privilege clerical: en forte que le roi puiffe en faire juftice, comme d'un fcelerat incorrigible. L'inftruction de l'envoïé continuoit ainfi. Le pape répondra vrai-semblablement qu'il ne peut condamner un homme fans qu'il foit convaincu, & qu'il faut prendre l'une des deux voïes, ou de lui envoïer l'évêque, ou d'examiner l'affaire en France; & en ce dernier cas, il faudra voir fi on procedera devant le metropolitain & fes fuffragans, ou devant un legat ou d'autres commiffaires du faint fiége. Il faudra favoir encore fi le pape commettra feulement l'inftruction de la caufe, ou le jugement & même l'execution; & on doit déliberer fur tous ces points.

Mais le pape Boniface aïant apris l'emprisonnement pape contre de l'évêque de Pamiers, écrivit au roi Philippe une lettre

temps

Rain. n. 28.

Differ.p.661.

qui commence ainfi : Suivant le droit divin & humain AN. 1301.
les prélats & les perfonnes ecclesiastiques, fur lesquelles philippe le
les laïques n'ont reçu aucun pouvoir, doivent jouir Bel.
d'une grande liberté. On l'obfervoit du
de vos
prédeceffeurs; & nous fommes d'autant plus affligez
que vous ne les imitiez pas,aprés que Dieu a tant éten-
du votre roïaume, Car nous avons apris que vous avez
fait amener fous fure garde en votre prefence, notre
venerable frere l'évêque de Pamiers, & l'avez mis à la
garde de l'archevêque de Narbonne, fous prétexte de
la fûreté de fa perfone. C'eft pourquoi nous vous
prions & vous enjoignons de laiffer venir cet évêque
en notre prefence librement & fûrement, & lui faire
reftituer tous les biens, meubles & immeubles, & ceux
de fon église, que vous avez fait faifir ; & ne pas ufer
à l'avenir de pareilles voïes. Car vous devez favoir que
vous avez encouru la peine canonique, pour avoir te-
merairement mis la main fur cet évêque, à moins que
vous ne propofiez devant nous quelque excufe raifon-
nable. Nous ordonnons auffi par une autre lettre à l'ar-
chevêque de Narbonne, de délivrer l'évêque & le
laiffer venir vers nous, nonobftant l'ordre qu'il a reçu
de vous pour le garder. Cette lettre eft du cinquiéme
Decembre 1301.

Jerem. 1. 100

Le même jour le pape écrivit au roy une bulle qui Differ.p.480 commence Aufculta fili, où aprés une exhortation à Rain.n. 31. l'écouter avec docilité, il dit: Dieu nous a établi fur les rois & les roïaumes pour arracher, détruire, perdre, diffiper, édifier & planter en fon nom & par fa doctrine. Ne vous laiffez donc pas perfuader que vous n'aïez point de fuperieur, & que vous ne foïez pas fou mis au chef de la hierarchie ecclefiaftique: Qui penfe

1

A N. 1301.

ainfi eft un infenfé, & qui le foutient opiniatrement est un infidele, separé du troupeau du bon pasteur. Or l'affection que nous vous portons ne nous permet pas de diffimuler que vous opprimez vos sujets ecclesiastiques & feculiers, les feigneurs, la noblesse, les communautez & le peuple; de quoi nous vous avons souvent averti fans que vous en aïez profité.

Pour venir plus au détail, quoiqu'il foit certain que le pape a la fouveraine difpofition des benefices, foit qu'ils vaquent en cour de Rome ou dehors; & que vous ne pouvez avoir aucun droit de les conferer fans l'autorité du faint fiége: toutefois vous empêchez l'execution de ces collations, quand elles précedent les vôtres, & vous prétendez être juge en votre propre cause. En general vous ne reconnoiffez d'autres juges que vos officiers pour vos interêts, foit en demandant, foit en défendant. Vous traînez à votre tribunal les prélats & les autres ecclefiaftiques de votre roïaume tant reguliers que feculiers, tant pour les actions perfonelles que pour les réelles, même touchant les biens qu'ils ne tiennent pas de vous en fief. Vous exigez d'eux des décimes & d'autres levées, quoique les laiques n'aïent aucun pouvoir fur le clergé, Vous ne permettez pas aux prélats d'emploier le glaive fpirituel contre ceux qui les offenfent, ni d'exercer leur jurifdiction fur les monafteres dont vous prétendez avoir la garde. Enfin vous traitez fi mal la noble église de Lion & l'avez réduite à une telle pauvreté, qu'il eft difficile qu'elle s'en releve; & toutefois elle n'eft point de votre roïaume, nous fommes parfaitement inftruits de fes droits, en aïant été cha

noine.

Vous ne gardez point de moderation dans la per- AN. 1301. ception des revenus des églifes cathedrales vacantes, ce que par abus vous appellez Regale: vous confumez ces fruits, & tournez en pillage ce qui a été introduit pour les conferver. Nous ne parlons point maintenant du changement de la monoïe & des autres griefs dont nous recevons des plaintes de tous côtez: mais pour ne pas nous rendre coupable devant Dieu qui nous demandera compte de votre ame, voulant pourvoir à votre falut & à la réputation d'un roïaume qui nous eft fi cher : aprés en avoir deliberé avec nos freres les cardinaux, nous avons par d'autres lettres apellé pardevant nous les archevêques, les évêques facrez ou élûs, les abbez de Cîteaux, de Clugni, de Premontré, de S. Denis en France & de Marmoutier : les chapitres des cathedrales de votre roïaume, les docteurs en theologie, en droit canon & en droit civil & quelques autres ecclefiaftiques; leur ordonnant de fe prefenter devant nous le premier jour de Novembre prochain, pour les confulter fur tout ce que deffus, comme perfones qui loin de vous être fufpectes, font affectionnées au bien de votre roïaume, dont nous

traiterons avec eux. Vous pourrez,
pourrez, fi vous croïez y
avoir interêt, vous y trouver en même-temps, par
vous-même ou par des envoiez fidelles & bien inf-
truits de vos intentions. Autrement nous ne laifferons
pas de proceder en votre abfence ainfi que nous juge-
rons à propos. La lettre finit par une exhortation à fe-
courir la terre fainte.

Quant à ce qui y eft dit de l'autorité fur les rois,& du pouvoir d'arracher & de planter & le refte, ce font les paroles de Dieu adreffées à Jeremie, qui ne regar

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