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Pou-nou.

noit aux freres, il devoit paffer naturellement à Tchi-ya-su : Après J. C. mais que fi les Enfans fuccedoient à leur pere, il devoit y monter par préférence, puifqu'il étoit fils de Tanjou. D'autres malheurs devoient précéder la grande révolution que ces prétentions étoient fur le point de faire

Ven-bientum-kao.

Heou-han chou.

Kam-mo.

éclore.

Depuis plufieurs années la Tartarie avoit été désolée par une quantité d'infectes qui mangeoient les arbres & les plantes, & une grande féchereffe avoit achevé de détruire ce qui reftoit. Un nombre prodigieux d'hommes & de beftiaux étoient péris de mifére: dans la crainte que les Chinois ne profitaffent de ce tems malheureux pour déclarer la guerre aux Huns, le nouveau Tanjou fit demander la paix à l'Empereur de la Chine, & l'obtint. Il n'en fut pas de même des Ou-huon; ceux-ci voyant que les Huns ne pouvoient leur réfifter, les attaquerent & les battirent : les Huns furent obligés de s'éloigner de plufieurs mille li vers le Nord, & d'abandonner tout ce qu'ils poffedoient au midi du défert: mais les troubles de la petite Bukharie les dédomagerent en quelque façon de cette perte.

L'an trente-trois de J.C. Kam Roi d'Yerken étoit mort,& fon frere Hien lui avoit fuccédé. Il avoit foumis deux petits pays dans le voisinage de la ville de Khoten,& proche cette chaîne de montagnes que les Chinois appellent Tçung-ling, & nommées par les Anciens Emodi-montes. Ces deux Royaumes portoient le nom de Yu-mi & de Si-ye. Hien les avoit donnés à deux de fes Neveux, enfans de Kam. Dans la fuite ce Prince avoit demandé à l'Empereur de la Chine le titre de Gouverneur de la petite Bukharie, & on le lui avoit refufé. Il ne laiffa pas cependant de le prendre & y joignit celui de Tanjou. Il foumit un grand nombre de villes voifines jufques par-delà Acfou. Tous les Rois de la petite Bukharie depuis cette Ville jufqu'aux Igours, & aux Chenchen, Peuples fitués proche le lac de Lop, au nombre de dix-huit, envoyerent leurs Princes héritiers à la Chine, avec des préfens pour fe plaindre de Hien, & demander un Gouverneur & des troupes ; mais les Chinois ne fe hâtoient point de faire partir cet Officier : le Roi d'Yerken

ordonna

Pou-nou.

ordonna à Gan, Roi de Chen-chen, de fermer les paffages & de rompre tout commerce avec la Chine. Gan fit tuer ceux Avant J. C. qui lui apporterent cet ordre, Hien marcha auffi-tôt contre lui & l'obligea de fe retirer dans les montagnes. Il attaqua enfuite les Peuples de Kiu-tçu ou d'Akfou, tua le Roi & s'empara de leur pays. Alors les Yen - chi ou les Peuples d'Harafchar, les Igours & les Chen-chen qui habitoient au midi, prirent le parti de se soumettre aux Huns.

Après avoir fait trembler toute la petite Bukharie, Hien franchit ces montagnes qui feparoient fes Etats des pays que l'on appelle aujourd'hui la grande Bukharie, & vint faire la guerre aux Su, Nation Tartare qui avoit abandonné autrefois le pays des Ou-fiun pour venir s'établir fur les bords de l'Oxus ou Gihon, dans les pays où regnoient anciennement les Succeffeurs d'Alexandre. Il foumit ces Peuples, tua leur Roi & leur en donna un nouveau. Il revint enfuite vers Acfou, où il fit la même chofe. Il laiffa dans ce pays Tce-lo que les Habitans firent mourir, se mettant fous la protection des Huns. Le Tanjou y envoya pour les gouverner un Indien, & le pays d'AcTou depuis ce tems-la fut foumis aux Huns. Hien alla attaquer les peuples de Ta-ouan, fitués vers Seiram ou Berfadgian & Fergana. Il déthrôna le Roi de ce pays nommé Yen-lieou, & mit à fa place Kiao-fu-ti Roi de Yu-mi, qui ne put s'y maintenir, les habitans du Kaptchaq faifant trop fouvent des courfes dans ce pays. Hien fut obligé d'y rétablir Yen-lieou.

Telle étoit alors la fituation de la petite Bukharie, & quoique les Igours & d'autres peuples voifins fe fufsent foumis aux Huns, on ne laiffa pas d'appercevoir que ceux-ci y avoient beaucoup perdu de leur ancienne autorité, & que d'un côté la puiffance du Roi d'Yerken, de l'autre celle des Chinois qui étoient foutenus par les Tartares Orientaux, nommés Sien-pi & Ouhuon, les obligeoient à refter au-delà du defert; mais les troubles qui fuivirent de près les guerres dont nous venons de parler acheverent de perdre les Huns.

Le Tanjou Pou-nou n'avoit point oublié que Pé fils du

Tome I.

P

Kam-mo.

L'an 48.

Poi-nou.

Tanjou Ou-tchou-loui-jo-ti avoit prétendu à l'Empire, Après J. C..& depuis ce tems ces deux Princes avoient conçu l'un pour l'autre une haine, qu'ils avoient toujours diffimulée. Pé avoit envoyé fecretement aux Chinois une Carte ou defcription du pays des Huns, & avoit demandé la permillion de fe foumettre à l'Empereur de la Chine. Plufieurs Officiers Huns inftruits de fes fentimens, confeillerent au Tanjou de fe défaire de lui; mais dans le tems que l'on donnoit des ordres pour le faire aflaffiner, un frere de Pé, qui fe trouva par hazard près de la tente du Tanjou, monta auffi-tôt à cheval, & vint annoncer à Pé ce qui fe trâmoit contre lui. Pé réfolu de s'oppofer aux entreprifes du Tanjou, fit affembler les huit Hordes dont il avoit le gouvernement: elles montoient environ à quarante ou cinquante mille hommes. A la vûe de cette armée, ceux que l'on avoit envoyés pour le tuer prirent la fuite. Dix mille Cavaliers que le Tanjou avoit fait marcher en même-tems n'oferent l'attaquer. Alors les chefs des huit Hordes tinrent un grand Confeil, à la fin duquel on proclama Pé Empereur, & on lui donna le titre de Hou-han-fie-tanjou.

L'an 49
Kam-mo.

Han-chou.

L'Empire des Huns fe trouva par - là divifé en deux Royaumes (a), l'un du Midi, & l'autre du Nord. Pé qui s'étoit foumis aux Chinois fut toujours foutenu par l'Empereur qui le reconnut en qualité de Tanjou, & le plaça au Nord de fon Empire pour arrêter les courses des Huns du Nord & des Tartares Sien-pi.

Peu de tems après, ces Tartares, attirés par les préfens des Officiers Chinois qui commandoient dans le Leaotong, fe foumirent à la Chine, & pour donner des preuves de leur fidélité ils marcherent contre les Huns du Nord, & leur tuerent environ deux mille hommes. Pienho qui gouvernoit alors ces Sien-pi continua ces incur

(a) Cette divifion de l'Empire des Huns paroît avoir un grand rapport à la divifion de l'Empire des Turcs en Mogols & en Tartares. Les premiers feroient les Huns du Nord, & les feconds ceux du

Midi. Quoique les Perfans placent plus haut l'époque de cette divifion: il ne faut pas compter fur leur éxactitude pour des tems auffi éloignés. On ignore en quel tems mourut le Tanjou Pou-nou.

fions & affoiblit confidérablement les Huns. Ceux du Midi

firent la même chofe, de forte que le Tanjou du Nord Après JC. effrayé de voir tout l'Orient armé contre lui, abandonna une grande étendue de pays. Les Ou-huon, autres Tartares Orientaux, fe foumirent auffi aux Chinois, & l'Empereur. de la Chine ordonna qu'on les plaçât fur les frontieres. Ici l'Hiftoire ceffe de nous donner les époques de la mort & de l'installation des Tanjou. Leur Empire continua d'être divifé: celui du Midi fe foutint par la protection des Chinois & celui du Nord ne tarda pas à être renverfé.

Han-chou.

L'an SI.

Le Tanjou du Nord ne put voir fans être allarmé toutes ces révoltes & les préparatifs que les Chinois faifoient. Il appréhendoit que tous ces ennemis ne réuniffent leurs forces pour venir l'attaquer ; c'eft ce qui lui fit prendre le parti, d'abord de renvoyer aux Chinois tout ce qu'il leur avoit pris en différentes fois, & enfuite de leur faire demander la paix. Les Ambaffadeurs vinrent jufqu'à Leamtcheou dans le Chenfy, où ils s'arrêterent en attendant les ordres de la Cour. L'Empereur de la Chine fit affembler fon Confeil à ce fujet, & fur ce qu'on lui repréfenta que ces Huns ne demandoient à fe foumettre que par la crainte qu'ils avoient de ceux du Midi; que d'un autre côté ces derniers, mécontens des liaifons qu'on pourroit avoir avec le Nord, abandonneroient le parti des Chinois, l'Empereur Kouam-vou-ti ordonna au Ĝouverneur de Leam-tcheou de renvoyer les Ambaffadeurs du Tanjou. L'année fuivante le Tanjou renvoya des Ambaffa- L'an 52. deurs à la Chine pour le même fujet. L'Empereur Kouamvou-ti après une longue délibération confentit à lui accorder la paix. Alors les Huns du Nord envoyerent pen- L'an 55. dant plufieurs années à la Chine des préfens en forme

de tribut.

Ven-bien

Depuis ce tems-là il ne fe paffa rien de confidérable L'an 61. du côté de la Chine, & les Huns du Nord occuperent tum-kao. leurs troupes vers la petite Bukharie, que Hien Roi Han-chou d'Yerken avoit prefque entierement foumife. Il auroit Kam-mo. même donné beaucoup d'inquiétude aux Huns, s'il n'eut

Après J.C.

les

été tué par la trahifon de fon gendre. Ce Prince avoit dépouillé de fes Etats Yu-lin Roi de Khoten, & avoit donné ce Royaume à Goei-chi frere d'Yu-lin. Dans la fuite craignant que tous ces pays nouvellement conquis ne fe révoltaffent, il ordonna que l'on fit mourir les Rois qu'il y avoit laiffés, & chargea du Gouvernement de Khoten un de fes Officiers nommé Kiun-te. Celui-ci qui s'étoit fait hair à cause de ses cruautés, fut tué par un des principaux Habitans de Khoten nommé Tou-mo. Un autre particulier de Khoten appellé Hieou-mo-pa fecouru de quelques Chinois tua enfuite Tou-mo, & prit le titre de Roi. Hieou-mo-pa fe lia avec les peuples d'Yu - mi fitués à l'Occident de la même ville, & marcha contre troupes d'Yerken, campées à Pi-chan proche les montagnes de Tçung-ling, & les battit. Aufli-tôt Hien envoya fon fils Koue-fiang à la tête de vingt mille hommes. Hien qui vint enfuite lui-même ne fut pas plus heureux. Hieoumo-pa s'approcha d'Yerken pour en former le fiége; mais ayant eu le malheur d'être tué d'un coup de fleche, fes troupes s'en retournerent à Khoten, où l'on mit fon neveu Kuam-te fur le Thrône: alors les Huns avec les troupes d'Acfou, pour profiter du mauvais état dans lequel étoient les affaires du Roi d'Yerken, & espérant se rendre maîtres de cette place, la vinrent attaquer; mais ils furent obligés de décamper. D'un autre côté le Roi de Khoten y envoya auffi une armée commandée par fon frere & il força Hien de demander la paix. Il rendit le pere de Kuam-té qui étoit retenu depuis plufieurs années à Yerken, & donna une de fes filles en mariage au Roi de Khoten. L'année suivante quelques Officiers que les cruautés de Hien engageoient à fe révolter fe foumirent à Kuamte, qui s'approcha auffitôt d'Yerken avec trente mille hommes Hien lui reprocha de violer les traités qu'ils avoient faits ensemble; mais fur la parole que Kuam-te lui donna qu'il venoit en qualité d'allié & d'ami pour le vifiter, il le crut & fe livra lui-même à Kuam-te qui le fit auffitôt arrêter & mettre à mort. Quelques années après

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