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Lan 313.

Licoutrung.

Kam-mo.

Capitale des Tein, & dans la réfolution de faire un Après J.C. dernier effort, il fit partir Lieou - yao avec plufieurs autres Généraux à la tête d'une armée confidérable. Licou-yao avoit deffein de commencer la campagne par le fiége de Hoam-pe-tching dont Kio - yun Général des Tein venoit de fe faifir; mais Tchao - leam lui conseilla d'aller droit à Si-gan-fou, parce que la prife de cette Place entraînoit néceffairement celle de la feconde. En Tein-chon. conféquence Lieou-yao donna à Tchao-leang cinq mille Cavaliers pour en faire les approches, & il le fuivit de près. Tchao - leang battit les Tcin au Midi de la riviere Guei, & alla auffi-tôt fe camper pendant la nuit au pied des murailles de Si-gan-fou. L'Empereur des Tcin dont les forces n'étoient pas fuffifantes pour foutenir un fiége, fut obligé de se fauver les Han brûlerent fon camp, tuerent un grand nombre de perfonnes & fe logerent dans un parc du Palais. Kio-kien Général des Tein qui accourut au fecours de cette Place fut rencontré en chemin par Lieou-yao qui le défit, & Si-gan-fou étoit prise une feconde fois, fi ce dernier, qui avoit trop de confiance dans fes forces, ne fe fut laiffé furprendre par Kio-yun: il fut battu à fon tour, & contraint de fe retirer à Pim-yam.

Кат-то.

Toutes ces guerres expofoient la Chine à être envahie par les peuples voifins. Les Tartares Topa, dont le Chef depuis quelques tems avoit prit le titre de Kum de Tai, profitoient de ces malheurs pour étendre leur domination dans les Provinces du Nord. Les Tcin étoient trop occupés contre les Han pour ofer s'expofer à défendre l'Empire contre l'irruption des Topa, à qui même ils avoient des obligations. Le Chef de ces Tartares nommé You-liu établit cette année une Cour du Nord dans la ville de Tchim-lo (a), & une Cour du Midi dans l'ancienne Pim-tchim (b). Il fit auffi bâtir une nouvelle Pimtchim au Midi de la riviere Loui, qui prend fa fource à dix li au Nord-oueft de Ma-ye dans le territoire de Tatum-fou dans le Chanfi.

(a) Au Nord-ouest de Ta-tong-fou. (b) A s li à l'Occid. de Ta-tong-fou dans le Chan

elle

Après J. C.

tạung.

Les Chinois entrevoyoient encore de plus grands malheurs, que différents phénomenes qui parurent dans le L'an 314 Ciel, fembloient leur annoncer. On vit une efpéce de LicouSoleil tomber fur la terre; trois autres fe manifefterent du côté de l'Orient. Il parut enfuite une Comete ressembloit à un ferpent, & répandoit une grande lumiere fur la terre. Elle vint tomber à dix li au Nord de Pimyam, & parut alors comme de la chair. Elle avoit trente pouces de longueur fur vingt-fept de large; l'odeur s'en faifoit fentir jufqu'à Pim-yam, & on entendoit jour & nuit des voix plaintives qui partoient des environs. Lieoutçung effrayé de tous ces Phénomenes fit affembler fes Miniftres, & les pria de lui dire fincerement fi fa conduite en étoit la caufe. Tchin-yuen-ta & d'autres lui repondirent que le trop grand crédit qu'il laiffoit à fes femmes cauferoit immanquablement la perte de fon Empire, & que le Ciel par ces Phénomenes l'avertiffoit d'abandonner toutes fes débauches, pour ne s'appliquer qu'au gouvernement de fes Sujets. Les Chinois comme la plupart des autres Peuples, étoient perfuadés que les Cométes & tous les autres Phénomenes étoient des préfages ou de la mort du Souverain ou de la ruine prochaine des Etats. Les Empereurs de la Chine s'humiloient alors en demandant pardon de leurs fautes; ils s'efforçoient d'appaifer le Ciel, & de détourner les malheurs dont ils étoient menacés.

Pendant que Lieou-tçung, que ces phénomenes avoient fait rentrer en lui-même, avoit recours aux confeils de fes Miniftrès qu'il n'avoit jusqu'alors que trop négligés, le Général Che-le dont il a été fait mention & qui étoit devenu très-puiffant, jettoit le fondement d'un nouvel Empire dont on verra l'hiftoire. Il ne paroît pas que l'on y fît encore beaucoup d'attention; on étoit occupé d'affaires plus preffantes, c'étoit le fiége de Si-gan-fou; les deux Généraux Lieou - yao & Tchao - leang chargés de cette expédition étoient campés en deux endroits différents. So-lin Général des Tein, que Tchao-leang paroiffoit trop méprifer pour vouloir fe tenir fur fes

L'an 314. Licoutrung.

Après J.C. gardes, avoit eu ordre de marcher à la rencontre des Han. Un Officier repréfenta inutilement à Tchao-leang la néceffité de fe mettre en état de repouffer l'Ennemi. Tchao-leang fe contenta d'envoyer quelques troupes qui furent défaites, & bien-tôt il fe vit lui-même obligé de décamper. La honte & le repentir de n'avoir pas fuivi le confeil qu'on lui avoit donné, le mirent au défefpoir & lui firent commettre une plus grande faute. Il fut affez cruel, , pour ordonner qu'on fit mourir cet Officier dont il ne pouvoit fupporter la vûe; mais il ne fut pas longtems fans recevoir le châtiment que méritoit une action de cette efpéce, & dans une attaque il fut percé d'une fléche dont il mourut.

Tein-chous

Kam-mo.

Ces défordres qui regnoient parmi les troupes s'étoient étendus jufqu'à la Cour, où les affaires n'étoient pas dans un meilleur état. Lieou-tçan fils de Lieou-tçung qui avoit la dignité de Roi de Tcin, & que nous avons vu plus d'une fois à la tête des armées, fut fait premier Miniftre. Quoique jeune, il avoit de grands talens; mais comme ils étoient accompagnés d'un fond d'orgueil infupportable, fa volonté faifoit la regle de fes actions: il ne fe con

duifoit que par fes propres lumieres: il éloignoit tous

les gens fages, & en état de donner des confeils. Les Peuples ne tarderent pas à être mécontens de ce nouveau gouvernement: des tremblemens de terre, des vents confidérables qui déracinerent les arbres, du fang qui tomba dans le Palais de l'Orient, événemens qui étoient de mauvais augure dans l'efprit des Chinois, augmenterent leur mécontentement; ils fe croyoient autorifés par le Ciel, qui fembloit fuivant leurs principes fe déclarer en leur faveur contre le ministère. Quelques Miniftres mêmes voulurent profiter de ces émotions populaires pour engager Licou-y à prendre les armes contre fon frere Lieou-tçung; mais Y qui préféroit la paix & le bien de l'Etat à des vues d'ambition & d'agrandiffement pour fa perfonne, méprifa leurs avis ; & quoique l'Empire dût lui appartenir après la mort de Lieou- tcung, il fut le premier à demander qu'on mît à fa place Licou-tçan.

Pendant que les Miniftres & les Officiers qui avoient voulu lui faire prendre les armes, reçurent le châtiment qu'ils Après J. C. méritoient.

Licoutạung.

Vers le même tems You-liu Prince des Tartares Topa, L'an 315. qui jufqu'alors n'avoit porté que le titre de Kum du canton de Tay, prit celui de Roi : c'eft ainfi que ces Tartares s'établirent infenfiblement dans la Chine; on les y verra dans la fuite prendre le titre d'Empereur. Les Han auroient pû arrêter les progrès que les Topa faifoient dans la Chi- Kam-mo. ne, & ruiner entiérement le parti des Tcin; mais Lieou- Tein-chou. tçung ne pouvoit entretenir l'union parmi fes Officiers ni mettre des bornes à fes plaifirs.

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les

Le Gouverneur de la Province de Teim-tcheou dans le Chantong, nommé Tçao - y s'étoit emparé pour Han d'une grande partie des cantons de Tci & de Lou, & après avoir placé plusieurs garnifons fur les bords du Hoam-ho, il s'étoit retiré avec un corps de troupes à Lin-tcu (a). Le Général Che-le à qui il portoit ombrage, entreprit de faire naître des foupçons fur la conduite de Tçao y dans l'efprit de Lieou - tçung, & à cet effet fit courir le bruit que Tcao-y fongeoit à fe rendre maître de ces Contrées Orientales : il demanda la permiffion de marcher contre lui; mais Lieou-tçung qui craignoit encore plus qu'après la défaite de Tcao-y, Che-le ne devint trop puiffant, ne voulut point lui permettre. A cette méfintelligence entre les Généraux fuccederent les troubles qui agitoient fi frequemment & depuis si long-tems la Cour. La trop grande paffion que Lieoutạung avoit pour les femmes étoit une fource perpetuelle de divifions; il venoit encore d'en prendre deux nouvelles, non en qualité de Concubines, ce qui n'auroit point fait murmurer, mais fous le titre d'Impératrices : l'une appellée Yue-kuam portoit le titre de Cham-hoam-heou ou de premiére Impératrice, Yue-hoa avec une autre nommée Kuei-poei-licou-chi eurent celui d'Impératrices de la che & de la droite. Tchin-yuen-ta qui avoit donné dans toutes les occafions des preuves de fon zéle & de fon (a) Ville dépendante de Tcing- tcheou fou dans le Chantong.

gau

Après J. C.

L'an 15. Licoutrung.

Lie-tai-ki

Su.

Kam-mo.

Icin chou.

L'an 316.
Kam-mo.
Tein chu.

attachement pour le fervice de fon Prince & l'intérêt de l'Etat, ne put laiffer échapper celle-ci fans remontrer que c'étoit contre les anciens ufages d'établir en mêmetems trois Impératrices : il. ne fut point écouté, & il revint à la charge: il fit connoître à Lieou-tçung toutes les débauches de Yue-kuam, & parvint à la faire dépofer. Cette Impératrice honteufe de voir fes actions rendues publiques, fe tua de défespoir. Lieou-tcung la regretta & conferva depuis ce tems-là un fond de haine pour Tchin

yuen-ta.

Cependant fes Généraux continuoient toujours les hoftilités contre les Tcin. Lieou - yao entra dans le canton de Cham-tam, dans le deffein d'affiéger Yiam-kio (a). D'abord il battit l'armée de Lieou - kuen, Général des Tcin à Siam-yuen, & marcha enfuite vers Yam-kio; mais Lieou - tçung qui n'étoit pas d'avis qu'on fît le fiége de cette place lui ordonna d'aller droit à Si-gan-fou Capitale des Tcin, parce qu'il feroit facile de reduire les autres places après la prife de celle-ci. Lieou - yao pour fe conformer à fes ordres vint camper à So-ye dans le Chanfi, & détruifit la ville de Fung ye.. L'armée des Tein commandée par Kio-yun qui manquoit de vivres, fuyoit devant Lieou-yao, & s'étoit renfermée dans Limvou (b) dont elle n'ofoit fortir, L'Empereur lui- même prefque fans troupes & fans argent ne pouvoit s'opposer aux armées des Han; mais Lieou-tçung par fa mauvaise conduite arrêtoit le cours de fes victoires, & laiffoit à fes Ennemis le tems de fe remettre.

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Il avoit entiérement abandonné le gouvernement de fes Etats à fon fils Lieou-tçan, pour ne s'occuper qu'à fe procurer de nouveaux plaisirs avec fes Favoris: un seul Palais ne lui paroiffoit pas fuffifant pour les varier ; il parcouroit fans ceffe ceux qu'il avoit fait éléver; les Of ficiers dont les fervices méritoient des récompenfes étoient éloignés, les troupes ne recevoient point leur paye,

(a) Ville dépendante de Ta-yuen-fou dans le Chanfi.

toutes

(b) Proche Lim-tcheou au Midi de Nim-hia dans le Chenfi,

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