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de ne point ajoûter foi à ceux qui ont été reçus par un AN. 1329. notaire de la cour d'un archidiacre,ou d'un autre moin dre juge, jufqu'à ce que ces teftamens aïent été aprouvés ou publiés devant le juge principal & ordinaire du diocéfe: à caufe du peu d'autorité de ces notaires & des fauffetés qui fe pouroient commettre. olqmayo!

V.

Conclufion

Aprés que l'évêque d'Autun eut ainfi parlé, on demanda de la part du roi que fes réponfes fuffent do- de la difpute. nées par écrit. Sur quoi les évêques déliberérent & ré- Bibl.p.1088. folurent de doner feulement au roi un mémoire en François, qui contenoit en abregé leurs prétenfions dans lefquelles ils le prioient de les maintenir.

C.

Le vendredi fuivant vingt-neuviéme de Décembre les prélats vinrent devant le roi à Vincennes pour aprendre fa réponse. Pierre de Cugnieres leur dit au nom du roi, qu'ils ne devoient point fe troubler de certaines chofes qui avoient été dites, parce que l'intention du roi étoit de les conferver dans tous leurs droits. Enfuite il infifta fur la diftinction des affaires fpirituelles & des temporelles ; & conclut en difant, que le roi étoit prêt à recevoir les inftructions qu'on vouloit lui doner fur quelques coutumes, & faire obferver celles qui fe trouveroient raifonables. L'évêque d'Autun répondit pour les prélats, fe plaignant,toute- p. 1090. fois avec politeffe, que la réponse du rol n'étoit pas claire & pouvoit doner prétexte aux autres feigneurs temporels de troubler les droits de l'église. Enfin il conclut en priant le roi de leur doner une réponse plus confolante.

Le dimanche suivant qui étoit le dernier jour de Décembre, les prélats revinrent encore devant le roi à Vincennes ; & Pierre Roger archevêque de Sens,

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AN. 1329.

raporta la derniere requête des prélats & la derniere réponse du roi. Puis Guillaume de Broffe archevêque de Bourges leur répresenta que le roi avoit dit qu'ils n'avoient rien à craindre, qu'ils ne perdroient rien de fon temps, & qu'il ne vouloit pas doner aux autres l'exemple d'attaquer l'églife. L'archevêque de Sens en remercia le roi au nom des prélats; & ajoûta que l'on avoit fait des proclamations à cri public au prejudice de la jurifdiction eccléfiaftique, dont il demandoit la révocation. Le roi répondit de fa bouche,qu'elles n'avoient point été faites par fon ordre, qu'il n'en avoit rien fû & ne les aprouvoit point. L'archevêque dit encore que les prélats avoient doné fi bon ordre à la correction de quelques abus dont on s'étoit plaint,que le roi & le autres feigneurs s'en devoient contenter. Enfin il fuplia le roi de vouloir bien les confoler une réponse plus claire. Pierre de Cugnieres répondit pour le roi: Si vous corrigés ce qui en a befoin, le roi veut bien attendre jufqu'àNoël prochain,c'étoit le terme d'un an ; mais fi vous ne le faites dans ce terme, le roi y aportera le reméde qui fera agréable à Dieu & au peuple. Ainfi les prélats furent congediés & fe retirérent. Ce fut Pierre Bertrandi qui compofa la recoat lation de ce qui s'étoit paffé en cette affaire, & il reçut de grandes louanges, comme aiant bien défendu les droits de l'églife.

Dubreuil.

Antiq. p. 27. Pafq. Rech. liv. 111.c.33.

par

Au contraire Pierre de Cugnieres devint si odieux au clergé, qu'on le nomma par dérifion maître Pierre du Coignet: apliquant ce nom à une petite figure ridicule placée en un coin dans l'églife de N. Dame de Paris, & comprise dans une réprésentation de l'enfer qui étoit à la clôture du choeur fous le jubé. On la

montroit encore du temps de nos peres trois cens ans .AN. 1329. aprés l'action.

VI. Miffions Orientales.

V Baudr.

Geogr. to. 2. p. 299.

Rain. n. 94.

n. 96.

Les miffions Orientales des freres Prêcheurs & des freres Mineurs, continuoient toujours, comme on voit par plufieurs lettres du pape datées de la fin de cette année & du commencement de la fuivante. H érigea un nouvel évêché à Teflis en Géorgie, & en pourvût Jean de Florencé de l'ordre des freres Pre cheurs, qui conoiffoit le païs & y avoit déja prêché avec fruit. La bulle eft du dix-neuviéme d'Octobre 1329. Un prince Hongrois nommé Jeretanni avoit demandé au pape un évêque pour inftruire fon peuple & ceux du voifinage, & les affermir dans la foi, à caufe des infidéles dont ils étoient environés. Il lui envoïa Thomas évêque de Senifcante, deja conu dans le païs. La lettre eft du vingt-neuviéme de Sepi tembre. Le fecond jour de Novembre le pape écrivit à un prince Tartare nommé Elchigadan, pour mercier de la protection qu'il donoit aux Chrétiens, n. 15. & lui recommander les miffionaires, particuliérement Thomas Mancafole,, de l'ordre des freres Prêcheurs qui étoit l'évêque de Senifcante. Ce prince dans l'inf cription de la lettre eft qualifié empereur des Tartares de Corafan, de Turqueftan & d'Indostan: ce n'étoit pas toutefois le grand can des Tartares ou Mogols ré sidant tantôt à Bagdad tantôt à Sultanie. Celui qui Bibl. orient, vivoit alors étoit Aboufaïd Bahadour, qui régna

depuis 1317. jufqu'en 1335.11

C

le re

n. 97.

Vading.

P. 3.2.

Au commencement de l'année 1330. le pape écrivit Rain. 1330. aux nouveaux Chrétiens du roïaumé d'Ufbec, les ex- *• §§• hortant de perféverer dans la foi & à fe garder de la fréquentation dangereufe des infidéles, entre lefquels

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VIF.
Le B. Odo-

ric de Frioul.

2

ils vivoient. Il leur recomande l'évêque Thomas Man cafole & les freres Prêcheurs qui faifoient la miffion en ce païs-là. La lettre eft du vingt-deuxième de Janvier. Le lendemain le pape écrivit aux Chrétiens des montagnes d'Albors, qui étant auffi nouveaux convertis demandoient de l'inftruction. Il leur envoie Guillaume de Cigi évêque de Tauris, avec des freres Prêcheurs; & par une autre lettre du même jour vingttroifiéme de Janvier, il recommande ces miffionaires à Marforien patriarche des Jacobites. Par le même Thomas évêque de Senifcante & par Jourdain évêque de Colombo en l'ifle de Ceilan, le pape envoïa le pal lium à Jean de Corc auffi de l'ordre des freres Prê cheurs, auquel il venoit de conférer l'archevêché de Sultanie & dont ces deux prélats étoient fuffragans. La lettre eft du quatorziéme de Février.

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Mais ils ne partirent pas fi-tôt, puifque par une autre lettre du huitiéme d'Avril adreffée auxChrétiens de Colombo nommés Nafcarins,le pape leur recommande le même Jourdain Catulan de l'ordre des freres Precheurs, que nous avons, dit-il, promû depuis peu à la dignité épiscopale, & que nous vous envoïons avec des religieux de fon ordre & des freres Mineurs. Il eft remarquable qu'en toutes ces miffions le pape envoïoir des évêques qu'il faifoit ordoner exprés: fachant bien qu'une églife ne peut fubfifter fans évêque,

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Entre ces miflionaires de l'ordre des freres Mineurs il ne ne faut pas omettre le bienheureux Odoric Bokliu.Janu. de Frioul, qui eft peut-être le plus grand voïageur de tous. Il étoit né à Port Naon & entra dés fa tendre jeuneffe dans l'ordre des freres Mineurs, où il fe difLingua par l'aufterité de fa vie & fon humilité, ,qui lui

to. 1. p.283

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p. 986.

fit refuser les charges de l'Ordre aufquelles il avoit AN. 1329.
été élû. Vers l'an 1314. le defir de gagner des ames à
Dieu le fit paffer chés les infidéles avec la permiffion
de fes fupérieurs;& s'étant embarqué sur la mer Noire,
il arriva à Trebisonde, d'où il paffa dans la grande
Armenie: puis il vint à Tauris & enfuite à Sultanie
qui étoit le féjour d'efté de l'empereur des Perfes, c'est-
à-dire des Mogols. Odoric prit enfuite le chemin des
Indes & vint à Ormus: puis s'embarquant fur l'O-
cean, il vint à la cofte de Malabar au cap Comorin,
aux ifles de Java & de Ceilan. Enfin il paffa jufqu'à la
Chine & au roïaume de Tibet, où il dit que les freres
de fon Ordre chaffoient les démons,& convertiffoient
beaucoup d'idolatres. Il ne marque point en détail
que lui-même ait fait des converfions, quoique les au-
teurs de fa vie difent en général qu'il baptifa plus de
vingt mille infidéles.

Aprés feize ans de voïages il revint en Italie l'an 1330. & alla à Pife, pour s'embarquer & venir à Avignon rendre compte au pape de l'état de l'Orient & demander des miffionaires pour la Tartarie: c'est-àdire cinquante freres Mineurs de diverfes provinces qui voudroient venir avec lui. Mais étant à Pife il fut attaqué d'une grande maladie, qui l'obligea à retourner dans le Frioul pour reprendre fon air natal; & il mourut à Udiné le quatorziéme de Janvier 1331. On lui attribue plufieurs miracles de fon vivant & aprés sa mort ; & il est honoré comme faint dans le patriarcat d'Aquilée.

Sup. liv.

xc. n. 28.

p. 984. c. li

n.

2.

VIII.

Un des plus fameux docteurs de l'ordre de S. François étoit alors Nicolas de Lire, ainfi nommé du lieu Nicolas de de sa naissance, petite ville de Normandie fur la ri- Lire.

Tome XIX.

Nnn

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