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& un mauvais présage pour l'empereur & l'anti- AN. 1329.

pape,

a

P.784.

Rain. n. 3.

L'anti-pape fit auffi de nouveaux évêques, deux Rain. 1329. Auguftins, Thomas à Sinigaglia & Conrad à Offi- n. 2. mo; & Vital frere Mineur à Fermo. Il envoïa un lé- Ughellito. 2. gat en Corfe & un autre en Grece: au fujet duquel le pape écrivit au patriarche Latin de CP. & aux archevêques de Patras, de Thebes, de Corinthe & d'Athenes une lettre où il dit : Nous avons apris que Pierre de Corbiere, qui fe fait nommer Nicolas V. pape, veut envoïer dans les parties de Romanie où la religion catholique eft en vigueur de prétendus évêques fes complices, pour attirer les fidéles à fon fchifme, & s'emparer des revenus eccléfiaftiques. C'est pourquoi nous vous mandons que fi vous trouvés dans vos diocéfes quelques perfones envoïées par ledit Pierre ou de fa part, qui dogmatifent & enseignent l'héréfie condamnée par nos conftitutions: vous les preniés & nous les envoïés fous bonne garde, s'il fet faire commodément. La lettre eft du feptiéme

peut

de Mai 1329.

vril

3

to. 1 Baluz.

L'empereur Loüis fortit de Pife dés l'onzième d'A- J. vill. x. c. pour aller en Lombardie, au grand contentement 130. des Pifans, aufquels il s'étoit rendu tres odieux par fes exactions infuportables. Il laiffa pour fon licutenant à Pise Tarlat d'Arezzo, qui voulant s'aproprier Bern. Guid. la feigneurie de la ville de concert avec les Pifans, p.143.& not. commença de traiter de paix avec le parti de l'églife p. 170. & les Florentins. Ils donérent congé à l'anti-pape Pierre de Corbiere de fe retirer, & il demanda à Tarlat un fauf conduit pour aller trouver l'empereur en Lombardie: mais Tarlat le lui refufa. Alors l'antiTome XIX. Kkk

L.

AN, 1329. pape

Vading.

fe mit fecretement entre les mains du comte Boniface Novelli de Donairatique,un des plus grands citoiens de Pife, qui le fit conduire de nuit avec un de fes faux cardinaux à fon château de Burgari à trente-cinq mille ou dix lieues de Pife. Ce cardinal de 1328. n. 10. l'anti-pape étoit Paul de Viterbe frere Mineur, qui fe retira depuis en Allemagne. L'anti-pape demeura trois mois caché dans ce château: mais les Florentins aïant mené leur armée vers ces quartiers-là, le comte Boniface craignit qu'ils ne vouluffent enlever l'antipape, & le fit ramener le plus fecrétement qu'il pût à Pife dans fa maifon, où il le tint caché jusqu'au mois d'Août de l'année fuivante.

LVIII. Condamna

fene.

Rain. n. 21,

Michel de Cefene un des principaux apuis de l'antition de Mi- pape fuivit l'empereur Louis, prés duquel enfin il fe chel de Ce- retira en Allemagne, agiffant toûjours comme général de l'ordre des freres Mineurs. C'est pourquoi le jeudi faint vingtiéme d'Avril 1329. le pape publia contre lui une bulle,par laquelle il lui reproche de s'être attaché à Louis de Baviere & à l'anti-pape, & d'avoir écrit & dogmatifé contre les conftitutions émanées du S. fiége, particuliérement la bulle, Cum inter nonnullos. C'eft pourquoi le pape le condamne comme héréfiarque & fchifmatique, le déclarant privé de tout office, honeur & dignité.

Vading.

1329. 8. 1

Michel fut dépofé peu de temps aprés de fa charge de miniftre général par le chapitre des freres Mineurs tenu à Paris le jour de la Pentecôte. Le cardinal Bertrand de Poïet, que le pape avoit nommé vicaire général de l'Ordre, avoit indiqué ce chapitre l'année précédente. Michel de Cefene qui craignoit avec raison d'y être depofé, fit folliciter puiffament par la reine

de France Jeanne de Bourgogne, la prorogation de AN. 1329. ce chapitre jufqu'aux trois ans, qui étoit le terme or Vading.n.2. dinaire: à quoi le pape répondit: Qu'en général il é Duboulai 1o. toit fort content de l'ordre des freres Mineurs, & que 4.p.220. la révolte de quelques particuliers avoit été une occafion d'augmenter fon affection pour eux, en voïant leur obéïffance & leur attachement au S. fiége. Quant à la prorogation du chapitre,ajoûte-t'il, nous n'avons pû vous l'accorder, parce que tous les miniftres d'Italie & les autres freres qui doivent y aflifter, avoient déja paffé les Alpes & s'acheminoient à Paris en toute diligence. Or il vaut mieux l'Ordre foit gouverque par un miniftre général, qui puiffe vifiter les monafteres, que par un vicaire qui ne le pouroit peutêtre pas. Il eft vrai que le chapitre de cet Ordre fe doit tenir de trois en trois ans : mais c'eft quand il y a un ministre général. Car s'il eft mort ou dépofé, comme il l'eft à préfent, il faut tenir le chapitre à la Pentecôte la plus proche. La lettre eft du cinquiéme

de Mai.

Les freres Mineurs tinrent donc leur chapitre à Pa- vad.n.7. ris le jour de la Pentecôte onzième Juin 1329. aïant pour préfident le cardinal Bertrand de Poïet évêque d'Oftie. Ils déclarérent tout d'une voix & avec l'univerfité de Paris, que les accufations de Michel de Cefene & des autres fchifmatiques contre Jean XXII. étoient injuftes & impies, qu'il étoit le feul vrai pape, & avoit justement depofé Michel. Puis pour obvier aux chicanes qu'il auroit pû emploïer, ils le déposé- Idem. Script., rent eux-mêmes du généralat, & élurent à fa place p. 145. frere Geraud Odon, docteur de Paris, de la province d'Aquitaine, natif de Chateauroux en Berri, conu &

Kkk ij ·

AN. 1329.

LIX. Erreurs d'Ecard frere

Rain. 1329. 2. 70. 71.

1. 2. 3. 4.5.6.

aimé du pape. En ce chapitre ils terminérent la queftion de la pauvreté de J.C. & conciliérent la décrétale de Nicolas III. & la décifion du chapitre de Péroufe, avec les conftitutions de Jean XXII. Ainfi la tranquillité fut rétablie dans l'ordre des freres Mi

neurs.

Peu de temps auparavant le pape avoit condamné les erreurs d'Ecard, docteur fameux à Cologne, de Prêcheur. l'ordre des freres Prêcheurs, comme il témoigne dans une bulle où il dit: Par l'enquête faite contre lui de l'autorité de Henri archevêque de Cologne, & renouvellée en cour de Rome, nous voïons évidemment que ce docteur, de fa propre confeffion, a enseigné de vive voix & par écrit les vingt-fix articles fuivans. Dieu a créé le monde auffi - tôt qu'il a été luimême, & on peut accorder que le monde a été de toute éternité. En toute œuvre, même mauvaise, reluit également la gloire de Dieu celui qui blâme quelqu'un loue Dieu par fon peché même ; & en blasfé10.11.12.13. mant contre Dieu on le loüe. Et enfuite: Nous fommes totalement transformés en Dieu, comme au S. facrement, le pain eft changé au corps de J. C. Tout ce que Dieu le pere a doné à fon fils dans la nature humaine, il me l'a auffi doné: Je n'excepte rien, ni l'union, ni la fainteté. Tout ce que l'écriture fainte dit de J. C. fe vérifie de tout homme bon & divin, Tout ce qui eft propre à la nature divine, eft propre à l'homme jufte; il fait tout ce que Dieu fait; il a créé avec Dieu le ciel & la terre, & engendré le verbe éternel, & Dieu ne fauroit rien faire fans un tel homme. L'homme de bien doit conformer entiérement fa volonté à celle de Dieu; & comme Dieu veut en quel

14.

23.24.

26.

que façon le peché, je ne voudrois pas n'avoir point AN. 1329. peché ; & c'eft la vraie penitence. Dieu eft tellement un, qu'il n'y a en lui aucune diftinction, pas même de perfones. Toutes les créatures font un pur néant. Les autres articles revienent à ceux-ci. Le pape les condamne tous, quoique quelques-uns à force d'explications & de fuplémens puiffent recevoir un fens catholique; puis il ajoûte: Nous voulons toutefois que l'on fache qu'Ecard à la fin de sa vie a révoqué ces vingt-fix articles & généralement tout ce qu'il avoit écrit ou enfeigné qui pût avoir un fens contraire à la foi: foumettant tous fes écrits & fes difcours à l'autorité du S. fiége: comme il paroît par un acte public qui en a été dressé. La bulle eft du vingt septiéme de Mars 1329.

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Les paradoxes d'Ecard & ces propofitions en rence fi fcandaleuses, n'empêchoient pas qu'il ne fût en grande eftime, comme on voit par les écrits de Jean Taulere religieux du même ordre des freres Prêcheurs & fameux entre les théologiens mystiques, qui vivoit au milieu du même fiécle. Il traite Ecard d'infigne théologien & en raporte des maximes de haute fpiritualité. On peut donc attribuer les paradoxes d'Ecard aux fubtilités exceflives de la fcolaftique & aux expreffions outrées des théologiens myftiques : car ce qu'il dit de la transformation en Dieu & de la conformité à fa volonté, reffemble fort aux mauvais rafinemens des Begards de fon temps, & des Quiétistes

du nôtre.

Cependant l'autorité du pape fe rétabliffoit en Italie, Les Pifans délivrés de Louis de Baviere & de l'anti-pape, qui ne paroiffoit plus, envoïerent au pape Kkk j

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