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AN. 1304. 6.72.

n. 6.

Le cardinal de Prato étant retourné auprès du pape Benoist, qui étoit à Peroufe, fe plaignit fort de ceux qui gouvernoient à Florence, & les rendit fort odieux à lui & aux cardinaux: les réprefentant comme des ennemis de Dieu & de l'églife, & racontant l'afront & la trahison qu'ils lui avoient faite, lorsqu'il travailloit à leur procurer la paix. Le pape extrêmement irrité & fuivant le confeil du cardinal, publia unc bulle Rain. 1304. le vingt-deuxième de Mai 1304. où aprés avoir raconté ce qui s'étoit paffé durant la legation & exageré les crimes des Florentins, il en cite douze des principaux du parti Guelfe pour se presenter devant lui dans l'octave de S. Pierre, c'eft-à-dire au commencement de Juillet. Ils n'attendirent pas ce terme & vinrent incontinent à Perouse bien accompagnés propofer au pape leurs excufes. Mais pendant leur ab fence les Gibellins de Pife, de Boulogne & de pluficurs autres villes, vinrent attaquer Florence, & on accufa le cardinal de Prato de les y avoir apelés fecre

XL.

'tement.

En France Robert de Courtenai archevêque de Concile de Reims tint un concile à Compiegne le vendredi d'aCompiegne. to.x1.p.1492. prés la circoncifion 1303. c'est-à-dire le quatrième de Janvier 1304. avant pâques. Huit évêques y affifterent favoir ceux de Soiffons, Laon, Beauvais, Arras, Senlis, Amiens, Teroüane & Cambrai, & les députés des trois autres, Noïon, Tournai & Chaalons. On y fit des ftatuts compris en cinq articles, où je remarque ce qui fuit. Défenfe aux officiers des feigneurs temporels de mettre à la taille les clercs mariés ou non, fous le faux prétexte qu'ils exercent la marchandife, dont ils fe rendent juges eux-mêmes, fans per

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C. 4.

mettre aux juges ecclefiaftiques d'en prendre conoif- AN. 1304. fance. Ceux qui aprés avoir été deux ans excommuniés feront morts fans fatisfaire à l'églife, feront privés de fepulture ecclefiaftique comme fufpects d'herefie. Et comme ceux qui font excommuniés depuis deux ans ou plus, n'ont point comparu au prefent concile, quoiqu'ils y fuffent cités : nous les tenons pour fufpects d'herefie, & nous ordonons qu'ils s'en purgeront canoniquement chacun devant fon évêque. Tous les ecclefiaftiques de cette province fe contenteront dans leurs repas de deux més outre le potage.

c. 5•

XLI.

Rain. n. 9.

Quand le roi Philipes le Bel eut apris la promotion Bulles en du pape Benoist XI. il lui envoïa préter obedience par faveur de la Beraud feigneur de Mercœur, Pierre de Belleperche France. chanoine de Chartres & Guillaume du Pleffis chevaDiffer.p.205. lier. Ils étoient porteurs d'une lettre où le roi témoigne une grande joie de l'exaltation de Benoist & une grande eftime de fa perfone: mais en même temps il traite Boniface fon predeceffeur de faux pafteur & de mercenaire, qui par fes mauvais exemples & par fes crimes, avoit expofé l'église à des perils extrêmes. Guillaume de Nogaret étoit auffi du nombre des envoiés, comme il paroît par une lettre patente du Roi Diff. p. 224en datte du famedi avant la faint Mathias 1303. c'eftà-dire du vingt-uniéme Fevrier 1304. Par cette lettre le roi donne pouvoir à fes quatre envoïés de traiter avec le pape Benoift de tous les differends qu'il avoit eûs avec Boniface, & par une autre le roi leur donne pouvoir d'accepter en fon nom l'absolution du pape pour toutes les cenfures qu'il pouroit avoir encourues. La date eft du famedi aprés les Brandons, c'est-à-dire aprés le dimanche de la quinquagefime, & ce famedi

AN. 1304.

p. 207.

p. 229.

tomboit cette année 1304. au quatorziéme de Fevrier. Nogaret n'eft point nommé dans cette lettre non plus que dans la lettre au pape : peut-être comme trop odieux à la cour de Rome. Or il eft remarquable que le roi donne feulement pouvoir à fes envoïés de recevoir l'absolution du pape, non pas de la demander. Les envoïés étant arrivés à Rome le pape Benoift les reçut agréablement auffi-bien que la lettre du roi, & lui donna l'abfolution des cenfures quoiqu'il ne l'eût pas demandée : ce qu'il lui fit valoir comme une grace finguliere, par fa lettre du fecond jour d'Avril. Ensuite il donna plusieurs autres bulles en faveur du roi & du roïaume. Une dattée de Viterbe le dix-huitiéme d'Avril où à la priere du roi il révoque la fufSup. n. 32. penfe de donner des licences en theologie ou en droit prononcée par Boniface; & par une autre bulle du lendemain il révoque la referve de pourvoir aux églifes cathedrales & regulieres. Il y a trois bulles datées de Peroufe le treiziéme Mai: l'une par laquelle le pape Benoist abfout tous les prélats & les ecclefiaftiques, les Barons & autres nobles de l'excomunication encouruë pour avoir empêché ceux qui alloient en cour de Rome, & ceux qui avoient eû part à la prise de Boniface, excepté feulement Guillaume de Nogaret, dont le pape fe referve l'abfolution. Par une autre bulle il pardone aux prélats & aux docteurs François leur défobéiffance, pour n'avoir pas été à Rome fuivant le mandement de Boniface. Par la troifiéme il révoque la fufpenfion des privileges accordés au roi & à fes officiers prononcée par Boniface & l'abfolution des fermens: remettant le roi & le roïaume en tel état où ils étoient auparavant.

p. 209.
Rain.
1. 9. 10.

1304.

Diff. p. 208.

p. 229.

p.230.

p. 219.

Le roi Philipe avoit envoïé en cour de Rome deux AN. 1304. autres chevaliers Guillaume de Chaftenai & Hugues de la Celle, chargés d'une lettre dattée du premier Juillet 1303. par laquelle le roi prioit les cardinaux d'adherer à fon apel contre les procedures de Boniface & à la convocation d'un concile general. Ces deux gentilshommes étant arrivés en cour de Rome fe firent accompagner d'un notaire, & le huitiéme d'Août 1304. allerent trouver en leurs maifons dix cardinaux l'un aprés l'autre : dont cinq répondirent que le pape avoit mis la matiere en déliberation au confiftoire, & qu'ils s'en tiendroient à sa résolution, les cinq autres déclarerent qu'ils consentoient à la convocation du concile & promettoient d'y concourir de leur part. Enfuite les mêmes envoïés prefenterent la lettre du roi à fix autres cardinaux, dont quatre répondirent qu'ils fe conformeroient à l'intention du pape, & deux qu'ils procureroient la convocation du

concile.

P. 231.

n. 57.

Dés le feptiéme de Decembre 1303. le pape Benoift Rain. 1303. avoit donné commiflion à Bernard Roïard archidiacre de Saintes d'aller à Anagni & aux environs pour chercher & retirer ce qu'il pouroit du trefor de l'églife pillé à l'occasion de la capture de Boniface : lui donnant pouvoir de faire toutes les procedures neceffaires à cette fin. Mais fix mois aprés & le feptiéme de Juin 1304. le pape paffa plus avant & fit publier une bulle à Peroufe, par laquelle aprés avoir raconté Differ.p.232. & exagere pathetiquement tout ce qui s'étoit paffé à la prise de Boniface & en particulier le pillage du trefor, il dénonce excommuniés Guillaume de Nogaret, Sciarra Colonne & onze autres, treize en tout ; & les

Id. 1304. n.

13.

AN. 1304.
XLII.

de Valois fur CP.

Rain. n. 28. Ducange hift. CP. p.

224.

le re

cite à comparoître devant lui dans la faint Pierre. Cependant Charles de Valois frere du roi Philipe Entreprise envoïa au pape Benoist son chancelier, qui étoit un de Charles chanoine de Paris avec un gentilhomme du diocefe de Chartres, lui reprefenter qu'il armoit pour couvrement de l'empire de CP. comme apartenant à Catherine de Courtenai fon époufe ; & pour cet effet il demandoit au pape de commuer les vœux de ceux qui s'étoient croifés pour la terre fainte & qui vous droient paffer avec lui contre les fchifmatiques; & de lui accorder pour les frais de cette guerre les legs pieux & les autres donations deftinées au fecours de la terre fainte. Enfin il demandoit que le pape fît prêcher une croifade generale pour cette entreprise de CP. Surquoi le pape écrivit à ce prince,qu'il lui accordoit fes demandes, excepté la predication generale de la croifade, qu'il differoit à un autre temps: confiderant l'état prefent du roïaume de France, c'est-àdire la guerre contre les Flamans, où toutes les forces du roïaume étoient occupées. La lettre eft du vingtseptiéme de Mai.

Rain. n. 29.

Mais le vingtiéme de Juin le pape écrivit à l'évêque de Senlis & aux autres prélats de France une lettre où il dit : Le zele de la foi doit fans doute enflammer les cœurs des fidelles à délivrer l'empire de CP. du pouvoir des fchifmatiques. Car s'il arrivoit, ce qu'à Dieu ne plaise, que les Turcs & les autres Sarrafins, qui attaquent continuellement Andronic, s'en rendissent maîtres : il ne feroit pas facile de le tirer de leurs mains. Et quel peril, quelle honte feroit-ce pour l'églife Romaine & pour toute la Chrétienté: Nous defirons donc que l'entreprise du comte Charles ait

un

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