Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dinations. On admet aux ordres facrés & même à la AN.
prêtrife une multitude de perfones viles & méprifa-
bles & entierement indignes, foit pour la science, foit
pour les mœurs : ce qui fait qu'en la plufpart des lieux
les prêtres font moins eftimés des laques que des Juifs.
Plufieurs canons avoient pourvûce defordre, mais
ils font fi mal obfervés qu'il eft encore neceffaire d'y
pourvoir.

[ocr errors]
[ocr errors]

Plufieurs ecclefiaftiques de mauvaises moeurs viennent en cour de Rome de divers païs & obtienent tous les jours des benefices même à charge d'ames, principalement dans les lieux où leur vie dereglée n'eft pas conue, & les prélats obéiffant aux ordres du S. fiége les reçoivent avec refpect. Enfuite ils deshonorent l'églife par leur vie fcandaleufe ; & cependant les prélats ne peuvent pourvoir de bons fujets aux benefices de leur collation, à caufe de la multitude de ces impetrans en cour de Rome. D'où il arrive que n'aïant point de quoi récompenfer le merite des gens de lettres, ils ne trouvent perfone pour les aider dans le gouvernement de leurs diocefes. Je conois une églife cathédrale qui n'a que trente prebendes, dans laquelle il en a vaqué trente-cinq ou plus depuis vingt ans que fon évêque la gouverne; & toutefois il n'en a conferé que deux; & il fe trouve encofe des attendans qui ont des expectatives fur cette églife. De plus le pape a conferé toutes les dignités qui y ont vaqué pendant ce temps là, même à des abfens qui n'y ont jamais mis le pied. Dans le même diocéfe les prébendes des petites collegiales étant à la collation de l'évêque, & les cures mêmes font remplies par des impetrans en cour de Rome; en forte que l'évêque ne peut Tome XIX.

Cc

[ocr errors]

IZIL

1.59.

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

doner ni grands ni petits benefices, aux bons eccle-
siastiques du païs, qui ont étudié en diverses facultés
& y ont confumé leur patrimoine;ainfi n'esperant au-
cun fecours de l'églife, la neceffité les réduit à fe ma-
Mierz
rier ou à paffer aux cours féculieres & aux confeils des
princes; & ce font les plus grands ennemis de l'églife
qui les a meprifés & de fes libertés.

[ocr errors]

On envoie pour fervir les églifes des perfones qui en font incapables: des étrangers qui parlent une autre langue, ou des perfones capables & dignes, mais qui ne refident jamais demeurant en cour de Rome ou en celles des princes. D'où il arrive que les églifes de la campagne tombent en ruine, leurs biens & leurs droits fe perdent, l'office divin ceffe & l'intention des fondateurs eft fruftrée. Un autre abus eft la pluralité des benefices. La même perfone & quelquefois incapable, en poffede quatre ou cinq en diverfes églifes: quelquefois jufqu'à douze; & autant qu'il en faudroit pour entretenir honêtement cinquante ou foixante hommes lettres & exercés dans les fonctions. Ce qui produit entre autres maux le déperiffement des études. Que dirai-je des enfans à qui on donne tant de benefices avant l'âge de raifon? peuvent-ils éviter la damnation éternelle?

Je dirai avec le refpect dû au S. fiége que plufieurs églifes en divers païs du monde font aujourd'hui abandonées par le féjour continuel que font en cour de Rome ceux qui en ces églifes poffedent des dignités & des benefices,que l'on done à d'autres courtifans toutes les fois qu'ils vienent à vaquer. Plût à Dieu que le pape & les cardinaux y fiffent l'attention neceffaire? Quand une églife cathedrale eft vacante à peine y trouve-t'on

une perfone éligible; & s'il s'y rencontroit un bon AN. 1311. fujet, ce qui eft rare aujourd'hui, les mauvais font en fi grand nombre qu'ils ne permettroient pas de l'élire. Ils prenent leurs femblables & le mauvais parti l'emporte, foit par artifice & par furprise, soit par la violence ou l'importunité des grands, foit par la confideration de la parenté; & ces prélats indignes ne font que détruire au lieu d'édifier. hehe!

L'auteur vient enfuite à la vie déréglée des clercs, principalement des beneficiers, l'immodeftie des habits & la fuperfluité des tables. Il fe plaint que pendant l'office divin les chanoines fe promenent dans l'églife & revienent au choeur à la conclufion de chaque heure recevoir leur diftribution. Ou s'ils demeurent au choeur, ils caufent deux ou trois enfemble à grand bruit & s'éclatent de rire, tandis que quelques autres chantent.

Il marque auffi le relâchement des moines, dont plufieurs quittoient leurs cloîtres pour demeurer deux ou trois dans des prieurés écartés ou ailleurs. D'autres fans célebrer l'office ni garder l'obfervance, couroient par les foires & les marchés trafiquant comme des féculiers; & s'abandonant aux vices les plus honteux au grand scandale du peuple. Les religieux exempts recevoient dans leurs églifes ceux que les évêques avoient excomuniés & permettoient d'y célébrer des mariages illégitimes: ils refufoient de païer les droits dont ils étoient chargés envers les évêqués, qui les laiffoient perdre plutôt que d'aller plaider tous les jours en cour de Rome. Ce memoire finit en difant que le meilleur remede à tant de maux eft de rapeller l'observation des anciens canons, principalement des quatre pre

B. 65.

n. 58.

n. 65°

AN. 1311.

LII.

vêque de Mende. Tract. de modo conc. P. 7.

F. 18. 20.

miers conciles; & que l'églife doit être reformée dans le chef auffi bien que dans les membres.spo

L'instruction de l'évêque de Mende fur les matieAvis de l'é- res à traiter dans le concile eft beaucoup plus ample, mais elle tend à même fin & comence par le même confeil de rapeller l'antiquité. Sur quoi il va jufqu'à dire que de parler contre les canons, c'eft blafphemer contre le S. Efprit qui les a infpirés. Il veut qu'on ré duife les difpenfes à leurs juftes bornes, & que ce foit une exception du droit commun pour un plus grand bien: en forte qu'on préfere toûjours l'interêt public au particulier. Il exhorte le pape à les moderer & à révoquer les exemptions, qui quand elles auroient été bonnes en leu temps, font devenues pernicieuses & Fenverfent la fubordination établie dans l'églife par l'antiquité, fuivant laquelle tous les monasteres doivent être foumis aux évêques : qui ont reçu leur puiffance de Dieu, & il foutient que le pape ne peut faire de nouvelles loix contre les anciens canons.

P. 21.

P. 24. 49.

28.

3.4.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Il recomande la tenue des conciles provinciaux comme étant le tribunál ordinaire où fe doivent terminer les affaires ecclefiaftiques; & il en raporte la forme tirée du quatriéme concile de Tolede tenu en 633. Il demande que fuivant les anciens canons les diacres ne foient ordonés qu'à vingt-cinq ans & les prêtres à trente. Il recomande la ftabilité des clercs, c'eftà dire qu'ils ne paffent point d'une églife à l'autre, mais que chacun demeure dans celle pour laquelle ila été ordoné & où il a fervi d'abord. If blâme l'abus de doner les benefices à des étrangers qui n'entendent pas la langue du pais, qui ne veulent ni ne peuvent réfider ; & fc repofent fur des difpenfes obtenues par

[ocr errors]
[ocr errors]

importunité. Il infifte fur la neceflité de la réfidence AN. 1311. pour les curés & les évêques, qui féjournoient long- 93. 329. temps en cour de Rome, & dans leurs diocéfes me mêmes demeuroient en des châteaux ou d'autres maifons éloignées de la cathedrale.

Il parle fortement contre la pluralité des bénéfices, & ajoûte: Enfuite de cet abus on a nouvellement introduit contre les canons, que les cardinaux fe font doner à eux & aux leurs des prieurés conventuels & d'autres benefices réguliers, quoiqu'ils ne fe faffent point religieux. Ce qui eft contre les canons & produit en ces benefices la ruine totale de l'obfervance réguliere: parce que les religieux n'ont plus de fuperieur qui les inftruife, les corrige & les gouverne fe lon leur regle d'ailleurs l'hofpitalité elt omife, les biens & les droits de ces benefices diffipés & les bâtimens degradés au grand fcandale du peuple. On voit icy le comencement des commendes.

Pour diftribuer plus également les benefices & les remplir plus dignement, l'auteur propofe d'en affigner la dixième partie aux pauvres écoliers étudians en chaque faculté dans les Uuiverfités: afin de multiplier le nombre des hommes favans capables de fervir l'églife. Il demande aufli que le pape ne donne point de benefices à d'autres tant qu'il y aura dans la ville ou le diocefe des docteurs qui n'en feront point pourvûs. C'est l'origine du droit des gradués établi environ fix vingts ans aprés au concile de Bafle, Mais en mêmetemps que l'évêque de Mende vouloit qu'on favorisât les études: il vouloit aufli qu'on les reformat. II fe plaint que même entre les hommes lettrés, il s'en trouve tres-peu qui foient bien inftruits de ce qui re

[ocr errors]

336.

107.

[ocr errors]

P. 14h..

P. 2.

« AnteriorContinuar »