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Après J. C.

nois, pour fe retirer fous un chef des Bonzes, font autant » d'actions qui ne font propres qu'à des fcélérats qui cher- L'an 3 s. chent un afyle contre les Loix.Nos Anciens tenoient

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Che-hou.

pour Tam chou. » maxime que, s'il y avoit un homme qui ne labourât point, Ku-venD & une femme qui ne s'occupât point aux foyeries, quel-yuen-kien. qu'un s'en reffentoit dans l'Etat, & fouffroit la faim ou Du Halde. » le froid. Un de ces Miniftres nommé Han-yu, regardoit comme un grand malheur pour l'Empire, qu'un nombre infini de Bonzes des deux fexes, vécuffent & s'habillaffent des fueurs d'autrui, & occupaffent une infinité d'ouvriers à batir de tous côtés, & à orner à grands frais de fuperbes édifices. Tel eft le fond des repréfentations, que les Miniftres Chinois ont faites de tous tems pour arrêter le progrès de la religion des Samanéens. On les fit auffi à Che-hou. On lui repréfenta que les Han, en l'introduifant dans l'Empire, n'avoient bâti que quelques temples, qu'il falloit fuivre cet éxemple & empêcher que les peu ples ne s'y livraffent trop aveuglement.

Lie-tai-ki

Kam-mo.

Tein-chou.

Il étoit d'autant plus important de mettre des bornes à ce défordre & aux dépenses exceffives que la conftruction des temples occafionnoit, que le Prince lui-même en faifoit d'un autre côté, & que les peuples fouffroient beaucoup de la cherté des vivres qui étoit caufée par une grande féchereffe. Che-hou faifoit alors conftrui- L'an 336. re à Siam-koue & à Po de vaftes palais, ornés de tout fu. ce qu'il y avoit de plus rare: l'or, l'argent & les pierres précieufes y étoient prodigués & fervoient à orner les colonnes & les murailles ; les plus habiles ouvriers avoient été employés pour y travailler: il les rempliffoit enfuite des plus belles femmes; c'étoit là que ce Prince occupé de fes plaifirs, oublioit que le peuple étoit dans la mifére, & murmuroit de fa conduite. Il tranfporta dans ce palais de Po toutes les richeffes qui étoient dans le palais de Lo-yam, ancienne Capitale de l'Empire. Elles confiftoient en différens monumens que les anciens Empereurs de la Chine avoient fait faire; c'étoit une groffe cloche nommée Tchong-hiu que l'Empereur Chi-hoam-ti avoit fait fondre à Si-gan-fou, & que Mim-ti Empereur

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L'an 336.
Che-hou.
Kam-mo.

L'an 337.

Kam-mo.

des Goei avoit fait tranfporter à Lo-yam ; quelques fta-
tues & figures d'animaux d'un poids énorme & quelques
autres inftrumens ou machines d'un grand prix. Il fit jet-
ter des pierres fur le bord du Hoam près de Po, pour
faire un pont volant. Cet ouvrage qui couta des dé-
penfes prodigieufes ne fut point achevé. Si un petit Roi tel
que Che-hou, qui n'étoit maître que de quelques Provin-
ces, a pû faire de fi grandes choses & être fi magnifique
dans fes bâtimens, il eft aifé de concevoir ce que peut
entreprendre un Empereur qui regne d'une maniere ab-
folue fur toute la Chine, & nous ne devons pas être
étonnés de voir des montagnes applanies, des chemins
pratiqués à travers des précipices affreux & des
ne conftruction finguliére & hardie.

ponts d'uChe-hou fit encore faire une efpéce de phanal ou de phare fort haut: c'étoit une longue lance ou canne, à l'extrêmité de laquelle étoit un plat fur lequel on mettoit les matiéres combuftibles qui fervoient à éclairer; au deffous étoit un autre plat où l'on avoit placé un homme, apparemment pour l'allumer ou l'entretenir; mais dans le tems Tein-chou, que tous les Officiers des troupes & les Miniftres,au nombre Lie-tai-ki- d'environ cinq cens, fe rendoient au palais,la machine renverfa & l'huile qui y étoit, en fe répendant, brûla & fit mourir une vingtaine de perfonnes, ce qui fut caufe que cette machine fut détruite, & que celui qui en avoit été l'inventeur eut la tête coupée. C'eft dans ces circonftances que ce Prince prit le titre de Tchao - tien - vam ou de célefte Roi des Tchao. Quelques idées fuperftitieufes l'empêcherent de prendre celui d'Empereur : étant à faire un facrifice, il venoit de mettre fa couronne fur fa tête & regardoit dans un miroir; il ne la vit point, c'eft ce qui l'effraya & l'empêcha de fe faire proclamer Em

Su.

pereur.

Ce Prince avoit un fils nommé Soui qui avoit été déclaré Prince héritier. Il fe livroit à toutes fortes de débauches & à de grandes cruautés. Il fortoit pendant la nuit, entroit dans les maisons des particuliers, violoit les femmes & les filles, fe plaifoit à faire couper la tête

ceaux,

L'an 337.

de celles d'entre elles qui étoient les plus belles, mettoit le fang dans des vafes & le donnoit à ceux qui étoient Après J. C. préfens. Il traitoit de même les religieufes de Fo que Che-hou. l'on appelloit Pe-kieou-ni; il les faifoit couper par mormêloit leur chair avec celle de bœuf & de mouton qu'il faifoit cuire ensemble, & la diftribuoit à ceux qui l'accompagnoient. On porta des plaintes au Roi, mais Che-hou, Prince emporté & d'un caractère bifarre, ne voulut point les écouter, & n'ouvrit les yeux qu'après avoir laiffé trop longtems ce fils exercer des cruautés inouies. Quand il voulut y remédier, le Prince héritier qui fongeoit à fe faire un parti dans le deffein de détrhôner fon pere, avoit déja propofé fon projet à fes amis qui ne voulurent pas y confentir. Soui fit mourir plufieurs perfonnes que fa mere lui avoit envoyées pour l'engager à rentrer dans fon devoir. Le Roi après avoir effayé inutilement de le ramener, le dépofa, & la nuit fuivante le fit mourir avec vingt-fix de fes enfans qu'il fit mettre dans le même tombeau. Environ deux cens autres perfonnes, qui étoient attachés au service du Prince furent auffi mis à mort, & Siuen autre fils du Roi fut déclaré Prince héritier.

à

Je ne puis paffer fous filence un événement peu con- Tein-chou. fidérable par lui-même, mais important par rapport à l'hiftoire du Chriftianifme. Pendant que Che-hou étoit occupé à punir les crimes de fon fils, un Bonze nommé Heou-tfe-kouam-jo prit le titre fingulier de Fo - tai-tsu, c'eft-à-dire de Prince héritier de Fo. Il venoit du Ta-tfin c'est-à-dire de l'Empire Romain, & prétendoit regner la Chine qu'il appelloit Siao - tfin. If fe fit appeller Litse-yam: il se vit bientôt à la tête d'un grand nombre de perfonnes, fe retira dans des montagnes, & prit le titre de Ta-hoam-ti, c'est-à-dire de grand Empereur; il fe nomma des miniftres, des officiers & des généraux d'armées ; mais il fut tué peu de tems après. On lui coupa la tête & l'on rapporte que pendant! dix jours il n'en tomba aucune goute de fang, & que fon vifage ne changea point.

Cet événement fingulier fert à nous faire connoître

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L'an 337.

Che-hou.

Kam-me.

que cette religion de Fo établie alors à la Chine, n'étoit autre chofe qu'un Chriftianifme extrêmément corrompu & défiguré par les principes que les Héréfiarques chrétiens avoient pris des Indiens. Un Bonze de l'Empire Romain ne peut être qu'un Chrétien, & il eft inconteftable par des faits poftérieurs à celui-ci, que les Chinois ont confondu le Chriftianifme avec la religion de Fo. Je dis plus ici & je regarde ce culte de Fo comme une secte particuliere de Chrétiens fondée fur les principes de Pythagore; & le Bonze Fo-tou-tching dont j'ai parlé plus haut ne me paroît qu'un Chrétien Pythagoricien ou Indien, comme étoit Apollonius de Thyanes, qui avoit fait un mêlange de la doctrine de Pythagore & de quelques idées tirées du Chriftianifme. En conféquence on ne doit pas être furpris de trouver à Siam les Talapoins qui vivent en communauté comme des moines, & qui ont des efpéces d'Evêques.

Mou-yum-hoam venoit de fe rendre maître du RoyauLie-tai-ki- me d'Yen : il avoit tué fon frere Gin qui en étoit Roi & avoit pris lui-même ce titre. Lorsqu'il fut affermi dans Tcin-chou. ce petit royaume, il voulut faire la guerre à la famille nom

Su.

L'an 338.

mée Kia-chi qui regnoit dans les pays fitués à l'Occident de la riviere Leao; mais comme il avoit fait plufieurs courfes fur les frontiéres des Tchao, & qu'il appréhendoit que Che-hou ne profitât de fon éloignement pour entrer dans fes Etats, il lui envoya un ambassadeur pour fe déclarer fon vaffal, & lui demander en même-tems des troupes pour l'expédition du Leao. D'autres peuples voifins eurent auffi recours aux Tchao. Y-hoai ancien Empereur des Tartares Topa, fe retira auprès d'eux avec une grande quantité de fes fujets, & Kie-na, qui regnoit alors fur ces Topa, fut obligé de fe fauver dans le royaume d'Yen. Du côté du Chenfi & du Sfe-tchuen un petit Prince nommé Tço, qui regnoit dans la contrée Kieoutchi qu'il venoit d'enlever, fe déclara auffi vaffal des Tchao.

En conféquence du traité qui avoit été conclu entre Lie-tai-ki- les Rois de Tchao & d'Yen, le premier équippa une

Su.

flotte

L'an 338.

Tcin-chou.

flotte fur laquelle il mit cent mille hommes, dans le deffein de porter la guerre dans le Leao-fi. Il donna en mê- Après J. C. me-tems à un autre Général foixante-dix mille hommes, Che-hou tant cavalerie qu'infanterie, qui se rendirent par terre dans Kam-mo la même province. Le Roi d'Yen alla de fon côté attaquer la ville de (a) Lim-tchi, & ravagea tout ce qui étoit au Nord de cette place. Il prit environ cinq mille familles & s'en revint. A l'égard de Che-hou il vint camper à Kin-tai fituée à feize li au Sud-eft de Pe-kim. Son Général entra dans la ville de Ki (b); les gouverneurs des cantons d'Yu-yam (c), de Cham-ko (d) & de Tai (e), se foumirent aux Tchao. On prit quarante villes, & on pénétra jufqu'à la montagne Siu-vou-chan (f). Le Roi de Leao n'ofant s'expofer à une bataille abandonna fa ville de Lim-tchi & fe fauva dans la montagne Mie- yun-chan, qui eft fituée à quinze li au Sud d'une ville du même nom dans le territoire de Pe-kim. Che-hou entra dans le palais de Lim-tchi & tranfporta vingt mille familles des environs dans les Provinces de Honan, de Chenfi & de Chanton.

La guerre que les Rois des Tchao & d'Yen venoient de faire dans le pays de Leao devint un fujet de divifion entre ces deux Rois. Celui d'Yen avoit négligé de joindre fes troupes aux Tchao, & c'eft le prétexte que Che-hou prit pour entrer à main armée dans fon royaume : il se rendit maître de trente-fix villes, & alla affiéger la capitale nommé Ki-tching. Le Roi d'Yen étoit près d'abandonner cette place; mais fes Généraux ayant redoublé leurs efforts, ils défirent en plufieurs rencontres les troupes des Tchao & reprirent toutes les villes dont Che-hou s'étoit emparées. Alors ce Prince fit faire de grands préparatifs & des amas de vivres & de vaiffeaux dans une ifle voifine de Hai-tcheou dans le territoire de Hoai-gan-fou, ville de

(4) Dépend de Yum-pim-fou dans le Percheli.

(b) Dépend de Chun-tien-fou dans le Petcheli.

(c) Les environs de Pe-king.

(d) Dans le diftrict de Pao-gan-tcheou Tome I.

dans le Petcheli.

(e) Dans le district de Ta-tong-fou dans le Chanfi.

(f) Montagne fituée à vingt li au Nord-eft d'Yo-tien-hien dans le district de Chun-tien-fou.

Hh

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