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Après J. C.

On les connoît aujourd'hui, la premiere, fous le nom d'Ouluk-tak; la feconde, fous le nom de Koulchouk-tak. Ou-tchou- Elle divife en deux parties le pays des Igours. En conlicou-jo-ti féquence les Chinois leur ont donné le nom d'Igours

Han-chou.

tum-kao.

citérieurs, & d'Igours ultérieurs. D'autres Auteurs les ont appellés Un - ouigours, & Tokof- ouigours, parce qu'au Nord des montagnes il fe rencontre dix rivieres & neuf au Midi. Un dans leur ancienne langue fignifioit dix, & Tokos défignoit le nombre neuf.

Ces deux Tribus d'Igours avoient chacune leur Roi. L'un regnoit dans la ville de Kiao-ho-tchim, aujourd'hui Ven-bien- Turphan, c'eft-à-dire fur les Tokof- ouigours, ou Igours citérieurs. L'autre habitoit huit cens li plus au Nord, dans une vallée appellée Vou-tou. Le dernier, c'est-àdire le Roi des Un-ouigours ou des Igours ultérieurs, étoit appellé Kou-kou. A l'occafion de quelques démêlés qu'il eut avec les Officiers Chinois qui réfidoient dans ces Contrées, il s'étoit retiré avec un autre petit Roi nommé Tam-teou auprès du Tanjou. Ce Prince n'avoit fait aucune difficulté de les recevoir; il ne redoutoit plus les Chinois; l'Empereur de la Chine étoit fans autorité. Un Rebelle nommé Mam, qui étoit le Maître dans l'Empire vouloit fe faire déclarer Empereur;ce qui fut caufe que l'on négligea pour un tems les affaires de Tartarie. Après que Mam fut devenu le maître abfolu, informé que le Tanjou avoit donné retraite à ces deux Rois,il lui en fit faire des reproches, & les lui redemanda. Le Tanjou répondit que par les Traités faits avec les anciens Empereurs de la Chine, on étoit convenu que tout ce qui étoit au Midi de la grande muraille appartiendroit aux Chinois & que ce qui étoit au Nord feroit regardé comme du reffort des Huns; que quand fes fujets avoient trouvé des gens qui caufoient du trouble fur les frontieres, ils en avoient auffi-tôt donné avis, & les avoient renvoyés à la Chine; que Hou-han-fie, en confidération des bienfaits infinis qu'il avoit reçus de l'Empereur, y avoit fait reconduire tous les Chinois qui s'étoient foumis aux Huns ; que pour lui, quoiqu'il ne voulût pas s'écarter de ces prin

cipes, il ne croyoit pas manquer aux Traités en donnant un azile à des étrangers. Mais fur les inftances des EnAprès J. C. voyés Chinois, qui lui firent entendre qu'en considéra- Ou-tchoution des bienfaits qu'il avoit reçus de l'Empereur il de- licou-jo-ti. voit accorder ces deux perfonnes; il y confentit, & les remit entre leurs mains, en demandant feulement qu'on leur fît grace. Mam ne les eut pas plûtót en fa puiffance qu'il leur fit trancher la tête en préfence d'un grand nombre de Princes de la petite Bukharie, & publia en même-tems un Edit par lequel il étoit défendu aux Huns de recevoir aucun des quatre Peuples fuivans qui voudroient fe retirer chez eux; c'est-à-dire, des Chinois, des Ou-fiun, des Habitans de la petite Bukharie, & des Ou-huon. Il envoya des Ambassadeurs vers le Tanjou pour lui porter cet ordre, & enjoignit enfuite aux Envoyés des Ou-huon qui étoient à la Chine, de faire fçavoir aux Chefs de leur Nation de ne point payer aux Huns les tributs ordinaires qui confiftoient en peaux & en toiles.

Кат-то.

Ce fut là la fource d'une nouvelle guerre entre ces deux Nations. Lorfque les Officiers Huns arriverent, felon leur coutume, chez les Ou- huon pour y lever les tributs, ils assemblerent les chefs de cette Nation, qui, avec l'Ordre de l'Empereur de la Chine à la main,re- Han-chu. fuferent de les payer. Les Huns irrités les firent arrêter & pendre fur le champ. Alors les parens & les amis de ces Chefs fe réunirent & attaquerent les Officiers des Huns & tous ceux qui les avoient fuivis pour acheter ces tributs; ils s'emparerent de tout ce qu'ils avoient & tuerent les Envoyés. Le Tanjou informé de cette révolte fit partir fur le champ le Vice-Roi d'Orient avec des troupes. Les Ou-huon furent battus & difperfés : les uns fe fauverent dans les montagnes, d'autres gagnerent les Provinces Orientales des Huns. On leur tua beaucoup de monde, & on leur enleva un grand nombre de prifonniers. Enfuite les Huns firent publier qu'ils pourroient fe racheter moyennant une quantité de betail, de peaux & de toiles; mais c'étoit un piége qu'ils vouloient tendre aux

Ou-huon, qui apporterent de bonne-foi ce qu'ils crurent Après J. C. néceffaire pour délivrer leurs prifonniers. Les Huns s'en Ou tchou faifirent & ne rendirent aucun Ou-huon.

licou-jo-ti.

L'an 9.

Mam venoit de fe rendre maître de l'Empire Chinois après en avoir dépouillé la famille des Han. Il avoit deffein de fe faire reconnoître en qualité d'Empereur par les Huns; mais avant tout, il falloit que le Tanjou remît aux Chinois le Sceau que les Empereurs des Han lui avoient donné, & qu'on lui en remît un autre qui portât le nom du nouvel Empereur. Dans ces tems anciens les Rois étrangers fe faifoient un honneur de recevoir ces Sceaux qui les faifoient regarder comme Alliés & même Vaffaux des Chinois. Mam envoya pour cet effet des Ambaffadeurs au Tanjou avec des préfens confidérables. Le Tanjou rendit le Sceau ou Cachet qu'il tenoit des Han, & on lui donna celui que Mam avoit fait faire. Mais dans la fuite & après que le Tanjou eut apperçu que la nouvelle Infcription qu'on y avoit mise défignoit une espéce de foumiffion, if fe plaignît de ce procédé, & redemanda l'ancien Sceau. On lui répondit alors que le Thrône de la Chine étant paffé dans une nouvelle famille, il devoit recevoir un nouveau Sceau. Le Tanjou n'en put tirer d'autre fatisfaction, & les Officiers Chinois reprirent le chemin de la Chine. Ce qu'ils voulurent éxiger des Huns dans leur retour acheva de déterminer ce Prince à leur déclarer la guerre.

Ces Ambassadeurs en paffant par l'endroit où les Ou huon étoient retenus prifonniers fe crurent en droit de forcer l'Officier Hun qui y commandoit, de les remettre en liberté. Les Huns ne voulurent point y confentir. Le Tanjou mécontent de leurs procédés, & encore plus du changement qu'on avoit fait dans l'Infcription du Sceau, fit partir un corps de troupes pour fe rendre dans le pays des Ou-huon que nous avons dit être fitué au Nord du Han-chou. Leao-tong. Elles devoient s'affembler dans le pays d'Ortous. Mam y envoya aufsi-tôt une armée ; mais comme ce Prince ne s'étoit point fait aimer des Rois de la petite Bukharie, il ne les trouva pas difpofés à le fecourir.

Kam-mo.

L'an 10.

Celui

licou-jo-ti.

Celui des Un-ouigours, ou des Ouigours ultérieurs, nommé Siu-tche-li, fongea à se retirer auprès du Tanjou; il Après J. C. étoit près de l'éxécuter quand Tan-kin qui commandoit Ou-chou. dans la petite Bukharie pour les Chinois, le fit arrêter & mettre à mort. Hou-lan-tchi frere de Siu-tche-li,avec deux mille Sujets & tout les beftiaux paffa chez les Huns, où il fut bien reçu. Il accompagna le Tanjou dans l'expédition qu'il fit dans le pays des Igours ultérieurs. L'Officier Chinois qui y commandoit fut tué; la plus grande Heou banpartie de la petite Bukharie fe foumit alors aux Huns, & il n'y eut que Yen, Roi de Chao-tché ou d'Yerken, le plus puiffant de ces Contrées qui reftât fidéle aux Chinois.

la

chou

Tan-kin, Gouverneur de la petite Bukharie, ne tarda Han-chou. pas à donner avis à l'Empereur Mam de tout ce qui fe paffoit. Ce Prince, pour arrêter les progrès des Huns, entreprit de mettre la divifion dans leur Empire. Il envoya dans ce deffein des Officiers avec quelques troupes & de très-grands préfens pour engager dans fon parti les enfans de Hou-han-fie. Il donna à l'un d'eux nommé Hien le titre de Hiao-tanjou ; à Tçu, celui de Chun-tanjou. Il créa quinze Tanjou, & diftribua aux Grands de leur fuite des préfens & de vains titres d'honneur qui leur en ⚫ impoferent., Le véritable Tanjou inftruit & allarmé des manœuvres de l'Empereur, réfolut de lui déclarer guerre. Il y fut d'autant plus porté, que les Huns, comblés des bienfaits de l'Empereur Siuen-ti, n'avoient point encore donné à ce Prince ni à fes defcendans aucune marque de reconoiffance. Il fe représenta Mam comme un ufurpateur qui n'étoit point de la famille Impériale des Han, & qui par cette raifon ne devoit pas occuper fi tranquillement un Thrône auquel il n'avoit aucun droit. Il envoya une grande armée dans la Chine, où elle fit un butin confidérable & beaucoup de prisonniers. Il vint enfuite lui-même, & il ne fit pas un moin- L'an 11. dre dégât. Toutes les frontieres de cet Empire étoient Kam mo. défolées, les troupes Chinoifes n'ofoient paroître devant les Lie tai kiHuns. L'Empereur Mam qui venoit de raffembler des magaTome I. O

Han-chou.

Su.

Après J. C.
Ou tchou-

licou jo-ti.

Kam-mo.

L'an 12.

Han-chou.

immenfes dans le deffein de délivrer fes Provinces & de foumettte les Huns, leva une armée de trois cens mille hommes qu'il fit partir dans le même tems par dix routes différentes. Ces troupes pénétrerent jufques dans le centre de la Tartarie, & s'avancerent jufques dans le pays de Tim-lim, que nous avons dit être fitué au Nord des Ou-fiun à l'Orient des fources du Jaïck. Tout l'Empire des Huns fut foumis, mais on ignore les détails de cette fameufe expédition. Mam diftribua la Tartarie aux quinze fils ou petits fils de Hou-han-fie, & donna ordre à Hien, qui avoit le titre de Hiao-tanjou d'aller s'établir à la Cour du Tanjou en Tartarie, pendant que Tçu & Tem autres enfans de Hou-han-fie refteroient à Si-gan-fou, où le premier mourut. Le fecond accompagna dans la fuite les armées Chinoifes en Tartarie, & reçut de l'Empereur Mam le titre de Chun-tanjou que portoit Tçu. C'eft pendant le cours de cette guerre que Mam abolit le titre de Hiong-noutanjou, & qu'il y fubftitua celui de Kiang-nou-fou-yu, qui marquoit que le Tanjou étoit foumis aux Chinois.

Quoi que Mam eût donné le titre de Tanjou aux enfans de Hou-han-fie, quelques-uns ne laifferent pas cependant d'armer en faveur du véritable Tanjou, & d'entrer dans la Chine où ils firent un affez grand butin. On foupçonna Kio, fils de Hien qui portoit le titre de Hiao-tanjou, d'être de ce nombre, & Mam pour donner un éxemple de févérité fit affembler un grand nombre d'étrangers en présence defquels il fit trancher la tête à Tem ou Chun-tanjou frere de Hien, dans la place de Si-gan-fou. L'année fuivante le véritable Tanjou Ou- tchou - lieouL'an 13. jo-ti mourut après un regne de vingt-un an.

Comme les Huns étoient fatigués par toutes les guerres qu'ils avoient été obligés de foutenir fous fon regne, & qu'ils vouloient fe menager la protection des Chinois; ils réfolurent de mettre fur le Thrône Hien que Mam paroiffoit aimer, & auquel il avoit donné le titre de Hiao-tanjou. En conféquence Hien fut proclamé Tanjou, & prit le titre d'Ou-loui-jo-ti.

Ce Prince diftribua à fes enfans & à fes freres les grandes

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