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le Chenfi. Il donna à fon époufe Yam-chi le titre d'Im3 Après J. C. pératrice, & à fon fils Hi celui de Prince héritier. Yamchi qui avoit été femme de l'Empereur des Tein nomLicou-yao. mé Hoei-ti, eut un grand credit fur l'efprit de Lieou-yao

L'an 319.

Lie-tai-ki

Ju.

tum-kao.

& beaucoup de part au Gouvernement. Ce Prince, après avoir défigné & choifi le lieu où fa famille devoit facrifier aux Ancêtres, changea le nom de Han que fa principauté avoit portée fous les regnes précédents & la nomma Tchao. Dans l'Hiftoire il eft toujours appellé Roi de Tchao, quoique dans fes Etats il fût alors regardé comme Empereur.

Au commencement de fon regne ce Prince reçut l'hommage d'un chef des Barbares de Ti, nommé Fou-hum. Ces Peuples habitoient à l'Occident de la Province de Sfetchuen: ils étoient formés de différentes Hordes Ven-hien- qui portoient chacune un nom relatif à la couleur de leurs habits. Leur pays nommé Ho-tchi étoit raboteux & de difficile accès, & leur fervoit de retraite, d'où ils fortoient pour faire des courfes fur les frontiéres de la Chine. Ils ressembloient pour les mœurs aux habitans du Tibet, dont ils étoient voifins; mais ils avoient des noms de famille comme à la Chine: ils fçavoient fabriquer des toiles & cultiver la terre, ils nouriffoient des boeufs, des chevaux, des moutons & d'autres animaux domestiques, ils obfervoient quelques cérémonies dans leurs mariages, ils avoient l'ufage de l'écriture :plufieurs mêmes entendoient la langue Chinoife. Ils étoient braves, hardis, entreprenans, avides de butin. Les Empereurs de la Chine ont fouvent été obligés d'envoyer contre eux des troupes.

Fou-hum étoit d'une de ces familles il avoit fervi fous les Han; mais fon ambition le portoit à tout entreprendre. Secondé par fa Nation qui l'avoit déclaré fon Chef, il· avoit pris depuis environ dix ans le titre de Kum (a) de Lio-yam, ville du territoire de Han-tchong-fou dans le. Chenfi, & il s'y maintint jufqu'à ce que Lieou-yao fut parvenu au Thrône. Alors il fe foumit à ce Prince, qui lui donna la dignité de Heou (6). L'Empire

(a). C'est-à-dire Duc.

(b) C'eft-à-dire Marquis

Yum

Après J. C.

Tein-chon.

L'Empire des Han (a) ne fut pas plus tranquille fous Lieou - yao qu'il ne l'avoit été fous les regnes précédens. L'an 320. Un Officier nommé Sum - to, fit de grandes levées de Licou-yao. troupes aux environs de Sin-pim (6); les habitans du pays de Fou-fong dans le Chenfi fe foumirent à Pao Roi de Nan-yam qui s'empara enfuite de Tchin-tçang (c) dans le Chenfi. Tchang-y gouverneur de Sin-pim, & Tcheouyum gouverneur de Gan-tim (d) fe révolterent & prirent la ville d'In-mie (e); Sum-to foumit celle de Tçao-pie & fut joint par plufieurs Barbares du Tibet qui embrafferent fon parti. Lieou-yao, pour faire rentrer dans le devoir tous ces rebelles, envoya le Général Lieou - ya qui marcha vers les Provinces Occidentales, & Lieou-heou qui alla affiéger inutilement pendant vingt jours la ville de Tchin - tçang. Enfuite ce Prince fe mit lui – même à la tête de fes troupes & vint camper (f) à Yumtchim, où un de fes Officiers lui apprit que la nuit précédente il avoit paru dans l'air des phénomenes qui avoient obscurci là Lune. Ce mauvais préfage obligea le Prince, qui écoutoit tout ce que la fuperftition des Chinois lui annonçoit,de s'arêter pendant quelque tems, après quoi continuant fa route, malgré de violens tremblemens de terre qui étoient arrivés à Si-gan-fou, il alla livrer bataille à fes ennemis. Il foumit les uns, & obligea les autres à fe fauver chez les Barbares: il fe rendit maître de Tçao-pie & de Gan-tim qu'il détruifit, & il revint à Si-gan-fou où il apprit que fon Général Tçum - chi s'étoit retiré auprès de Che-le, & que Li - kiu commandant de l'armée des Tcin venoit de lui enlever la ville de Kin-yum.

Plufieurs autres Généraux de Lieou-yao fe difpofoient à prendre les armes contre lui. Y-tche étoit fur le point

(a) Quoique Iicou - yao ait donné à 1on Royaume le nom de Tchao, je continuerai toujours, pour éviter la confufion, de l'appeller Han.

(b) Dans le Chanfi au Nord de Tatong-fou

(c) Aujourd'hui Pao-ki-hien dans le Tome I.

District de Fong -tciang - fou dans le
Chenfi.

(d) Aujourd'hui King-tcheou dans le
District de Pim-leam-fou dans le Chen-

fi.

(e) Dans le District de Pim-leam-fou.
(f) Dans le Chenfi.

Bb

de fe joindre à Kou-pang chef des Barbares appellés Pa Après J. C. L'an 320. (a); mais fon deffein ayant été découvert, Y-tche fut Licou-yao. mis à mort, Kou-pang fut arrêté avec environ cinquante perfonnes de fes complices on les renferma tous dans une prifon où ils attendoient le même châtiment; mais un des officiers de l'Empire nommé Tfu-yuen parla en leur faveur à Lieou-yao, & lui repréfenta que les grands Princes ne devoient faire ufage des fupplices que pour arrêter, par un éxemple, le mal dans fon origine, & non pour faire périr un fi grand nombre de Sujets. Lieouyao étant inflexible, Tfu-yuen redoubla fes inftances, & frappa long-tems fa tête en présence du Prince, qui ennuyé de fes remontrances le fit mettre dans les fers, & prononça l'Arrêt de mort contre les rebelles. Après qu'ils eurent fubit le fupplice qu'ils méritoient, on les laiffa expofés dans les rues pendant dix jours, & leurs corps furent enfuite jettés dans la riviere.

Cet éxemple de févérité jetta le défefpoir dans le cœur des Barbares de Pa & de Ti ils fe révolterent tous, & fe choifirent un Chef. Ils formoient plus de trois cens mille hommes qui étoient retirés dans les montagnes voifines du Tibet. L'alarme fut fi grande dans la Chine, quon fut obligé de fermer les portes des villes, même pendant le jour. Tfu-yuen ne laiffa pas de continuer fes remontrances du fond de fa prifon il envoya un Placet à Lieou - yao dans lequel il lui repréfentoit fes fautes avec beaucoup de hardieffe. Ce Prince le déchira fur le champ, & ordonna qu'on fit mourir Tfu-yuen. Un autre Miniftre nommé Hou-yen-gan, lui dit, dans le deffein de l'appaifer, » Tfu-yuen, quoi que dans les fers » n'a pas oublié que les devoirs de fa charge l'obligeoient à » vous repréfenter l'injuftice de vos actions; c'est la plus grande preuve de fa fidélité pour le fervice de V. M. Pourquoi le faire périr ? Si on le met à mort ce matin,nous » devons fubir le même fort ce foir. Les fautes que Vo

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(a) Ces Peuples demeuroient à l'Occident de la Chine, entre le Tibet & le Sfetchuen.

par

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» tre Majefté commet devenant publiques, les Peuples » yous abandonneront & fe révolteront. Quels feront alors L'an 320. Après J. C. » vos Sujets & fur qui regnerez-vous ? « Lieou-yao ébranlé Licou yao. la fermeté de ce Miniftre fe laiffa fléchir, & Tfuyuen remis en liberté continua d'aider ce Prince de fes confeils. Ce fut lui qui l'empêcha de marcher en perfonne contre Kiu-chi chef des rebelles, en lui repréfentant que cette guerre n'étoit point affez confidérable pour exiger

fa préfence ; que le moyen de rétablir promptement la

paix, étoit de pardonner à ceux qui fe foumetteroient d'eux-mêmes. Tout réuffit comme'le Miniftre l'avoit prévû. Tfu-yuen avec fes troupes ne fut pas plûtôt arrivé à Gantim où il campa, que la plus grande partie des rebelles vint fe rendre à lui: les autres fe fauverent à Yn - mie où il les défit. Il en transporta environ deux cens mille à Si-gan-fou.

(u.

Lieou-yao ne s'occupa plus alors que du foin de faire Lie-tai kifleurir les Sciences dans fes Etats. Il établit des efpéces Kam-mode collèges ou fales d'études dans différents palais où Tein-chou. il admit environ quinze cens jeunes gens depuis l'âge de treize jufqu'à vingt-cinq ans, & fit un choix des plus habiles gens qu'il put trouver dans toute la Chine pour les inftruire. Ce Prince fit conftruire en même-tems plufieurs bâtimens, & il avoit deffein d'en faire élever un plus grand nombre mais fur la représentation d'un de fes Officiers qui lui en fit voir l'inutilité & les dépenfes, il abandonna tous ces projets, & employa au foulagement des peuples les fommes qu'il avoit amaffées. Il étoit assez tranquille fur le Thrône. La plupart de fes ennemis L'an 321. étoient vaincus ; & il ne fongeoit qu'à reparer les dé- Icin chou. fordres que les guerres précédentes avoient caufés dans l'Etat. Une montagne près de Si-gan-fou,nommée Tchongnan vint à s'enfoncer. Les Chinois plus fuperftitieux & plus remplis de préjugés que la plupart des autres Peuples, regardent ces fortes d'éboulemens de montagnes, qui font affez fréquens dans leur pays, comme des prèfages finiftres qui annoncent quelque grande révolution dans l'Empire. Toute la Cour y prend part ordinairement ;

c'est ce qui arriva dans cette occafion. Une perfonne de Après J. C. Si-gan-fou prétendit avoir trouvé dans les ruines de la Licou-yao. montagne une pierre fur laquelle étoit écrit, un Empereur

L'an 321

L'an 322.

Tein-chou.
Kam-mo.

mourra. Les Devins expliquerent cette infcription & la chute de la montagne en faveur de Lieou-yao. Ils annoncerent que ces événemens étoient un présage certain de la ruine de Che-le. En conféquence tous les Miniftres allerent faire des complimens à Licou-yao, & il y eut à ce fujet des fêtes publiques & des réjouiffances.

Le calme ne fubfifta pas long-tems; l'année suivante la guerre recommença. Lieou-yao fut obligé de marcher contre des Peuples du Tibet, qui avoient pour chef Yam-nan-tie. Il défit leur avant-garde, la plus grande partie de ces Barbares fe foumit, pendant que leur chef alla fe retirer à Kieou-tchi (a). Un des Généraux de Yam-nan-tie qui étoit à Nan-gan fut auffi battu & forcé de fe rendre avec plus de dix mille familles qui furent tranfportées à Si-gan-fou. Lieou-yao fe difpofoit à fuivre Yam-nan-tie jufque dans fes retranchemens, lorfqu'une maladie dont il fut attaqué lui fit prendre le parti de faire des propofitions à ce Barbare. Yam-nan-tie les accepta, fe rendit ou du moins fe reconnut tributaire & vaffal de Lieou-yao, qui lui donna le titre de Roi de Vou-tou (b).

fi ce

Cette guerre fut fuivie d'une autre plus confidérable, qui auroit entraîné la perte de Lieou - yao, Prince ne fe fut hâté de l'étouffer dès fon origine. Le Gouverneur de la province de Tcin-tcheou dans le Chenfi, nommé Tchin-gan, lui fit demander la permiffion de fe rendre à fa Cour. Lieou-yao qui étoit malade ne voulut point la lui accorder. Će refus fit croire à Tchingan que ce Prince étoit mort, & par conféquent que c'étoit une occafion favorable de lever l'étendard. ˆ Il fe mit à la tête de quelques troupes & fit des incursions dans les pays voifins. Deux Officiers de Lieou-yao nommés Hou-yen-che & Lou- ping qui tomberent entre ses (a) Aujourd'hui Tchim-hien dépe (b) Pays de la Province de Sfe-tchuen. dante deKong-tchang-fou dans le Chen

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