nom de la province & des évêques qui devoient venir AN. 1308. au concile : par exemple dans la province de Tours ceux de Rennes, d'Angers & de Nantes: dans celle de Bourges les évêques de Mende, de Limoges & du Pui: pour Rouen, Baïeux & Coutances: pour Narbone, Toulouse, Maguelone & Beziers; & ainfi du refte par toute l'églife Latine. Pour la ville de Rome la bulle eft adreffée à Ifnard archevêque titulaire de P. 2550. C. Thebes & vicaire du pape. La même bulle fut auffi adreffée au roi de France Philipe avec cette clause à la fin. Au refte, parce qu'il importe pour plufieurs raifons qu'un concile si celebre foit orné de votre pre- P. 1544. B. fence & de celle des autres princes catholiques, nous vous prions & vous confeillons d'y affifter en perfone. La bulle eft adreffée de même à Edouard II. roi d'Angleterre, à Charles roi de Sicile c'est-à-dire de Naples, à Charles fon petit-fils roi de Hongrie, à Frideric roi de Trinacrie, c'eft-à-dire de Sicile, & à tous les autres rois.

p.1539.

Dupui.

La comiflion pour informer contre les Templiers fut auffi envoïée par toutes les provinces & les comiffaires étoient différens. Pour la province de Sens lepape commit l'archevêque deNarbone,les évê- Templ.p.115. ques de Baïeux, de Mende & de Limoges: Mathieu de Naples archidiacre de Roüen, Jean de Mantouë archidiacre de Trente; Jean de Montlaur archidiacre de Maguelone & Guillaume Agarin prevôt d'Aix. Parune autre lettre adreffée à tous les évêques de Fran- Spicil. to. x. ce, le pape leur ordona de prendre pour ajoints en ces informations deux chanoines de leur cathedrale, deuxfreres Prêcheurs & deux freres Mineurs, qu'ils croiroient les plus capables (en leurs confciences.) La let

P. 362.

AN. 1308. tre eft du treiziéme de Juillet 1308.

XXVIII.

S. Jean de

Latran brûlée.

II.

n. 10.

Bal. to. I. p.

67.

36,

Cependant le pape aprit un grand accident arrivé Eglife de à Rome. La nuit de devant la fête de S. Jean à la porte Latine qui eft le fixiéme de Mai,le feu prit à l'églife de S.Jean de Latran. Il comença par la facristie, gagna J. Villani. le toit de la grande nef, qu'il brûla prefque tout enRain. 27. tier, puis l'autel des chanoines & le choeur. Les bâtimens d'alentour furent brûlés entre'autres les logemens des chanoines, & il ne resta que la chapelle noV. Maurs mée le faint des faints qui étoit voutée, Le ciboire ou Chreft. n. 35. tabernacle d'argent qui couvroit le grand autel fut fondu; & on craignoit fort pour l'autel même où l'on difoit que S. Pierre avoit offert le S. facrifice. Car cet autel n'étoit que de bois, comme il eft encore & en forme de cofre enfermant de precicufes reliques. Mais quelques perfones pieufes eurent le courage de le retirer de l'incendie, & il fut confervé dans la chapelle de S. Thomas de la même église fellé des faux de trois cardinaux Jean de Boccamau évêque de Tufculum, Jaques Colonne & François des Urfins diacres. Les Romains regarderent cet accident comme une punition divine, la ville retentiffoit de lamenta tions & l'on fit des proceffions pour implorer la mifericorde de Dieu: on apaifa les divifions, les ennemis fe reconcilierent, & plufieurs perfones de l'un & de l'autre fexe donerent des fignes de penitence: s'éxhortant l'un l'autre à contribuer & travailler aux réparations de cette églife la premiere du monde en dignité.

Le pape aïant donc apris ces triftes nouvelles fongea auffi-tôt au remede, & envoïa Ifnard archevêque titulaire de Thebes & vicaire de Rome, avec une grande

grande fomme d'argent pour travailler au rétablisse- AN. 1398. ment de S. Jean de Latran en fa premiere magnificence, par le confeil des trois cardinaux qui vienent d'être només, & aufquels il écrivit. La lettre à l'évêque de Tufculum eft datée de Poitiers le onzième · d'Août. Il écrivit aufli aux Romains, loüant le zele qu'ils témoignoient en cette occafion, tant par les œuvres de penitence & les reconciliations, que par le bâtiment où tous mettoient la main fans diftinction d'âge, de fexe, ou de condition, les nobles & les riches comme les autres; & pour les y encourager il leur done des indulgences.

p. 69.655.

Sur la fin du mois d'Août le pape Clement quitta Baluz. to. L. Poitiers avec fa cour, & paffant par Bourdeaux, puis par Agen vint à Toulouse pour la feconde fois, & y entra au mois de Decembre. Il y fut reçu par tous les ordres avec tres-grande folemnité, & le jour de Noël il célebra la messe pontificalement dans l'églife cathedrale de S.Etiene: il avoit avec lui à Toulouse neuf cardinaux & y demeura jufqu'à l'Epiphanie..

Ifnard Tacconi que le pape Clement envoïa alors à Rome, étoit natif de Pavie & de l'ordre des freres Prêcheurs. Le pape le conut dès l'année 1302.lors qu'étant encore archevêque de Bourdeaux, il paffoit feul & inconu en Lombardie, où Ifnard l'assista dans une grande neceffité. Etant devenu pape il le fit son penitencier: puis cette année 1308. vers la Pentecôte il luî dona le titre d'archevêque de Thebes, & en 1311. celui de patriarche d'Antioche, avec l'administration de l'évêché de Pavie fa patrie, afin qu'il eût de quoi fubLifter.

Cette année 1308. mourut le fameux Jean Scot fur
Tome XIX.

XXIX.

Jean Scot.
Labbe fcript.

to. 1. p. 559.

Vading. an. 1304.7. 24

to. 7. p. 91.

P. 94.

nomé le docteur fubtil, Il étoit né à Duns en Efcoffe AN. 1308. fur les confins de l'Angleterre, & étant entré dans Le docteur l'ordre des freres Mineurs, il étudia à Oxford avec grand fuccés: enfuite il vint à Paris où il fut prefenté pour bachelier par ordre du general Gonfalve en 1305. puis promû au degré de docteur. Il y foutint l'opinion de la Conception immaculée de la fainte Vierge,dont il parle ainfi : On dit comunément qu'elle a été conque en peché originel & il en raporte les raisons aufquelles il s'efforce de répondre : puis il réfout ainfi la queftion: Je dis que Dieu a pû faire que la Vierge ne fût jamais en peché originel: il á pû faire auffi qu'elle n'y fût qu'un inftant ; & il a pû faire qu'elle y fût quelque temps, & que dans le dernier inftant elle fut purifiée; & aprés avoir aporté des raisons de ces trois poffibilités, il conclut: Lequel des trois a été fait Dieu le fait;& il femble convenable d'attribuer à Marie ce qui eft le plus excellent, s'il ne repugne point à l'autorité de l'églife ou de l'écriture. C'eft ainfi que Scot s'explique fur ce fujet ; & quoiqu'il le fasse fi modeftement, il paffe pour le premier auteur du dogme de la Conception immaculée, qui a fait depuis de Bern.ep.174. grands progrés. Cette opinion toutefois semble avoir Sup. liv. paru dès le milieu du douziéme fiécle. La lettre de S. LXVIII. 2.70. Bernard aux chanoines de Lion & les deux de Pierre ep. 23.1x.ep. de Celles à Nicolas moine de S. Alban en Anglev. Thomaff. terre, fupofent que c'étoit le fondement fur lequel on feftes. liv. 11. vouloit introduire la fête de la Conception de Notre Dame; ce qui toutefois n'étoit pas neceffaire, puifque les Grecs celebrent encore la Conception de S. Baptiste : qui étoit auffi marquée autrefois dans la plufpart des martyrologes de l'églife Latine.

Petr. lib. vs.

9.10.

Boll. to. 22. P. 701.

e-trois ans,

Aprés que Scot eût enseigné deux ou trois ans à A N. 1308. Paris, il fut envoïé à Cologne, où il mourut le huitiéme de Novembre 1308. âgé de quarante-trois fuivant ceux qui lui donent la plus longue vie, & toutefois il a tant écrit, que fes œuvres font douze volumes in-folio, quoique toutes ne foient pas encore imprimées.

XXX. Charobert reconu roi

Rain. 1308.

22.23.

Cependant le cardinal Gentil de Montefiori legat en Hongrie, indiqua une affemblée generale de tous les prélats & les feigneurs & de toutes les perfones no- de Hongrie. tables du roiaume, pour l'octave de la faint Martin, c'est-à-dire le dix-huitiéme de Novembre. Elle fe tint prés de Bude dans une grande plaine au couvent des freres Prêcheurs.Le jeune roi Charobert s'y trouva avec le légat, les deux archevêques Thomas de Strigonie & Vincent de Colocza, & fept évêques, de Vaccia, de Vefprim, de Nitria, de cinq églifes, d'Agria, de Zagrab & de Javarin. A la tête des feigneurs étoit Henri ban de Sclavonie avec plufieurs autres en perfone & les nonces des abfens, environés d'une grande multitude d'autres nobles & de peuple. Alors le légat comença à prêcher, prenant pour texte l'évangile de la zizanie, & apliquant la bone femence Matth. 1 aux rois catholiques que Dieu avoit donés à la Hon- 24° grie, particulierement S. Etiene qui avoit reçu fa courone du pape, comme témoignoient leurs propres hif toires qu'il avoit lûës.

Ce difcours excita le murmure des feigneurs & des autres nobles, qui déclarerent que ce n'étoit point leur intention que l'églife Romaine ou le légat, pour elle,leur donât un roi. Mais nous voulons bien,ajoûterent-ils qu'elle confirme celui que nous avons apellé &