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nouveau & de le citer à comparoître devant le S. fiége, le menaçant de plus grandes peines s'il perféveroit dans fa défobéiffance. La bulle eft du vingt-feptiéme de Juin 1320.

Matthieu Visconti méprifant toûjours les cenfures, le pape entreprit de lui faire le procés comme à un hérétique. Il procéda auffi contre Rainald Passatino autre chef des Gibellins, prétendant qu'il n'avoit pas dû prendre le vicariat de Mantouë fans l'autorité du S. fiége, auquel il apartenoit d'en difpofer pendant la vacance de l'empire ; & fous le même prétexte il procéda contre Can de l'Escale qui s'étoit emparé de Vérone. Mais toutes ces procédures étoient inutiles contre des gens bien armés, & leurs actions militaires n'en étoient point retardées. Le pape fut donc obligé d'emploïer auffi la force des armes principalement contre les Vifconti c'est-à-dire Matthieu & fes quatre fils; & pour cet effet il traita avec Frideric d'Autriche concurrent de Louis de Baviere dans la prétenfion fur l'empire. Il excita auffi Théodore marquis de Montferrat à entrer dans cette guerre en lui représentant ainfi les crimes de Matthieu vifconti dans une lettre du quatriéme Février 1322.

Ses violences & fes mauvais traitemens empêchent les prélats de faire la vifite de leurs diocéfes & d'y exercer les fonctions de leur miniftere: d'où il arrive que les héréfies & les fchifmes y croiffent & le fervice divin eft abandoné. Ce qui rend Matthieu violemment fufpect d'héréfic, joint fes mauvais difcours : car le bruit commun eft qu'il nie la réfurrection des corps, ou du moins la révoque en doute. Il trouble la paix de la province & y fait des exactions infuportables,

vous ne l'ignorés pas. Par toutes ces raifons nous l'a- AN. 1321. vons excomunié & avons decerné contre lui plufieurs autres peines spirituelles & temporelles. Mais loin de s'en humilier il n'en eft devenu que plus fier & plus cruel & ne fait qu'augmenter fes crimes, & ce qui nous afflige fenfiblement, il empêche l'affaire de la terre fainte.

Dés le vingt-troifiéme de Janvier le pape avoit ordoné de prêcher la croifade contre lui; & cependant Airard archevêque de Milan & trois inquifiteurs lui faifoient le procés pour héréfie : fur quoi ils donérent leur fentence le quatorziéme de Mars, où ils difent: Il a de mauvais fentimens fur les facremens & méprife indignement l'autorité des clefs : d'où vient qu'il a foutenu long temps plufieurs fentences d'excomunication & a plufieurs fois fait violer l'interdit dont la ville de Milan eft frapée à caufe de lui: faifant enterrer des morts au fon des cloches dans les églises & les cimetiéres malgré le clergé. Il a ôté fa fille Zacharine à Richardin qu'elle avoit épousé en face d'église, sans aucune fentence de féparation, & l'a mariée à un autre. Et enfuite: Il a plufieurs fois invoqué & confulté les démons ; & il nie la réfurrection. Il a méprisé l'excomunication du pape durant trois ans ; & celle qui a été prononcée contre lui faute d'avoir comparu pour fe défendre fur l'accufation d'héréfie. C'est pourquoi nous l'en déclarons convaincu, nous confifquons fes biens, nous les privons de fes dignités & le notons d'infamie, lui, fes enfans & fa pofterité. Voilà pourquoi il faloit trouver le coupable hérétique à quelque prix que ce fut, afin que le juge eccléfiaftique pût le dépouiller de fes biens & de fes dignités.

1.7.

AN. 1322.
LXI.

de France.

Baluz. to. I.

P. 133.

La même année 1322. la nuit du fecond au troifiéme jour de Janvier mourut le roi de France Philipe Mort de le Long, aprés avoir regné cinq ans ; & comme il ne Philipe le laiffa point d'enfant mâle, fon frere Charles comte Long. Charles le Bel roi de la Marche lui fuccéda & fut couroné à Reims le neuviéme de Février.Il eft connu fous le nom de Charles le Bel. Le pape lui écrivit une lettre de confolation Cont. Nang. fur la mort du roi fon frere, y joignant des avis falutaires fur fa conduite;& quelque temps aprés il déclara nul fon mariage avec Blanche fille d'Otton comte de Bourgogne. Charles avoit époufé cette princeffe du vivant du roi Philipe le Bel fon pere, & en avoit eû des enfans: mais en 1314.l'aïant trouvée coupable d'ac. Nang. p. dultére, il l'enferma dans un château & ne pouvoit se réfoudre à la reprendre.

p. 696.

Du Tillet.

Rain. n. 23.

654.

Baluz. to. 2. p. 440.

On lui réprèsenta qu'il pouvoit faire casser son mariage, comme aïant été contracté non-obftant des empêchemens dirimens de parenté & d'affinité fpirituelle. Il fe pourvut donc devant l'évêque de Paris Etiene de Borret, qui vû l'importance de l'affaire appella pour confeil l'évêque de Beauvais Jean de Marigny & Geoffroi du Pleffis notaire du pape. Les parties aiant comparu par leurs procureurs, celui de la reine réprefenta que les empêchemens du mariage propofés de la part du roi avoient été levés par difpense du pape Clement V. A quoi le procureur du roi répliqua que cette difpenfe n'exprimoit pas fuffifament plufieurs parentés & alliances, particuliérement la parenté fpirituelle contractée par la mere de la reine Blanche, en levant des fonds de batême le roi Charles. Ajoûtant que dans la difpenfe on avoit inféré plufieurs faits qui n'étoient pas veritables, ce qui la ren

doit fubreptice. Sur quoi l'évêque de Paris jugea plus AN. 1322. à propos de renvoïer l'affaire toute inftruite au pape, auquel il apartenoit d'expliquer la difpenfe donée par fon prédéceffeur: le roi & le procureur de la reine confentirent au renvoi.

n. 28.

Le pape l'aïant accepté, fit encore examiner l'affaire quant à la forme, c'eft-à-dire la procédure faite à Paris, & quant au fonds. Enfin le dix-neuviéme de Mai 1322. veille de l'Afcenfion, il dona en confiftoire public fon jugement définitif, qui porte en fubf- Baluz. p. tance: Il paroît clairement que le roi & Blanche font 448. cont. Nang.p.697. parens au quatrième degré de parenté des deux côtés Rain. 1322. cû égard à une fouche & au troifiéme degré à l'égard d'une autre. Il est encore conftant que Mathilde comteffe d'Artois mere de Blanche a levé des fonts avec plufieurs autres le roi, & qu'ainfi elle est sa mareine & Blanche fa foeur fpirituelle: qui font des empêchemens dirimens à leur mariage. Or il eft conftant encore que la difpenfe produite de la part de Blanche ne comprend pas les empêchemens exprimés ci-deffus & ne s'y étend pas. C'eft pourquoi nous prononçons & déclarons que le t le mariage eft nul, accordant aux parties la permiffion d'en contracter d'autres. En conféquence de ce jugement le roi Charles épousa quatre mois aprés Marie de Luxembourg fille de l'empereur Henri VII. & fœur de Jean roi de Bohéme.

lib.1x. G.171.

Ce jugement du pape ne fut pas aprouvé de tout le monde. Quelques-uns difoient qu'il n'étoit pas vrai que la comteffe d'Artois fût mareine du roi, & J. Villani qu'elle avoit été obligée de confentir à cette féparation pour fauver la vie à fa fille. D'autres tournoient la chofe en raillerie. Un tréforier du roi nommé BilTome XIX. Tt

AN. 1322. Hocfem p. 367.

Rain.

1321.

n.30. 31.

LXII.

Difpate fur la pauvreté de J. C.

Id. n. 5.3.
Baluz. vit.

levart homme tres riche, obtint dispense pour époufer une femme qui étoit deux fois la comére. Sur quoi l'on fit à Paris fix petits vers en ftile du temps, dont le fens étoit: Billevart n'a pas perdu fon temps à la cour du pape, qui lui a permis d'époufer fa double commére, & a rompu le mariage du roi par compérage: c'est-à-dire pour parenté fpirituelle.

On croit que le pape étoit bien aise de contenter le roi Charles à caufe du zéle que ce prince témoignoit pour la croifade, comme avoit fait le roi Philipe fon frere. Le pape en écrivit plufieurs fois au roi, particuliérement pour le fecours de l'Armenie: le roi envoïa au pape des ambaffadeurs entre lefquels étoit le comte de Clermont, qui demeura aprés les autres en cour de Rome, & la négociation dura tout le reste de cette année. Mais elle fut fans effet, à caufe des guerres qui furvínrent au pape en Italie, au roi en Guienne contre les Anglois. H

Cette année la difpute entre les freres Mineurs touchant la pauvreté de J. C. s'échaufa vivement à cette occafion. Dés l'année précedente 1321. l'archevêque de Narbone & Jean de Beaune inquifiteur de l'ordre to. 1. p. 598. des freres Prêcheurs, firent arrêter à Narbone un Bizoque ou Beguin, comme on les nommoit alors: qui foutenoit entre autres chofes que J. C. & ses apôtres n'avoient eû la proprieté de rien, ni en particulier ni en commun. L'inquifiteur voulant juger ce Beguin, apella pour confeil tous les prieurs, gardiens & profeffeurs & plufieurs autres favans, du nombre defquels fut Berenger Talon profefleur au convent des freres Mineurs de Narbone. Entre autres articles l'inquifiteur fit lire celui de la pauvreté de J.C. & des apô

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