l'archevêque & le confentement demandé aux provin ciaux. Aucun fuffragant ne fortira de fa province pour facrer un évêque fans la permiffion de l'archevêque fous peine de n'être admis à aucun facre. Les exempts font exhortés de n'inviter ni admettre aucun évêque étranger ou inconu n'aïant point de peuple foumis deça la mer, à faire des ordinations ou d'autres fonctions pontificales dans leurs églifes. Ces inconus étoient aparemment des évêques in partibus, dont le nombre s'augmentoit tous les jours.

afin

Il est arrivé plufieurs fcandales dans la province de Ravenne principalement dans la Romagne à l'occafion de ceux qui fe difent nonces ou délégués du S. fiége: c'eft pourquoi nous défendons d'avoir égard à leurs procédures jufqu'à ce qu'ils aïent fait preuve de leur commiffion devant nous ou devant l'ordinaire du lieu. Quand les évêques pafferont dans leurs villes ou leurs diocefes, les curés feront foner les cloches que le peuple puiffe venir recevoir la bénédiction à genoux fous peine de cinq fols d'amende aplicable aux pauvres. Les chanoines ou les religieux iront audevant de l'évêque en chapes avec l'eau benîte, l'encens & la croix en chantant jufqu'à la porte de l'églife, & recevront fa bénédiction folemnelle profternés devant l'autel. Je n'ai point encore vû que je fache d'ordonance expreffe pour faire rendre aux évêques ces honeurs exterieurs, que le refpect & l'affection des peuples attiroit affés dans les premiers fiécles.

fous

Les notaires feront tenus de délivrer aux ecclefiaftiques dans dix jours au plûtard les expeditions des contracts ou autres actes paffés pardevant eux, peine d'excomunication, pendant laquelle ils ne

n. 8. n. 13.

pouront inftrumenter. Aucuns religieux ou autres ne AN. 1314. pouront s'exempter de la vifite des ordinaires fous prétexte de préscription. Les prêtres feront tenus de célebrer leur premiere meffe dans trois mois aprés leur ordination; & enfuite la dire au moins une fois l'an. Défense de prononcer des interdits pour des causes purement pecuniaires. Le concile révoque toutes les indulgences que les évêques avoient accordées à certains religieux d'annoncer en leurs fermons.

n. 19.

n. 20.

XV.

viere roi des › Romains.

n.18.

L'empire d'Allemagne étoit vacant depuis prés de quatorze mois, quand les électeurs s'affemblerent à Louis de BaFrancfort au jour marqué lendemain de la S. Luc c'est-à-dire le dix-neuvième d'Octobre. Ceux qui s'y Epift. ap. trouverent étoient Pierre archevêque de Maïence, Rain. 1314. Baudouin de Luxembourg archevêque de Treves, Jean roi de Bohême fon neveu, fils de l'empereur Henri VII.Valdemar Marquis de Bandebourg & Jean duc de Saxe. Ces cinq électeurs s'affemblerent au lieu accoutumé dans le fauxbourg de Francfort, & aprés qu'on eût célebré la meffe du S. Esprit, voulant proceder à l'élection, ils attendirent autant qu'ils crurent le devoir Henri archevêque de Cologne & Rodolfe comte Palatin du Rein. N'aïant point eû de leurs nouelles, quoiqu'ils fuffent proches, ils remirent l'élection au lendemain & le leur notifierent par des envoïés exprés. Ils ne vinrent point & le lendemain vingtiéme d'Octobre 1314. les cinq autres, aprés les cérémonies accoutumées, élurent roi des Romains Loüis comte Palatin du Rein & duc de Baviere, frere de Rodolfe: car ils étoient tous deux fils de Louis le Severe duc de Baviere de la maison de Vittelfpach. Louis qui étoit present consentit à son élection & fut mené par les

AN. 1314.

Alb. Argent.

119. J. Villani.

1x. c. 66.

XVI.

Mort de Philipe le Bel. Louis

Hutin roi.

. Nang. p. 659.

P. 661.

p. 665.

to. xi. conc.

p. 1623.

électeurs dans la ville de Francfort à l'église de S.Barthelemi, où ils le mirent fur l'autel avec les cérémonies accoutumées: puis ils chanterent le Te Deum, & publierent l'élection. C'est ce que porte la lettre de l'archevêque de Maïence au pape futur datée du vingttroifiéme d'Octobre.

Cependant les deux autres électeurs Henri archevêque de Cologne & Rodolfe comte Palatin & duc de Baviere, étoient à Saxenhausen prés de Francfort, où ils élurent roi des Romains Frideric duc d'Autriche, fils de l'empereur Albert & petit-fils de Rodolfe, qui fut couroné à Bone par l'archevêque de Cologne: mais Louis de Baviere le fut à Aix-la-Chapelle par l'archevêque de Maïence; & cette double élection caufa enfuite de grands troubles,non-feulement dans l'empire, mais dans l'église.

3

Le roi Philipe le Bel mourut cette année 1314. Fontainebleau le vendredi veille de S. André, c'està-dire le vingt-neuviéme de Novembre, la trentiéme année de fon regne. Son fils aîné Loüis déja roi de Navarre lui fuccéda & envoïa en cour de Rome Gi rard évêque de Soiffons avec deux autres ambaffadeurs pour folliciter l'élection d'un pape, mais fans effet. Le nouveau roi connu fous le nom de Louis Hutin, deftitua le chancelier Pierre de Latilli évêque de Châalons & le fit emprisoner comme fufpect d'avoir procuré la mort du roi Philipe le Bel & de l'évêque fon prédeceffeur: mais pour faire arrêter ce prélat, le roi fe fervit du nom de l'archevêque de Reims fon métropolitain, & au mois d'Octobre de la même année 1315. on tint un concile à Senlis où préfida cet archevêque qui étoit Robert de Courtenai, & fes fuffra

gans

gans y affifterent avec quelques autres prélats. On y AN. 1315. propofa les deux chefs d'accufation contre l'évêque de Chaalons, qui demanda avant toutes choses la liberté de fa perfone & la reftitution de fes biens, ce qui lui fut accordé comme il étoit jufte. Aprés quoi il demanda que les prélats informassent du fait, & pour cet effet le concile fut prorogé & affigné à Paris.Nous ne voïons pas qu'il y ait tenu de concile fur ce fujet : mais il en fut tenu un fecond l'année fuivante à Senlis. Le famedi vingt-uniéme de Juin cette année 1315. on avoit brûlé à Paris trois femmes qui avoient compofé le poifon dont étoit mort l'évêque de Chaa- Nang.p.663ì lons: ce qui fervit fans doute à la juftification de fon fucceffeur.

été

Cette année dans la province de Sens fe forma une conjuration de plufieurs laïques à l'occafion des vexations & des extorfions commifes par les avocats & les procureurs des cours eccléfiaftiques, principalement p. 662i en celle de l'archevêque. Ces conjurés fe firent d'entre eux un roi, un pape & des cardinaux : ils prononçoient des excomunications & des abfolutions: ils adminiftroient les facremens ou forçoient les prêtres à les adminiftrer en les menaçant de mort. Enfin quelques prélats s'adrefferent au roi & le prierent d'arrêter le cours de ce défordre, ce qu'il fit par la punition des coupables. Mais d'ailleurs il permit aux Juifs de rentrer en France, dont ils avoient été chaffés & leurs biens confifqués, en forte qu'on ne croïoit pas qu'ils Bal.vit.to.1. duffent jamais y revenir; & il le permit moïennant de p. 8 j. l'argent dont il avoit befoin pour fa guerre de Flan

dres.

La même année le vendredi aprés l'aparition de S,

Tome XIX,

I i

AN. 1315.
XVII.

Concile de Saumur & de Nogarot.

to.x1.p.1617.

Michel, c'eft-à-dire le neuviéme de Mai, Geoffroi de la Haïe archevêque de Tours, tint à Saumur un concile provincial où il publia un decret de quatre articles. Le premier eft pour la confervation des biens des églifes, contre les fraudes des vaffaux, qui dans les aveus de leurs fiefs reconoiffoient les tenir d'autres feigneurs. Le fecond renouvelle le decret du concile de Bourges tenu en 1276. contre ceux qui troubloient la Sup. liv. jurifdiction eccléfiaftique. Le troifiéme défend aux LXXXVI.7.63. archidiacres de rien exiger de ceux qu'ils examinent, foit pour les ordres, foit pour les bénéfices, principalement à charge d'ames.

10. xl.p.1621.

Amanieu archevêque d'Auch tint auffi un concile Sup. liv. à Nougarot en Armagnac où il en avoit tenu vingtLXXXIX.7.13. cinq ans auparavant. A celui-ci affifterent les évêques de Dax,de Bafas, de Lefcar, de Letoure, d'Oleron & de Baïonne, avec les deputés des autres évêques fuf fragans. Ce concile fit quatre articles de réglement dont le troifiéme condamne l'abus de refufer le facre ment de pénitence à ceux qui font condamnés au dernier fuplice & qui le demandent. Le refte de ces réglemens regarde la confervation des droits & des liberGall.Chr.to. tés de l'églife. Enfuite fe trouve la confirmation de ·ce concile & des précedents par Guillaume de Flavacourt, qui fucceda à Amanieù en 1320.

I. p. 101.

XVIII.

de Trevife.

Boll. to. 20.

Cette année 1315. mourut à Trevife un faint perLe B.Henri fonage nommé Henri natif de Bolzano au comté de Tirol entre Brixen & Trente : qui étant encore jeune quitta fon païs pour fe garentir de la haine des hérétiques, & vint demeurer à Trevife,où il gagnoit fa vie par le travail de fes mains. Il vêcut long-temps de la forte, donnant aux pauvres une partie de ce qu'il ga

P. 368. 3.71.