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fuivante: comme il paroît par fa lettre au roi Philipe AN. 1310. le Bel datée d'Avignon le quatrième d'Avril. Il en écrivit de semblables à tous les archevêques & à tous les fouverains.

pe

XLII. Divifion

1301. 7. I.

La divifion continuoit & augmentoit entre les freres Mineurs. Nous avons vû que les plus zelés pour entre les frel'observance avoient été separés des autres par l'au- res Mineurs. torité du pape Celestin en 1294. fous le nom de pau- Lxxxix.n.31. Sup. liv. vres Ermites, & qu'ils avoient pour chef frere Liberat de Macerata. Ils pafferent en Achaie, où un fei- Vading. an. gneur nommé Thonias de Sole leur aïant doné une tite ifle, ils y bâtirent une habitation & pendant quelque temps y fervirent Dieu en repos. Les peres de la province de Romanie l'aïant apris firent tous leurs efforts pour les ramener à l'unité de l'Ordre: mais les Ermites leur refifterent conftament, s'apuïant fur la conceffion du pape Celeftin. Leurs adverfaires voulant abfolument les chaffer de leur ifle, les accuferent d'être Manichéens, car cette fecte étoit encore nombreuse, fous prétexte qu'ils s'abftenoient de viande & de vin & fuïoient la compagnie des hommes. On les accufoit de plus d'entendre la meffe tres-rarement, & d'avoir de mauvais fentimens touchant le S. facrement & l'autorité du pape.

Ces reproches aïant été portés aux feigneurs & aux évêques du païs, ils envoïerent dans l'ifle des hommes favans & pieux pour examiner la vie des Ermites. Ils trouverent que c'étoit des menfonges & des calomnies: que les Ermites prêtres difoient la meffe tous les jours, qu'ils célébroient dévotement l'office divin & prioient pour le pape & pour l'églife Romaine: que leur abftinence & leur folitude n'avoient pour prin

Vading.

1302. n, 1.

7.2.

V. Cang. Gloß. commiffaria.

Vad. n. 7.

cipe que l'efprit de mortification.Les prélats & les seigneurs fatisfaits de ce raport firent venir les Ermites & leur confeillerent de venir dire la meffe dans la grande églife, de rendre compte de leur foi dans leurs fermons, & quand ils feroient invités à manger, d'ufer librement de viande & de vin. Les Ermites le fis rent, & rejetterent ainfi toute la haine fur leurs calomniateurs : qui n'aïant pas réüffi en Grece, réfolurent de les pourfuivre en cour de Rome jufqu'à ce qu'ils les euffent ramenés à eux ; ce qui fe pafla vers

l'an 1301.

L'année fuivante le chapitre général des freres Mi neurs se tint à Genes: d'où pendant qu'il fe tenoit Jean de Mur quatorziéme général de l'Ordre, écrivit une lettre à tous les fuperieurs & à tous les freres où il dit : Je trouve que quelques-unes de nos comunautés ont des terres, des maifons & des vignes, ou des penfions perpetuelles à prendre fur ces fonds. Que quelquesuns de nos freres ont non-feulement des revenus perfonels, mais encore fe chargent d'éxécutions de teftaments perpetuelles: ce qui les engage de prendre foin de la culture des terres & de la récolte des fruits, & à poursuivre des procés. Il défend tous ces abus fous peine d'excomunication par le feul fait, & exhorté tous fes freres à rapeller l'efprit de leur premiere pau

vreté.

En ce même chapitre les freres de la province de Romanie firent prendre une conclufion en pleine affemblée, qu'il faloit obvier au fchifme de l'Ordre, & emploïer tous les moïens poffibles pour y réünir les Ermites Celestins. On s'adreffa au pape Boniface & on lui demanda la révocation des privileges de fon pré

déceffeur: mais il répondit, qu'il faloit laiffer ces Ermites dans leur obfervance ; & qu'il étoit bien informé qu'ils gardoient mieux la regle que ceux qui les perfecutoient. Alors ceux-ci lui dirent: Les Ermites ont toûjours été attachés à Celestin & ne vous reconoiffent point pour vrai pape. C'étoit fraper Boniface à l'endroit le plus fenfible, principalement dans le fort de fes differends avec Philipe le Bel, & il craignoit que ce parti ne fe fortifiât en Gréce. Il écrivit donc à Pierre patriarche Latin de CP.qui étoit alors à Venise & aux archevêques d'Athenes & de Patras, de s'informer exactement de cette affaire. L'archevêque d'Athenes ordona à Thomas de Sole de chaffer les Ermites de fon ifle; & ils pafferent fous la domination des Grecs, où ils demeurerent deux ans. Mais le patriarche Pierre étant venu à Negrepont & follicité par les freres de Romanie, publia deux fois excomunication contre les Ermites s'ils ne revenoient à l'obédiance de l'Ordre.

n. 8.

Pendant ces troubles frere Liberat fuperieur des Ermites, crut que le plus fûr étoit de retourner en Italie, & de fe juftifier devant le pape lui & fes confreres. Ils aborderent à un port de la Pouille en 1303. dans le temps de la capture de Boniface VIII. Un feir gneur du païs nomé André de Segna leur dona une pauvre habitation dans un defert où ils s'arrêterent Mais le quinziéme général de l'Ordre, Gonfalve de Balboa Portugais élu en 1304, follicita le roi de Na ples Charles le Boiteux, de chaffer de fon roïaume 13.1307.n.2. ces fchifmatiques qu'il accufoit même d'héréfie. Le roi écrivit à Thomas d'Averse inquifiteur de l'ordre des freros Prêcheurs, de s'en informer exactement &

E

an. 1304. n.

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de punir les coupables. L'inquifiteur les aïant fait venir dans un château du comté de Moliffe, les examina & ne trouva point d'erreur contre la foi : toutefois en s'en allant il leur confeilla de le fuivre, pour éviter d'être inquietés par leurs ennemis. Ceux-ci ne laifferent pas de les infulter par le chemin & de redemander frere Liberat, comme aïant quitté la comunauté fans permiffion des fuperieurs. L'inquifiteur l'avertit de fe mettre en fûreté pour ne pas tomber entre leurs mains, & lui confeilla d'aller droit au pape : il fe mit donc en chemin avec un compagnon pour venir en France trouver Clement V. mais il tomba malade à Viterbe & mourut en 1307.

Ses compagnons vouloient fortir du roïaume de Naples, ne s'y trouvant pas en fûreté : mais l'inquifiteur le leur défendit & leur ordona de comparoître encore devant lui. Iljoignit avec eux religieux de mauvaise réputation només de S. Onufre & des hérétiques de la fecte des apoftoliques. Il les condamna tous indistinctement par une même sentence comme hérétiques & fchifmatiques: notant même comme fauteurs ceux qui les protegeoient. André de Segna, qui avoit logé les Ermites, s'en plaignit à l'inquifiteur, qui n'en fut que plus irrité contre eux, & les fit conduire à Trivento ville épifcopale du Comté de Moliffe. Aprés les avoir mis à la queftion pour leur faire confeffer leur héréfie prétendue & les avoir tenus cinq mois en prison: il les condamna à être fuftigés publiquement à Naples, puis chaffés du roïaume. Mais il mourut peu de temps aprés, déclarant qu'il les avoit condamnés injustement.

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12 Quelques uns fuccomberent aux tourmens, & les

autres

an. 1310. K. I

autres vinrent en France pour se justifier devant le
pape: puis ils fe joignirent à d'autres freres Mincurs
qu'ils trouverent en Provence, qui s'étoient auffi fe-
parés de l'Ordre par zele pour l'observance, comme
il étoit arrivé en d'autres provinces, particulierement
en Tofcane, ce qui produifit deux partis dans l'Or-
dre; dont l'un fe nommoit les Spirituels, l'autre les fre
rés de la Comunauté. Celui-ci étoit le plus nombreux
& le plus puiffant, mais l'autre ne laiffoit pas de fe
foutenir, principalement en Provence. Raimond de
Villeneuve natif de cette province & medecin du roi
Charles le Boiteux, l'excita peu avant la mort à in-
terpofer fon autorité pour garantir d'opreffion les
freres Spirituels & écrire au général de l'Ordre de leur
être favorable. Le roi écrivit, non-feulement au gé-
néral, mais au pape Clément, le priant de faire cef-
fer ce scandale. Suivant la priere & le confeil du roi
pape fit venir en fa préfence par des ordres fecrets
le general de l'Ordre Gonfalve & ceux qu'il crut les
plus capables de l'inftruire de cette affaire, favoir Rai-
mond Goffredi qui avoit été le treizième général de
l'Ordre, Guillaume de Cornillon, Ubertin de Cafal
& quelques autres. Il les fit venir à Malause au diocese
de Vaifon,& interrogea fecrettement le général Gon-
falve & les autres enfuite pour favoir la verité: mais
voïant que la multitude des autres affaires ne lui per-
mettoit pas de vaquer à celle-ci en perfone, il en do-
na la comiffion à trois cardinaux, Berenger de Fre-
dole évêque de Tufculum, Guillaume Arrufat prêtre
du titre de fainte Potentiene & Thomas Jorzi du titre
de fainte Sabine.

le

Or comme l'affaire tiroit en longueur les freres
Tome XIX.

Аа

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