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parler avoient été punis de mort. Les Peuples en étoient Après J. C. d'autant plus irrités, qu'ils étoient accablés par les mala

L'an 311.

Licou

tạung.

dies & par une grande famine, fuite ordinaire des guerres civiles. Che-le profita de cette circonftance pour entrer dans le Kiangnan & fe faifir de la ville de Mung-tching, où il fit prifonniers Keou-hi & Tuon qui avoit été déclaré Prince héritier. Alors les Huns furent maîtres des Provinces de Petcheli, de Chanfi, de Chenfi, de Honan & de Chantong.!

fa

La difcorde n'étoit pas moins grande parmi quelques Généraux des Han, mais elle n'éclatoit point au dehors & n'apportoit aucun changement confidérable dans les affaires. Vam-mi & Che-le, en apparence fort unis, n'étoient occupés réciproquement que de leur ruine. Ces Chefs, felon la coutume des Tartares, poffedoient une quantité de Sujets dont ils étoient les maîtres. Vam-mi venoit d'en perdre un grand nombre un grand nombre par la défertion, sa puissance étoit confidérablement diminuée Il ne put voir fans chagrin la victoire que Che-le avoit remportée fur Keou-hi; mais il cacha fes fentimens, & vint le féliciter: il fe plaignit feulement de ce qu'on avoitdonné à Keouhi, qui jufques-là avoit fervi les Tcin, la place de Général de la Cavalerie, & de ce que dans un tems où l'Empire n'étoit pas encore bien affermi, on préféroit les Généraux ennemis aux véritables Sujets des Han. Che-le pour lui donner quelque fatisfaction fit mourir Tuon Prince héritier des Tcin, & fçut tellement en impofer à Vam - mi par une apparence d'amitié, qu'il l'engagea à venir dans un feftin où il le tua de fa propre main, & fe rendit maître enfuite de tous fes Sujets. Le Roi des Han, que cette action indifpofa contre Che-le, lui en fit inutilement des reproches. Le mal étoit fans reméde, & le befoin qu'il avoit de Che-le l'empêchoit de le faire punir: non-feulement il lui pardonna, mais il le combla encore de nouvelles dignités. Keou-hi fuivit de près Tuon fon maître; il Li-tai-ki- avoit deffein de fe révolter, alors Che-le le fit arrêter & fit. mettre à mort.

Kam-mo.

Après que toutes ces divifions eurent été appaisées,

Che-le fe remit à la tête des troupes & alla piller la Province d'Yu-tcheou (a) dans le Honan; il s'approcha du Fleuve Kiang, d'où il revint camper affez proche de Juning-fou dans la partie Méridionale du Honan. Ce Général étant encore jeune avoit été vendu & féparé de fa mere & d'un frere qui étoient alors entre les mains de Lieou-kuen, Général du Parti des Tcin. Lieou-kuen dans cette expédition les renvoya généreufement à Che-le avec une lettre, dans laquelle il effayoit de le porter à faire la paix en lui rappellant l'inconftance de la fortune. Che-le reçut fa mere, fit de riches préfens à Lieou-kuen, & après s'être ainfi acquité de ce que la reconnoiffance exigeoit de lui, le remercia de fes confeils, ne voulut plus avoir de commerce avec lui, & continua les hoftilités.

L'an 311.
Après J. C.

Licou

tung.

So-tching & plusieurs autres Généraux Chinois réfolurent de faire un dernier effort pour retablir la Dynastie des Tcin. Avec cinquante mille hommes ils marcherent vers Si-gan-fou. Kio - té & quelques autres fe joignirent à eux avec une armée de cent mille hommes. Ils battirent les Tein-chou: Généraux Lieou-yao & Lieou-tçan; ce dernier s'en revint à Pim-yam dans le Chanfi, l'autre alla piller Tchiyam, où il fit environ dix mille prifonniers.

Kam-mo.

Kam-mo.

Telle étoit la fituation des affaires, lorfque la Reine L'an 312. des Han, femme de Lieou-tçung nommée Hou-yen-heou, Lie-tai-kivint à mourir. Ce Prince voulut époufer les deux filles f de Lieou-yn qui poffédoit une des grandes charges de Tein-chou. fon Royaume. Y frere de Lieou-tçung s'oppofa à ce mariage, fous prétexte, qu'il n'étoit pas convenable à caufe de la naiffance de ces perfonnes; mais Lieou-tçùng qui le defiroit, trouva des flateurs qui firent remonter l'origine. de Lieou-yn jufqu'à des fiécles fort reculés ; ils lui dirent que Lieou-yn étant defcendu de l'ancienne famille impériale des Tcheou par Lieou-kam-kum, cette alliance par conféquent ne pouvoit que lui être honorable. Il époufa les deux filles de Lieou- yn, & fit beaucoup de bien à cette famille.

Cependant Che-le étoit campé avec fon armée à Ko-pi

(a) Vers Kai-fong-fou

Après J. C.

L'an 312. Licotitrung.

Kam-mo.
Lie-tai-ki-

Ju.

(a) dans le Honan, où il raffembloit des vaiffeaux pour attaquer Nie, que les Généraux des Tcin vouloient faire Empereur. Un d'eux nommé Joui, qui commandoit un corps d'armée au Midi du grand Fleuve Kiang dans la ville de Cheou-tchun (b), venoit d'envoyer le Général Kitchen contre Che-le. Il furvint en même-tems des pluyes, qui ne ceffant de tomber pendant trois mois, firent périr la plus gande partie de l'armée de Che-le de mifere & de maladie, & le mirent hors d'état de tenir plus long-tems la campagne contre les troupes des Tcin. Incertain alors fur le parti qui lui reftoit à prendre, il affembla les Chefsde fon armée & tint confeil. Quelques - uns vouloient que pendant la nuit on fît un dernier effort pour enlever les vivres des ennemis; mais l'armée n'étoit pas en état de faire ce coup hardi. Un autre propofa de fe retirer à Po près de Tcham-te-fou dans le Honan, où les Places fortes, les Montagnes & le Fleuve qui environnoit le garantiffoient les troupes de toute infulte de la part des ennemis, & où l'on pouvoit fe rendre après avoir fait partir auparavant tous les bagages. On fuivit cet avis Che-le décampa de Ko-pi qu'il ruina. Il envoya le Général Che-hou à la tête de deux mille Cavaliers vers Tcheou-tchun où les ennemis étoient campés. Ces Cavaliers ayant apperçu les vaisseaux des Tein voulurent s'en faifir; mais ils furent repouffés par Ki-tchen qui les pourfuivit. Che-le fut obligé de fe ranger en bataille, alors les Tein n'oferent l'attaquer & fe retirerent.

pays

L'Empereur Hiao - hoai - ti étoit toujours prifonnier. Lieou-tçung qui le faifoit traiter avec beaucoup de refpect, eut avec lui une conférence, dans laquelle après Tein chou. plufieurs chofes indifférentes il lui parla des troubles qui agitoient la famille des Tcin, & qui avoient caufé fa ruine. L'Empereur lui répondit que tous les efforts des hommes n'y avoient point contribué; mais que le Ciel, irrité de ce qu'il avoit perdu de vûe les traces du fameux Empereur Vou-ti, avoit résolu pour punir

(a) Proche Ju-ning-fou.

(b) Ville dépendante de Fong-yam fou.

L'an 312.

cette famille, de lui ôter l'Empire, & de le donner à celle des Han. Le mariage de cet Empereur avec une Après J. C. Princeffe des Han, & le titre de Kum de la Province de LicouHoei-ki qu'il obtint, furent les fuites de cette confé- tung.

rence.

Ses Sujets cherchoient pendant ce tems-là le moyen de conferver dans fa famille l'Empire de la Chine. Íls venoient de déclarer Nie Prince héritier de l'Empire: uniquement occupés du deffein de prendre Si-gan-fou, ils s'approcherent de cette place dont ils formerent le fiége. Lieou-yao Général des Han fut battu, & Nie entra dans Si-gan-fou. La prife de cette Ville fut une perte confidérable pour les Han, & peut-être en doit-on attribuer la caufe à des troubles que la témérité de quelques Officiers & la conduite du Souverain avoient excités. Pendant que les Tcin étoient devant Si-gan-fou, Lieoutçung avoit envoyé les Généraux Tchong & Hiu vers Ta-yuen dans le Chanfi. Tchong qui ne put prendre cette place en rejetta toute la faute fur Hiu & lui fit trancher la tête. Lieou-tçung inftruit de cette action envoya auffi-tôt un Officier qui fit mourir Tchong. Dans le mêmetems quelques autres Officiers chargés de veiller fur ce qui regardoit les plaifirs du Prince, ne s'étant pas acquittés avec affez d'exactitude de leurs emplois, eurent pareillement la tête tranchée dans la place publique. Le Prince n'étoit occupé que de fes plaifirs, & principalement de la pêche à laquelle il paffoit des journées en-. tiéres. Un Officier zelé nommé Vam - tchang, ofa lui faire quelques remontrances fur cette conduite, lui repréfenter que dans un Etat comme le fien, qui étoit encore chancelant, le Prince ne devoit point avoir tant de confiance dans la foibleffe où il voyoit la famille des Tcin, qui étoit chérie de tous les Peuples & qui pouvoit en un moment fe relever des pertes qu'elle avoit fouffertes. Lieou-tçung irrité de la hardieffe avec laquelle cet Officier lui parla, ordonna qu'on le fit mourir. Ses ordres alloient être exécutés, quand la femme de Vamtchang vint fe profterner aux pieds du Prince, & de

&

L'an 312.

Licou

tạung.

manda grace pour fon mari. Lieou-tçung lui accorda la Après J. C. vie à condition qu'il feroit renfermé. La Reine mere indignée de cette conduite du Roi fon fils, refta pendant trois jours fans vouloir prendre aucune nourriture. Les freres de Lieou-tçung blamerent fa conduite, & chercherent tous les moyens de le ramener; mais toutes leurs démarches & leurs prieres ne fervirent qu'à irriter de plus en plus ce Prince. A la vue de toute fa famille humiliée devant lui, il s'imaginoit qu'on le comparoît à ces anciens tyrans qui avoient deshonoré le Thrône de la Chine. Tous fes Miniftres & fes Officiers au nombre de plus de cent fe préfenterent à lui la tête découverte & les larmes aux yeux. Après avoir exalté fes vertus, ils lui remontrerent que pour une faute de peu de conféquence il avoit fait mourir fes Officiers, & qu'il avoit mis aux fers ceux qui avoient ofé lui faire voir que fa conduite ne tendoit pas au bonheur de l'Etat. Lieou-tçung se laissa fléchir ; il fit plus, il avoua fa faute, dit qu'elle ne partoit pas du fond de fon cœur, & qu'il falloit l'attribuer au vin. Il les récompenfa tous, & particuliérement Vamtchang qui fut fait Kum de Tim-fiam (a), canton situé dans le Chanfi.

Ce fut pendant toutes ces divifions que Si-gan-fou rentra fous la domination des Tcin : le Général Lieou-yao qui avoit été obligé d'abandonner cette place fe retira vers Pim-yam, emmenant avec lui quatre-vingt mille perfonnes; il prit en chemin quelques Villes peu confidérables qui n'étoient point capables de réparer la perte de Si-gan-fou. Mais une plus grande perte encore que Lieou-tçung fit alors fut celle d'un de fes principaux Miniftres nommé Lieou-in, qui par la fageffe de ses confeils, fon affiduité, fon exactitude, fon définteressement, fa juftice, fa modération & fon entier dévouement au bien de l'Etat & à la gloire de fon Maître avoit plus contribué à l'agrandiffement de l'Empire des Han que toutes les nombreuses armées que l'on avoit employées

(4) Proche Ta-tong-fou.

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