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AN. 1303.

par fa fcience & par fa vertu, qu'il paffa par toutes les charges & fut fou-prieur, prieur, provincial & enfin neuviéme general de l'ordre. Ce fut Boniface Sup. liv. VIII.qui le fit cardinal. Dés le commencement de fon LxxxIx..60. pontificat, il écrivit aux évêques & aux princes fa let- Rain. n. 47. tre circulaire datée du premier de Novembre, où il marque les degrés par lesquels il a été élevé au pontificat & les circonstances de fon élection.

que

dit

Sarrafins chaffés de

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Nocera. n. deUghell.to. 8. P. 45.

Peu de jours aprés il écrivit à Charles roi de Naples XXXVI. pour le feliciter d'avoir chaffé les Sarrafins de Nocera & en avoir rétabli l'église cathedrale. Vous avés, il, fait bannir les Sarrafins de cette ville, afin formais les Chrétiens y habitent librement; & vous avés confideré que l'église cathedrale fituée hors de la ville en un lieu peu convenable tomboit en ruine; & avoit des revenus fi modiques, que l'évêque n'en pouvoit pas fubfifter felon fa dignité, ni l'église avoir les miniltres neceffaires. C'eft pourquoi vous avez tranfferé l'église cathedrale au dedans de la ville à un lieu qui vous apartenoit, & vous l'avés dotée de votre domaine d'un revenu de trois cens onces d'or, dont on a créé quelques dignités, & du furplus l'évêque & les miniftres de l'églife pouront être entretenus honêteinent, & s'aquiter de leurs charges. Voulant donc récompenfer de notre part votre liberalité roïale & vous exciter d'autant plus vous & vos fucceffeurs à favorifer l'églife & fes miniftres: nous vous accordons la faculté de prefenter à l'évêque des perfones capables pour le doïené, l'archidiaconé, la chantrerie & la moitié des prebendes. La bulle eft du vingt-fixiéme de Novembre 1303, Ainfi fut rétabli l'évêché de Nocera ou Nuceria nommé alors de fainte Marie de la Victoire,

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XXXVII.

en Servie &

fous l'archevêché de Benevent. On nommoit aupara
Vant cette ville Nocera des païens,à cause des Sarrafins
que l'empereur Frideric II. y avoit fait venir de Sicile.
Frideric nouveau roi de cette ifle, prêta ferment de
fidelité
au pape Benoist par Conrad Doria fon pro-
cureur le huitiéme Decembre de la même année

1303.

Cependant le pape informé de plufieurs deforDefordres dres qui fe commettoient dans les églifes de Servie & en Dalmatie. de Dalmatie, écrivit ainfi à Martin Archevêque d'AnRain. 2. 58. tibari en Albanie: Nous avons apris que dans la collation des ordres & des benefices, on n'obferve la distinction ni des temps, ni de l'âge prefcrit par les canons ; & que l'argent ou la puiffance des laïques fait paffer par deffus les regles. On donne les prélatures & les autres benefices du vivant des titulaires à des perfones qui en ufent auffi mal qu'ils y font irregulierement entrés. Les laïques prennent d'autres femmes du vivant des leurs, & contractent des mariages dans les degrés défendus de parenté ou d'affinité. D'autres exercent impunément contre les églifes & les perfones ecclefiaftiques toutes fortes de violences: ils brûlent, ils brifent, ils pillent, & aprés s'être ainfi chargés de mille excommunications, ils n'ont perfone pour les inftruire, les exhorter à penitence & leur doner les abfolutious ou les difpenfes qui leur feroient necessaires. Ainsi ils meurent chargés de pechés & feparés de l'églife: vû principalement que la distance des lieux & les perils des chemins, la pauvreté ou la vieillesse ne leur permet pas de recourir au S. Siége. C'est pourquoi nous vous donnons commiffion pour cette fois de corriger & reformer tous ces abus dans

le

le roïaume de Servie & les provinces voifines, avec AN. 1303. pouvoir d'abfoudre des cenfures. La lettre eft du dixhuitiéme de Novembre 1303.

XXXVIII.

Les Colonnes rétablis.

Rain. 1304. n. 13.

Cependant les cardinaux & les autres de la famille des Colonnes poursuivoient leur rétablissement & la révocation de tout ce que Boniface avoit fait contre eux. Le pape Benoift la leur accorda par une bulle du Diff. p. 228i vingt-troifiéme de Decembre, par laquelle il caffe & annulle les fentences de dépofition contre les deux cardinaux Jaques & Pierre, & les autres peines prononcées contre le refte de la famille, excepté les confifcations qu'il tient en fufpens, auffi-bien que le rétablissement de Palestrine.

XXXIX.
Le cardinal

de Prato le

gat en Tof

cane.

p.86 p.179.* Ughell.to.1.

Le dix-huitiéme Decembre mécredi des quatre temps de l'avent, le pape Benoist fit cardinal Nicolas Aubertin ou des Martins, & lui donna l'évêché d'Oftie qui étoit fon titre. Il étoit né à Prato en Tofcane & étant entré dans l'ordre des freres Prêcheurs, il s'y diftingua par fa doctrine & fon industrie. Il étoit à Rome procureur general de fon ordre quand Boniface VIII. le fit évêque de Spolette le premier Juillet 1299. & l'établit fon vicaire à Rome : enfuite il l'envoïa legat vers les rois de France & d'Angleterre. Ce cardinal étoit partisan fort ardent de la faction. Gibelline. En même temps le pape fit cardinal Guillaume Maclesfeld Anglois du même ordre des freres Prê- Rain. 1304. cheurs, qui mourut avant que d'en recevoir la nou- Auberi. p. velle.

Au commencement de l'année fuivante le pape, Benoist envoïa le cardinal de Prato legat en Tofcane,

7. I.

390.

en Romagne & dans la Marche Trevifane, pour y Rain. 1304. procurer la paix entre les peuples divifés par les fac. ". 1. 2.

Tome XIX.

K

AN. 1304.

Jo. Vill.viii. 6. 69.

tions des Guelfes & des Gibellins, des Blancs & des
Noirs: la commiffion eft du dernier de Janvier 1304.
Le legat étant arrivé à Florence le dixième de Mars
prêcha dans la place de faint Jean, & aïant montré fes
pouvoirs, il déclara que fon intention étoit fuivant
l'ordre du pape, de pacifier les Florentins entr'eux.
Les gens
de bien du peuple mal-contens des grands,
qui pour les abaiffer avoient caufé du trouble dans
la ville, s'attacherent au legat; & comme ils avoient
alors l'autorité, ils lui donnerent plein pouvoir de
faire la paix au dedans entre les citoïens & au dehors
avec ceux qui étoient bannis; & pour cet effet il
établit les gonfaloniers avec leurs compagnies
fuivant l'ancien ordre de la république. Il fit auffi ve-
nir douze fyndics des bannis pour procurer leur re-

tour.

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Mais les plus puiffans du parti des Guelfes & des Noirs, car c'étoit le même, trouvoient le legat trop favorable aux Gibellins & aux Blancs,qui étoit le parti de fa famille: c'eft pourquoi ils fabriquerent une fauffe lettre en fon nom & avec fon feau qu'ils envoïerent à Boulogne & dans la Romagne aux Gibellins fes amis : les exhortant à venir inceffamment à Florence avec des troupes à fon fecours. Ils vinrent en effet, & quand on fût qu'ils étoient proches, le légat fut fort blâme & perdit beaucoup de fon crédit : car on crofoit que la lettre étoit veritablement de lui, & quelques-uns le crurent toûjours. On lui confeilla donc pour faire ceffer ces foupçons d'aller à Prato sa patrie pour y établir la paix : mais dés qu'il fut hors de Florence, ceux qui lui étoient oppofés exciterent contre lui les Guelfes de Prato: ainfi le cardinal voïant

la ville mal disposée à son égard & craignant pour sa AN. 1304. perfone en fortit, la mit en interdit & excommunia les habitans. Puis étant revenu à Florence, il fit déclarer la guerre à Prato, Plufieurs Florentins s'armerent pour cet effet, c'eft-à-dire des Gibellins: mais les Guelfes s'armerent pour leur refifter, & la ville se trouva divifée : : ce que voïant le legat & qu'il ne pouvoit réüflir dans fon deffein, il eût peur & partit fubitement de Florence le quatrième de Juin, lui donant fa malediction, la laiffant interdite & les Florentins excommuniés.

Pendant qu'il étoit à Florence on y fit des réjoüisfances publiques, & entre autres on fit crier que qui voudroit favoir des nouvelles de l'autre monde en aprendroit le premier jour de Mai fur un certain pont de la ville. En effet, on vit ce jour-là fur la riviere d'Arne quantité de barques chargées d'échafauts & de perfonages qui réprefentoient l'enfer. On y voïoit des feux & divers tourmens, des hommes deguifés en demons de figures horribles, d'autres nus pour réprefenter les ames,qui jettoient des cris épouvantables comme étant dans les tourmens. Mais lorf que le peuple étoit le plus attentif à ce fpectacle, le pont qui n'étoit que de bois fe trouvant trop chargé tomba avec ceux qui étoient deffus, dont plufieurs furent noïés, & plufieurs bleffés & eftropiés, ce qui remplit la ville de deuil & de larmes. Le poëme de l'enfer compofé par Dante Florentin, fait voir le goût que l'on avoit pour ces afreufes répresentations. Dante vivoit alors, mais il avoit été chaffé de Florence dés l'an 1301. quand Charles de Valois y vint, parce qu'il étoit du parti des Blancs.

J.

6.70%

Vill. lib.

IX. C.

135.

Sup. n. s.

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