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dignités de l'Empire. Celle de Hien-vam de la gauche, ou de Vice-Roi d'Orient étoit la principale de toutes, & ce Après . C. titre n'étoit porté que par celui qui devoit fuccéder à Ou-loul'Empire. Sous le regne précédent plufieurs Princes qui Han-chis. en avoient été revêtus étoient morts fi fubitement, qu'on avoit regardé ce titre comme de mauvais augure, & qu'on lui avoit fubftitué celui de Hou-yu, c'eft-à-dire, trèsrefpectable & très-grand; mais Ou-loui-jo-ti étant parvenu à l'Empire détruifit encore ce dernier, & voulut que le Prince héritier portât le titre de Tço-tou-yen-vam. Il fon- L'an 14. gea enfuite à faire la paix avec les Chinois. Mam de fon côté lui envoya des Ambaffadeurs, moins cependant pour le féliciter fur fon avénement au Thrône que pour le tromper. Les Chinois dirent au Tanjou que fon fils Tem, auquel l'Empereur Mam avoit fait couper la tête,étoit encore vivant à Si-gan-fou, mais que s'il vouloit qu'on le lui rendît, il falloit remettre deux Chinois qui s'étoient foumis autrefois aux Huns. Le Tanjou dans l'efpérance de délivrer fon fils, accorda aux Chinois ce qu'ils demandoient, & négligea encore de profiter d'une circonftance fâcheufe où la Chine fe trouvoit alors. Il étoit arrivé dans le même Kamna. tems une grande famine dans l'Empire, & les Peuples avoient été réduits à fe manger les uns & les autres : le Tanjou qui ne cherchoit qu'à tirer des fers fon fils & quelques préfens de l'Empereur, parut d'abord s'intéreffer pour les Chinois; mais auffi - tôt qu'il eut été inftruit de la mort de fon fils il en fut fi irrité qu'il mit fes troupes en campagne, & fit faire le ravage fur les frontieres de la Chine. Les Ambaffadeurs Chinois lui en firent des reproches pour se défaire de leurs importunités, il attribua ces incurfions à quelques Partis dont il ne pouvoit répondre. Mam peu content de cette excufe, rétablit fur les frontieres de la Chine toutes les Garnifons que la mifere publique avoit obligé d'abandonner; il fit reconduire Han-chou. le corps de Tem en Tartarie, & donna en même-tems tum-kao. au Tanjou le nouveau titre de Kum-nou-chen-you, qui L'an 15. indiquoit un certain refpect envers l'Empereur. Mais le Tanjou qui méprifoit tous ces titres d'honneurs ne laiffa

:

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Ven-bien

pas de recommencer fes courfes, mécontent de n'avoir Après JC pû tirer cette fois quelques fommes d'argent. C'est dans

Ou-loui

jo-ti.

Kam mo.
L'an 16.

'L' n 18,

Hou-tou

kao-jo-ti.

ces circonftances que l'éboulement d'une digue qui fervoit à retenir les eaux de la riviere King, fit croire aux Chinois qui confultoient les forts, qu'enfin le tems étoit yenu d'arrêter les incurfions & les ravages des Huns fur les frontieres. On le perfuada à l'Empereur Mam qui envoya des troupes pour camper à l'extrémité de fes frontieres. Mais l'Hiftoire ne nous apprend rien de ce qui fe paffa entre les deux Nations jufqu'à la mort du Tanjou Ou-loui-jo-ti. Il eut pour fucceffeur fon frere Yu, qui prit le titre de Hou-tou-ulh-chi-tao-kao-jo-ti. Jo-ti que l'on a vu plufieurs fois faire partie du nom des Tanjou, fignifie dans la Langue des Huns, obéiffant & foumis à Son pere. Će nouveau Tanjou, de même que tous ceux qui aulh-chi-tao- voient regné avant lui, envoya des Ambassadeurs à la Chine, moins pour renouveller les Traités que pour recevoir des préfens dont il étoit fort avide. L'Empereur Mam ne s'y laiffa pas tromper, & loin de faire alliance avec lui; il entreprit de le dépofer en mettant à sa place un autre Prince nommé Tang. Il députa pour cet effet en Tartarie un Officier chargé d'engager Tang à venir à Si-gan-fou, où l'on promettoit de lui donner le titre de Siu-pou-tanjou. Un Miniftre Chinois ne put s'empêcher de représenter à Mam qu'il étoit néceffaire que Tang, qui étoit ami de la Chine, demeurât en Tartarie afin d'être plus à portée d'inftruire promptement la Cour des mouvemens du Tanjou, & que fi on le faifoit venir à Sigan-fou, on couroit rifque de perdre les frontieres, parce qu'il feroit impoffible de les fecourir affez à tems. Mam ne fe rendit pas à ces raisons, & les Huns informés de fes deffeins recommencerent leurs incurfions.

Kam mo.

L'Empereur de la Chine toujours dans la réfolution de mettre Tang fur le Thrône de Tartarie commença par vuider toutes les prifons; enfuite fur trente perfonnes il en prit une dans tout l'Empire: & il fit fit plufieurs vexations qui indifpoferent contre lui tous les Chinois. On

ulh-chi

n'avoit pas encore vû d'armée fi nombreuse. Mais tant de préparatifs ne produifirent aucun effet : les Huns firent Après J. C. des ravages plus que jamais, & peu de tems après, Mam fe Hou toutrouva lui-même dépouillé de l'Empire, & déchiré en tao-kaomorceaux par le Parti des Han qui fubfiftoit toujours, jo-ti. & qui avoit enfin pris le dessus.

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L'an 20.

Lie-tai-ki

Su.

Auffi-tôt que l'Empereur Hiuen fe vit rétabli fur le L'an 21. Thrône des Han fes ancêtres, il envoya des Ambaffa- Han-chu. deurs au Tanjou pour lui faire part de cette nouvelle, & fu lui rendre en même - tems l'ancien Sceau que Mam lui avoit ôté. Les Chinois eurent lieu d'être étonnés du difcours que ce Tanjou leur tint, il prétendoit que fuivant les Traités faits entre les deux Nations, les Chinois devoient, pour ainfi dire, être fes Vaffaux. L'Empereur Siuen-ti, difoit-il, a fecouru les Huns pendant les » guerres qu'ils ont eues; il n'a pas peu contribué à main» tenir fur le Thrône Hou-han-fie, qui a reçu le Sceau de › l'Empire Chinois, & s'eft regardé par-là comme un de fes Vaffaux; aujourd'hui les Huns, pendant tout le tems que Mam a poffedé injuftement le Thrône de la Chine » n'ont ceffé de lui faire la guerre, ils ont diffipé fes armées : ils ont par-là contribué à le dépouiller du Thrône qu'il avoit ufurpé, & a rétablir la Dynaftie des Han. En conféquence, loin que les Chinois regardent les Huns » comme leurs Vaffaux, ils doivent au contraire les honorer, & ne plus éxiger d'eux ces marques de foumif» fion & garder leurs Sceaux.

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Kam-mo.

La Chine fut alors agitée par des Guerres civiles qui L'an 25. ne permirent pas qu'on entreprît d'humilier les Huns. Quoique l'Empereur Kouam-you-ti fût un des plus grands Princes qui l'ait gouvernée, il fut occupé pendant quelque tems à réduire plufieurs rebelles qui prétendoient comme lui à l'Empire : les Huns fe déclarerent pour l'un d'eux nommé Liu-fang, qui s'étoit fait proclamer Empereur, & qui pour en impofer au Peuple fe difoit defcendu de l'ancien Empereur Vou-ti. Sous ce prétexte il avoit recherché l'alliance des Huns; & le Tanjou qui le regardoit comme tel, voulant reconnoître en fa perfonne les

Hou-tou

ulh-chi

tao-kaojo ti. L'an 29.

Je

fervices que les Han avoient rendus autrefois à HouAprès J. C. han-fie, envoya des troupes au-devant de lui, & le reçut en qualité de légitime Empereur de la Chine. La plus grande partie des autres rebelles s'étoient cantonnés dans pays d'Ourtous & dans les parties Septentrionales des Provinces de Chenfy & de Chanfy où ils s'étoient rendus indépendans; le Tanjou qui les crut propres à feconder fes projets leur envoya des Ambaffadeurs pour faire alliance avec eux, & les engager à reconnoître Liu-fang en qualité d'Empereur. Tous ces Officiers qui avoient eux-mêmes befoin d'appui pour se foutenir, fe rendirent auprès du Tanjou avec leurs troupes de là retombant fur la Chine avec l'armée des Huns & les troupes des Tartares Sienpi & Ou-huon, ils fe rendirent maîtres des frontieres Septentrionales de cet Empire.

Han-chou.

Pendant que les Huns étoient ainfi occupés du côté de Кат-то. la Chine, le Roi d'Yerken les obligea de courir à la défenfe de leurs pays Occidentaux. Yen qui regnoit dans cette Ville de la petite Bukharie étoit toujours demeuré attaché au parti des Chinois jufqu'à fa mort, arrivée l'an quatorze de J.C. Son fils Kam qui lui avoit fuccédé avoit fuiHan-chou. vi fon exemple. Dans le tems que les Chinois s'efforçoient Kam-mo de repouffer les troupes du Tanjou, il raffembla celles d'une partie des Royaumes de la petite Bukharie, alla attaquer les Huns, les battit de tous côtés, empêcha qu'ils ne fiffent des courfes dans fes Etats, & mit à couvert de leurs infultes les familles des Officiers Chinois qui étoient difperfés dans les pays voifins, ce qui le rendit maître de cinquante-cinq villes de la petite Bukharie. D'un autre côté les troupes de Liu-fang & celles du Tanjou furent battues par l'armée Chinoife, & toutes les Provinces de la Chine fituées au Nord qui s'étoient foumifes aux Huns,rentrerent fous la domination des Chinois. Quelques Généraux mécontens de Liu-fang abbandonnerent enfuite fon parti & fe foumirent à l'Empereur. Les troupes du rebelle Kam-mo. furent battues quelque tems après dans la Province de Petcheli. Les Huns vinrent à fon fecours & furent affez puiffants pour arrêter les Chinois, qui ne pouvant les chaf

L'an 30.

L'an 31.

L'an 33.

Hou-tou

fer, prirent le parti de fe camper en différens endroits. Les Huns & les Ou-huon firent fouvent des courses dans Après J.C. la Chine: il s'étoit donné un grand nombre de combats; ulh-chiplufieurs Officiers de Liu -fang, las de la guerre, vou- tao-kaofoient qu'il fe foumit à Kouam- vou-ti; mais Liu-fang Lans jo-ti. informé de leurs deffeins fe retira avec dix Cavaliers L'an 36. dans la Tartarie, & le refte de fes troupes prit le parti dans l'armée Chinoife. Les Huns firent encore quelques courfes dans le Chanfy. Enfin Liu - fang voyant que tous fes efforts & ceux des Huns étoient inutiles, prit le parti, avec ce qui lui reftoit d'Officiers, de fe foumettre à l'Empe- L'an 40. reur; les Huns n'en furent pas plutôt inftruits, que pour fe Kam-mo. vanger de Liu-fang ils entrerent de nouveau dans la Chine, & y commirent de grands défordres. Liu-fang de fon cô- L'an 41. té ne tarda pas à fe repentir de fa démarcha. II apprehendoit toujours que l'Empereur ne le punît de fa révolte, & dans cette crainte il reprit le chemin de la Tartarie où il mourut peu de tems après.

Le Tanjou ne laiffa pas de continuer de faire des cour- L'an 44. fes dans la Chine avec les Ou-huon & les Sien-pi, Tartares L'an 45. Orientaux qui avoient joint leurs troupes aux leurs. Le Gouverneur du Leao-tong les battit, en tua un grand nom- Heou ban. bre & prit beaucoup de prifonniers. L'année fuivante le ammo. Tanjou Hou-tou-ulh-chi-tao-kao-jo-ti mourut, & fon fils L'an 46. Pou-nou lui fucceda.

chou

Sous le regne de ce Prince l'empire des Huns reçut un Pou-nou échec qui hâta fa chute; Hou-tou-ulh-chi-tao-kao-jo-ti avoit un frere nommé Tchy-ya-fu auquel appartenoit de droit la charge de Vice-Roi d'Orient, & qui par conféquent devoit lui fuccéder à l'Empire; mais ce Tanjou dans le deffein de faire paffer la Couronne fur la tête de fon fils, fit mourir Tchi-ya-fu. Pé qui poffedoit depuis plufieurs années les miéres charges de l'Etat étoit fils de l'ancien Tanjou Outchou-loui-jo-ti: il commandoit alors huit hordes qui campoient du côté de la Chine & dans les Provinces Méridionales de l'Empire des Huns. Ce Prince ne put diffimuler fon mécontentement ni s'empêcher d'expofer au Tanjou fes prétentions, en lui repréfentant que fi le Thrône apparte

pre

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