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Hesu-banchon.

Kam-mo. Ven bien tum-kao.

Après J.C. Pays d'Ortous. Il fe donna un grand combat à la montagne Ki-lou-chan: le Tanjou fut obligé de prendre la fuite; on lui tua beaucoup de monde, & deux cent mille hommes de fes Sujets fe foumirent aux Chinois : Teouhien s'avança à trois mille li au-delà des frontiéres, parvint à la montagne Yen-jen où il fit graver fur une pierre une infcription pour conferver à la poftérité la mémoire de ce grand événement. (a) Cette infcription fut faite par Pan-kou, fameux Hiftorien qui étoit alors dans

L'an 90. .Kam-mo.

l'armée Chinoise.

L'année fuivante le Général Teou-hien (b) envoya des Han-chou, troupes qui reprirent le pays de Kamoul, ce qui intimida tellement les Igours, que dans la crainte que ce Général n'entrât dans leur pays, ils prirent le parti d'envoyer leurs

(a) Nous ne devons plus être furpris de trouver dans la Tartarie des éguilles & des infcriptions. Si elles ne font pas l'ouvrage des naturels du pays, elles le font des Errangers qui leur faifoient la guerre. Un Médecin envoyé en 1721 par le Czar pour examiner les diverfes plantes & racines que la Siberie peut produire, étant arrivé avec plufieurs prifonniers Suédois du côté de la riviere de Tzulim à l'Ouest de la ville de Krasnoyar, trouva au milieu de la grande Steep qui regne de ce côté, une espece d'éguille faite d'une pierre blanche ayant environ seize pieds de hauteur, & quelques centaines d'autres petites d'environ quatre à cinq pieds de hauteur, difpofées autour de la premiére. Il y avoit une infcription fur un des côtés de la grande éguille & des caractères fur les petites que le tems avoit déja effacés en plufieurs endroits. Ces caractères ne paroiffoient, dit l'Auteur, avoir aucun rapport avec ceux des langues ufitées dans le Nord de l'Afie. Ces fortes d'ouvrages, ajoute-t-il, conviennent d'ailleurs fi peu au génie des Tartares qu'il eft quafi impoffible de pouvoir croire qu'eux ou leurs ancêtres ayent jamais été capables de concevoir un femblable deffein, furtout fi l'on confidére que ni dans le voifinage de l'endroit où ces monumens fe trouvent ni à cent lieues à la ronde, il n'y a point de car

rieres d'où l'on ait pû tirer ces pierres, & qu'elles ne peuvent avoir été appor tées que par la riviere de Jenifea. Telles font les refléxions de cet Auteur, refléxions qui tombent d'elles - mêmes après ce que nous venons de rapporter, quoique nous ne croyons pas que cette éguille de Krasnoyar ait rapport avec l'infcription que fit graver dans la Tartarie le général Chinois. Strahlemberg die auffi que l'on trouve en divers endroits de la Tartarie des caractères peints en rouge d'une maniére ineffaçable, & qu'ils approchent fort des anciens caractères Chinois.

(b) Beidawit prétend que ce fut un Roi de Khatai ou de la Chine qui détruifit l'Empire d'Ogouz-khan, c'est-à-dire des Turcs ou Huns. Mirkhond attribue cette défaite à Tour fils de Pheridoun Roi de Perfe, de la Dynaftie des Pifchdadiens; mais ce font là des fables auxquels nous ne devons pas nous arrêter; nous remarquerons feulement que Tour femble être plutôt le Général Chinois, nommé Teou, que Mirkhond aura confondu avec l'ancien Héros Perfan. Il y a lieu de croire que les Huns du midi qui fe joignent à Teou-hien pour détruire ceux du Nord, font les Tartares qui felon les Perfans aiderent à détruire les Mogols ou les Huns du Nord.

Princes héritiers à la Cour de la Chine. Le Tanjou fit demander la paix par fes Ambassadeurs que Pan-kou avoit été chargé de recevoir; mais comme les Huns Méridionaux follicitoient vivement laCour de la Chine pour que l'on continuât la guerre contre ces Huns,& qu'on les détruifit, Teouhien fut obligé d'envoyer des troupes contre le Tanjou. Il y eut un combat dans lequel le Tanjou fut bleffé: alors un grand nombre de Déferteurs fe retirerent chez les Huns Méridionaux qui devinrent très-puiffans,

:

Après J. G.

Les fuccès de l'armée Chinoife & la foibleffe du Tan- L'an 91. jou acheverent de réfoudre Teou-hien à continuer la guerre il envoya un de fes Généraux avec des troupes qui pénétrerent à cinq mille li en Tartarie & battirent le Tanjou à la montagne Kin-vi vers l'Irstisch : les Chinois n'avoient pas encore pénétré fi avant dans la Tartarie. Le Tanjou fe fauva dans des endroits éloignés & l'on fit fa mere prifonniere.

kien.

Après la fuite du Tanjou, fon frere Yu-chu-kien qui Yu-chului avoit fuccédé envoya des Ambaffadeurs à la Chine. L'an 92. Teou-hien vouloit qu'on le reconnût Tanjou; mais quel- Kam-mo. ques Miniftres s'y oppoferent fous prétexte que c'étoit enfraindre les traités qu'on avoit faits avec les Huns du Midi. Teou-hien ayant été tué dans cet intervalle, le Tanjou du Nord fe vit par-là deftitué de l'appui dont il avoit befoin. Il fe révolta de nouveau & retourna dans le L'an 93. Nord; mais il fut défait, eut la tête coupée & tous fes Sujets furent difperfés. Alors les Tartares Sien-pi s'emparerent du pays des Huns du Nord & s'y établirent. Unę multitude innombrable de Huns confondus avec ces nouveaux Habitans prirent le nom de Sien-pi: le reste avec fes Chefs paffa du côté de l'Occident & alla s'établir dans le pays des Baschkirs comme on le verra dans la fuite. A cette époque finit l'Empire des Huns qui avoit fubfifté pendant environ 1323 ans ; c'eft-à-dire depuis l'an 1230 avant J. C. jufqu'à l'an 93 de J. C. mais nous ne connoiffons la fuite de leurs Tanjou ou Empereurs que depuis environ l'an 210 ayant J. C.

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Il eft encore fait mention de ces Peuples dans l'hiftoire Après J.C. de la Chine, & l'on apperçoit que, quoiqu'ils ayent été chaffés de leur pays, ils étoient devenus très - puiffans dans les pays où ils allerent s'établir; mais nous ne voyons nulle part le nom des Princes qui les ont gouvernés juf qu'à leur paffage en Europe.

Fin du premier Livre.

HISTOIRE

GÉNÉRALE

DES HUNS

LIVRE SECOND.

I.

LES HUNS MERIDIONAUX.

Hou-han

ES prétentions de plufieurs Princes qui afpiroient au Thrône de la Tartarie, avoient oc- Après J. C. casionné la division de l'Empire des Huns. Le Lan 48. Tanjou Pou-nou, pour avoir voulu faire périr fe. Pé qui étoit de la famille Impériale, fut dépouillé d'une partie de fes Etats par ce Prince, qui avoit été informé affez à tems de ce qui fe tramoit contre lui, & affez heureux pour fe fauver. Pé étoit parvenu à raffembler auprès de lui huit Hordes des Huns qui demeuroient dans le Midi. Elles pouvoient former environ quarante ou cinquante mille fujets. Avec ces troupes il fut en état de résister aux dix mille hommes que le Tanjou

fie

Kam-mo.

pro

envoyoit pour le combattre. On n'ofa l'attaquer, & ce Après J. C. premier fuccès augmenta le nombre de fes fujets, lui Hou-han- acquit une grande réputation dans la Tartarie, & détermiña les chefs des huit Hordes à tenir une Affemblée générale, dans laquelle ils arrêterent que Pé feroit clamé Tanjou, ce qui fut exécuté auffi-tôt, avec l'agrément & fous la protection de la Chine. Ce nouveau Monarque des Huns prit le titre de Hou-han-fie, & les Chinois le placerent à Moei-tfi du côté du Chanfy dans le Nord de l'Empire, pour y fervir de barriere contre les irruptions des Huns Septentrionaux & des Tartares Sien-pi. Ce Prince, dans le deffein d'affermir de plus en plus fon autorité, & de fe faire craindre davantage des Tin chou. Peuples du Nord, envoya des Ambaffadeurs à Kouamvou-ti qui regnoit alors dans la Chine, pour se déclarer sofe lemnellement fon Vaffal. Cette marque extérieure de sa foumiffion n'en impofa pas aux plus fages d'entre les Miniftres Chinois. Ceux-ci n'envifageant que l'intérêt particulier de l'Empire qui avoit toujours été exposé aux infultes des Huns malgré les Traités, & prévoyant qu'il le feroit encore fi ces peuples devenoient puiffans, propoferent à l'Empereur de porter la guerre dans leur pays. Ils étoient d'autant mieux fondés à croire qu'elle feroit avantageufe aux Chinois , que les Huns par toutes les divifions précédentes, & plus encore par une famine qui achevoit de les ruiner, fe trouvoient confidérablement affoiblis. Mais l'Empereur préféra la paix à des fuccès incertains, & crut devoir laiffer ces Peuples fe détruire d'eux-mêmes. Il accorda fa protection au nouveau Tanjou, qui, fe fentant foutenu du côté du Midi, porta toutes fes forces dans le Nord. Les Huns n'eurent plus alors de plus grands ennemis qu'eux-mêmes. Ce ne fut plus la paffion extraordinaire qu'ils avoient de piller, mais une haine qui étouffant en eux tout autre motif, leur fit entreprendre une guerre dont la ruine entiere de l'Empire du Nord fut la fuite. Les Huns Septentrionaux furent détruits. Quelque tems après, ceux du Midi éprouverent le même fort, & la Chine fe vit délivrée pour un tems de ces voifins dangereux,

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