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reçus,

L'an 312.

jufqu'alors. Lieou-tçung ne l'avoit pas toujours écouté, mais malgré les mécontentemens que Leou-in en avoit Après J. C. il ne laiffa pas de donner en mourant des précep- Licoutes à fes enfants & à fes petits enfants, relativement à tçung. fes anciennes occupations. » Pour bien fervir fon Prince, » leur dit-il, il faut être entiérement occupé du soin de le reprendre. Si les Particuliers ne peuvent pas con» noître leurs défauts, comment un Prince peut-il les connoître ? il eft donc important de les lui faire voir, & » cette action eft la plus belle que puiffe faire un Mi>> niftre.

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Su.

Depuis la prife de Si-gan-fou, Lieou-kuen Général du Kam-me. parti des Tcin avoit confié à fon neveu In, la garde de Lie-tai-kila ville de Po dans le Honan (a). Che-le qui venoit de paffer le fleuve Hoam avoit deffein d'aller l'attaquer, mais comme il fut réfolu qu'il étoit plus à propos de fe rendre maître auparavant de quelques autres places où l'on établiroit des magazins, Che-le conduifit fes troupes vers Siam-koue (6) dans le Petcheli qu'il prit. Lieou-kuen de fon côté raffembloit de toutes parts des Soldats qui devoient être réunis tous à la dixiéme lune, afin d'aller auffitôt affiéger Pim - yam Capitale des Han dans le Chanfi; mais la mauvaise conduite de ce Général fit naître de nouveaux obftacles. Il n'avoit point affez d'égards pour les Officiers de fes troupes qu'il étoit de l'interêt des Tein de s'attacher : il en fit mourir un dont le fils avec un grand nombre d'autres mécontens pafferent chez les Han & les inftruifirent de la fituation dans laquelle fe trouvoit l'armée des Tcin. Lieou - tçung envoya aussitôt Lieou-tçan & Lieou-yao pour attaquer Lieou - kuen qui étoit à Tein-yam (c). Les troupes impériales qui s'étoient avancées pour les repouffer furent défaites & la ville de Tcin-yam fe vit dans un fi grand danger, que Lieou-kuen n'ofant y attendre les Han, en fortit avec quelques Cavaliers, emmena toute fa famille & fe retira

(a) Proche Tchang-te-fou. (b) Proche Chun te-fou.

(c) Ta-yuen-hien dépendante de Tayuen-fou dans le Chanfi.

Après J. C.

L'an 352. Licoutạung.

Kam-mo.

dans le

pays

de Tchang-chan dans le Pet-cheli (d) pendant que les Han entrerent dans la place. Après cette perte les autres Officiers, pour en impofer au Peuple & le contenir dans le devoir, fous prétexte qu'ils avoient encore à leur tête un Souverain, défererent à Nie le titre de Hoam-tai-tçu; c'est-à-dire d'Augufte héritier, car il ne pouvoit porter le nom d'Empereur pendant que Hiaohoai-ti vivoit.

Lieou-kuen cherchoit de tous côtés des fecours. Ce Tein-chou. Général avoit de grandes liaisons avec You-liu qui étoit Kum du Royaume de Tai ou plutôt Roi des Tartares Topa. C'eft à ce Prince qu'il s'adreffa dans le preffant befoin où le parti des Tcin fe trouvoit alors. You-liu lui envoya fon fils Lo-fieou avec quelques autres Généraux, & une grande armée pour faire le fiége de Tci-nyam. Lieou-kuen rassembla environ mille hommes des débris de la fienne, & You-liu lui-même ne tarda pas à le venir joindre avec foixante mille hommes: Lieou-yao & Lo-fieou fe battirent proche le fleuve Fuen. L'armée de Lieou-yao fut défaite, & ce Général tomba percé de fept bleffures. Un Soldat voulut l'aider à remonter à cheval. Lieouyao lui dit : » Dans un fi grand danger chacun ne doit fonger qu'à foi: Sauvez-vous, mes bleffures font trop confidérables pour que je puiffe éviter la mort. Le Soldat infifta & lui répondit les larmes aux yeux : Je fuis » un homme de rien, entiérement inutile vous êtes un » Grand Prince dont l'Etat a befoin; il ne peut fubfifter » fans votre fecours. » Lieou - yao remonta à cheval, & après avoir paffé le fleuve Fuen entra dans Tcin-yam, où pendant la nuit avec Lieou-tçan & les autres Généraux, ils prirent tout ce qu'ils purent & fe fauverent à la hâte vers la montagne Mum, fituée à l'Orient de Pim-tim - tcheou proche Ta-yuen - fou. You-liu ne laiffa pas de les pourfuivre & les joignit dans une vallée. L'armée des Han fut défaite une feconde fois, & le carnage fut fi grand que partout on ne voyoit que des morts: You-liu s'avança

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(a) Proche Tchin-ting-fou.

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L'an 312.

s'avança en chaffant jufqu'à la montagne Cheou - yam dans le voisinage de Ta-yuen-fou. Lieou-kuen fortit de Avant J. C. fon Camp, vint au-devant de lui, le remercia des fe- Licouvices qu'il venoit de rendre aux Tein, & fit en même- tçung. tems tout ce qu'il put pour l'engager à continuer la guerre contre les Han; mais You-liu lui objecta que fes Soldats venant de loin, avoient befoin de repos; que d'ailleurs on ne pouvoit efpérer de détruire Lieou-tçung. En conféquence il lui laissa quelques troupes que Lieou-kuen mit dans Tein-yam pour garder cette place, enfuite Lieoukuen se rendit à Yam-kio dans le Chanfi (a), où il raffembla tous fes Soldats qui étoient difperfés.

Le départ des Tartares Topa rendit aux Han la fupé- Kam-mo. riorité qu'ils venoient de perdre ; leurs armées s'emparerent de la Province d'Yum-tcheou (6) fituée dans le Chenfi, où plufieurs Officiers des Tcin furent tués. Ces derniers cependant eurent quelques avantages dans l'expédition qu'un de leurs Généraux nommé Vam-fun entreprit contre la ville de Siam-koue (c) dans le Petcheli où Che-le s'étoit retiré. Les troupes de Han trop refferrées par celles des Tcin, commencerent à appréhender pour la Place. Che-le propofa dans le Confeil de Guerre de faire lever, par une fortie des meilleurs troupes, le fiége qui traînoit en longueur. Ce ne fut pas l'avis de la plupart des Officiers qui jugerent qu'il valloit mieux attendre les ennemis, parce qu'ils fe lafferoient eux-mêmes & que venant à fe retirer on les attaqueroit dans leur retraite. On prit ce parti, & après plufieurs affauts & quel

ques forties peu confidérables, Che-le furprit les ennemis

qui ne fe tenoient point affez fur leur garde, les repouffa, & en fit un grand carnage. De vainqueurs que les Tcin étoient auparavant, ils fe virent dans la néceffité de capituler, afin de pouvoir fe retirer en fûreté; ils donnerent des ôtages, parmi lesquels étoit un Chef des Sien-pi. Les Officiers des Han vouloient qu'on le fît mourir, mais Che-le leur fit envifager que les Sien - pi

(a) Ville dépendante de Ta-yuen-fou. (b) Vers Si-gan-fou.

Tome I.

(c) Vers Chun-te fou.

Y

L'an 312 Licoutạung.

qui étoient fort puiffants dans la Tartarie n'étoient pas Après J. C. les ennemis des Han,& qu'en faifant périr ce Chef qui avoit suivi Vam-fun, on indifpoferoit toute la Nation, qui ne manqueroit pas de fe déclarer contre eux & de prendre le parti des Tcin; qu'il étoit plus à propos de le renvoyer afin que, rempli d'eftime pour les Han il abandonnât les Tein. Ce qui eut le fuccès qu'on en espéroit. Ce Chef des Sien-pi s'attacha à Che-le, & par-là le parti de Vam-fun fut confidérablement affoibli.

L'an 313. Tein-chou. Kam mo.

Jufqu'alors l'Empereur des Tcin avoit été retenu prifonnier à la Cour de Licou-tçung. Le refte de fon parti Lie-tai-ki- avoit donné le titre de Prince héritier à Nie

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, que l'on regardoit comme Empereur. Cette année le Roi des Han donna un grand feftin aux principaux Officiers de fa Cour, & ce qu'il y eut de plus humiliant pour les Tcin, c'est qu'il voulut que l'Empereur Hiao-hoai-ti fervit à boire dans ce feftin. A cet ordre quelque Officiers du parti de l'Empereur qui ne l'avoient pas quitté, ne purent retenir leur fureur ni leurs larmes; mais ce trop grand zèle de leur part ne fervit qu'à irriter Lieou-tçung, qui ne pouvant fouffrir qu'on lui réfiftât, ainfi, & qui étoit d'ailleurs inftruit de quelques menées, les fit mettre à mort avec l'Empereur. Cette nouvelle ne fut pas plûtôt portée à Si-ganfou, que Nie y fut déclaré Empereur. C'eft lui que l'on appelle Min-ti.

Lieou-tçung qui prenoit également le titre d'Empereur, eût pû faire la conquête de toute la Chine, & en devenir le Souverain abfolu, fi fa conduite eut répondu au zèle & au courage de fes Généraux & de fes Miniftres; mais ce Prince trop addonné à fes plaifirs, employoit à la conftruction d'un grand nombre de Palais pour fes femmes, des fommes immenfes qui étoient deftinées à l'entretien des troupes & au foulagement des peuples. Quelques-uns de fes Miniftres qui n'avoient en vûe que le bien de l'Etat & le bonheur du peuple lui firent des remontrances à ce fujet ; mais aucun ne montra tant de courage dans cette occafion que Tchin - yuen-ta. » Les » Anciens Princes, qui s'étoient rendu recommandables

دو

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L'an 313.

» par leurs vertus, dit-il à Lieou-tçung, aimoient l'E»tat comme leur propre famille, & avoient par-là mérité Après JC. la protection du Ciel, qui les favorifoit & les chérif Licoufoit comme fes enfans. Prince, c'eft le Ciel que vous tçung. abandonez, qui vous a donné la Souveraineté fur vos Sujets , pour en être le pere & non le tyran. Il » ne ceffe de protéger celui qui ne s'occupe que du bien des peuples, comme il abandonne le Monarque qui ne s'acquitte pas de ce devoir le plus effentiel du Gou>> vernement. Les Anciens Empereurs & furtout votre illuftre pere, n'étoient pas fi magnifiques dans leurs habille» mens ni dans leurs Palais; on ne leur en voyoit pas » un fi grand nombre; ils n'avoient pas des meubles fi précieux; les Reines n'étoient pas vêtues fi fomptueu» fement. Aujourd'hui tous les malheurs affligent vos Sujets & vous n'y remediez pas. Eft-ce-là être le pere des Peuples»? Lieou-tçung voulut faire couper la tête à Tchin-yuen-ta; mais ce Miniftre que cet Arrêt n'intimida pas, entra tout chargé de chaines dans la Sale où ce Prince fe divertiffoit, & entourant de fes fers une des colones de l'appartement, il parla encore avec force à Lieou-tçung, fans que perfonne osât l'interrompre. D'autres Miniftres, que cet éxemple encourageoit, frapperent leur tête aux pieds du Prince, & lui repréfenterent le zèle & la fidélité de Tchin-yuen-ta.Lieou-tçung refta comme interdit & dans le filence. La Reine fe joignit à eux, donna de grands éloges à l'action de Tchin-yuen-ta, & fit dire au Roi que Tchin-yuen-ta, loin d'être mis à mort, méritoit de grandes récompenfes. Lieou-tçung s'appaifa, écouta tout ce qu'on lui repréfenta fur ce fujet, & finit par dire qu'un Miniftre devoit refpecter fon Prince, comme le Prince devoit refpecter fon Miniftre.

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Cependant le nouvel Empereur des Tcin avoit établi fa Cour dans Si-gan-fou, & il étoit important pour les Han qu'il ne s'y affermît pas. Ils y envoyerent à cet effet des troupes, mais elles furent obligées de fe retirer, & pour fe dédommager elles allerent prendre la ville de Po dans le Honan. Lieou - tçung ne défefpéra pas de prendre la

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